Zinédine Zidane a certes été un immense footballeur, mais il n’est pas du tout fiable comme parieur. En pronostiquant un exploit lyonnais (2-2) au Camp Nou de Barcelone, il a fait preuve d’un optimisme inconsidéré. Pour ce match retour de huitièmes de finale de la Ligue des champions, mercredi 11 mars, l’Olympique lyonnais avait comme obligation de ne pas perdre et d’inscrire au moins un but après le 1-1 de l’aller. « Zizou » a vu juste sur un point : comme il l’avait annoncé, les Rhodaniens ont marqué par deux fois, grâce à Makoun et Juninho. Malheureusement, Hugo Lloris a dû récupérer à cinq occasions le ballon au fond de ses filets.
Plus que sur un exploit, c’est sur un miracle qu’il fallait compter. Comme celui qui se produisit pour Metz en 1984, lorsque les Lorrains s’imposèrent 4-1 au Camp Nou. On ignore si les Lyonnais se sont rendus dans la chapelle du stade pour implorer la mansuétude de la vierge de Montserrat. Mais, cette fois, la patronne de la Catalogne a été sans pitié : dans la cathédrale de 100 000 places, l’OL a subi la plus cuisante humiliation de son histoire européenne (5-2). Au terme d’un match plus fou qu’une villa de Gaudi.
Les cintres du Camp Nou sont un peu comparables à ceux de l’opéra. La visibilité peut y être limitée, ici par la tribune de presse. Mais les spectateurs des hauteurs pouvaient jouir d’une seule moitié de terrain pendant la première mi-temps, car le ballon ne se hasardait jamais dans le camp catalan. En spectateurs, les Lyonnais, incapables de reproduire leur pressing du match aller pour faire déjouer l’hydre, assistaient à une correction barcelonaise, sanctionnée par un score de jeu vidéo, pas moins de quatre buts inscrits en 43 minutes. Ce fut une plongée en apnée dans l’enfer blaugrana. Les deux joueurs gonflables géants placés derrière les buts de Lloris pouvaient danser, le spectacle était au rendez-vous. Et la messe était dite.
A cette déroute, deux raisons : la flamboyance de la plus séduisante équipe au monde et la déconfiture d’une charnière centrale (Cris-Boumsong) complètement dépassée par les événements. On trouvait tout de même un motif de satisfaction national, à deux semaines de Lituanie-France, match qualificatif pour la Coupe du monde : la forme éclatante de Thierry Henry, auteur des deux premiers buts et dernier passeur sur le troisième. Définitivement adopté, après des débuts difficiles au Barça, le héros de la soirée est sorti sous les ovations. Quant à la superstar argentine Lionel Messi, que des esprits mesquins avaient jugée décevante à Lyon, elle a inscrit un but de cour de récréation après s’être débarrassée de quatre patauds.
On croyait la mise à mort accomplie mais Barcelone, dont la défense est aussi fébrile que l’attaque est percutante, a prolongé le supplice en redonnant un maigre espoir à sa victime. Piqués au vif, les Lyonnais cessèrent d’être passifs, leur agressivité leur valut même de récolter force cartons jaunes (plus un rouge pour Juninho) et suspensions pour le chimérique tour d’après. Si Benzema avait été efficace, ils auraient pu revenir à 4-3 à la 83e minute. Finalement, Seydou Keita porta l’estocade juste avant le coup de sifflet final.
« Nous sommes tombés sur plus fort que nous », s’est incliné Claude Puel, l’entraîneur de l’OL. Cette quatrième élimination consécutive en huitièmes de finale de la Ligue des champions confirme que Lyon n’a pas les moyens de ses ambitions. Dans la plus relevée des compétitions européennes, c’est une équipe moyenne. Eliminé en Coupe de France et en Coupe de la Ligue, le septuple champion de France n’a plus que la Ligue 1 pour occuper la fin de sa saison. Le titre national est l’objectif qu’il ne parvient pas à dépasser.
« Il faut que tout le monde se remobilise et se remette en question, a averti Claude Puel. Dimanche, il y a un match très important contre Auxerre. Il faut évacuer la déception le plus vite possible et défendre le titre qu’il faudra aller chercher. Ce sera très disputé. » Après la Catalogne, la Bourgogne. Retour sur la terre ferme de la Ligue 1. Au Camp Nou, les supporteurs lyonnais, philosophes, enviaient ces heureux Barcelonais de posséder pareille équipe.