À seulement 18 ans, Kaylia Nemour ne se contente pas de briller sur les tapis de gymnastique : elle s’impose désormais dans le monde littéraire. Son premier livre, L’ombre de l’or, publié aux éditions Alisio, n’est pas encore officiellement en rayons qu’il caracole déjà en tête des ventes. En précommande, il s’est hissé numéro 1 dans la catégorie “biographies sportives” sur Amazon France, devançant des figures mondialement connues. Ce succès précoce traduit l’attente suscitée par une athlète qui, en un an, a changé le destin de la gymnastique algérienne et marqué l’histoire des Jeux Olympiques.
Cette performance éditoriale s’explique par un engouement populaire exceptionnel. La victoire de Kaylia à Paris en 2024 a propulsé son nom au-delà du cercle des amateurs de gymnastique. Elle est alors devenue une figure nationale en Algérie, mais aussi une personnalité internationale, incarnant à la fois la résilience, l’audace et la jeunesse triomphante.
De quoi parle le livre ?
L’ombre de l’or n’est pas un simple récit de victoires. C’est donc avant tout une plongée dans l’envers du décor. Kaylia y raconte son enfance marquée par la passion de la gymnastique, son entrée très tôt dans le haut niveau, et les exigences d’une discipline qui ne laisse aucune place à l’improvisation.
Elle revient alors longuement sur sa blessure au genou, qui l’a tenue éloignée des tapis plus d’un an. Un épisode vécu comme une épreuve, entre douleur physique, doute mental et peur de ne jamais revenir au meilleur niveau. Elle y décrit aussi son conflit avec la Fédération française de gymnastique, qui l’a conduite à prendre une décision radicale : représenter l’Algérie, le pays de son père.
Le livre explore également les coulisses de ses victoires : les entraînements intenses, la pression des compétitions, mais aussi les sacrifices personnels, comme l’adolescence vécue différemment, rythmée par la rigueur sportive plutôt que par l’insouciance.
Enfin, le récit se veut porteur d’un message : derrière chaque médaille, il y a des zones d’ombre. L’or, symbole de réussite, a aussi son revers : solitude, blessures, critiques. D’où ce titre, L’ombre de l’or, qui reflète une quête autant intime que sportive.
Kaylia Nemour, un destin hors norme
Kaylia Nemour est née le 30 décembre 2006 à Saint-Benoît-la-Forêt, en France. Fille d’un père algérien et d’une mère française, elle découvre alors très tôt la gymnastique et s’entraîne dès l’âge de 4 ans. Rapidement, son talent attire l’attention : elle se distingue par une aisance exceptionnelle aux barres asymétriques, agrès où elle développera plus tard sa réputation mondiale.
Formée au club d’Avoine-Beaumont, elle bénéficie de l’encadrement de Marc et Gina Chirilcenco, figures reconnues dans le milieu. Déjà adolescente, elle est considérée comme un grand espoir de la gymnastique française.
Mais la trajectoire prend un virage en 2023. Victime d’un conflit avec la Fédération française de gymnastique, liée à la gestion de sa blessure et à des choix techniques, Kaylia décide de tourner la page. Elle choisit de concourir pour l’Algérie, un choix vécu comme une libération personnelle mais qui suscite débats et critiques en France.
Ainsi, ce changement d’allégeance sportive s’accompagne de défis administratifs et logistiques, mais il marque aussi une nouvelle étape dans sa carrière. Pour l’Algérie, c’est une opportunité historique : accueillir dans ses rangs une athlète capable de rivaliser avec les meilleures mondiales.
Jeux Olympiques de Paris : la prodige des barres asymétriques
Le 4 août 2024, lors des Jeux Olympiques de Paris, Kaylia Nemour entre définitivement dans l’histoire. En finale des barres asymétriques, elle réalise un exercice d’une précision et d’une fluidité remarquables. Avec une note de 15,700, elle devance la Chinoise Qiu Qiyuan et l’Américaine Sunisa Lee.
Cette médaille d’or est la première pour l’Algérie en gymnastique, et plus largement la première médaille olympique africaine dans cette discipline. Au-delà du sport, c’est un moment symbolique fort, vécu comme une revanche et une fierté nationale.
Kaylia Nemour n’est pas seulement une championne. Elle est devenue un modèle pour toute une génération. Son histoire illustre la résilience, la capacité de transformer les obstacles en tremplins et la force des choix personnels.
Avec plus d’un million d’abonnés sur ses réseaux sociaux, elle partage les coulisses de son quotidien, alliant rigueur sportive et authenticité. Elle inspire des jeunes filles, en Algérie comme ailleurs, à croire en leurs rêves et à ne pas céder face aux difficultés. Son livre vient compléter cette image : celle d’une jeune femme qui, derrière les projecteurs, assume ses fragilités et raconte la vérité de son parcours.
Avec L’ombre de l’or, Kaylia Nemour réussit un nouvel exploit : celui de conquérir les lecteurs après avoir conquis les podiums. Son récit intime, déjà numéro 1 des ventes en précommande, confirme que son histoire dépasse le cadre du sport.
De la petite gymnaste de Saint-Benoît-la-Forêt à la championne olympique algérienne, son destin est celui d’une étoile née dans l’ombre et révélée par l’or.