L’OIT relève des discriminations hommes-femmes dans le domaine technologique

L’OIT relève des discriminations hommes-femmes dans le domaine technologique

L’Organisation internationale du travail (OIT) a mis en garde lundi contre la discrimination entre les hommes et les femmes dans les domaines des sciences et des technologies, affirmant que le retard accusé par la gent féminine dans ce secteur, y compris dans les pays développés, « est dû à un problème d’attitude et non d’aptitude ».

« Les femmes ont tendance à être surreprésentées dans les sciences sociales et humaines et sous-représentées dans les sciences et les technologies », a observé une responsable de cette organisation onusienne, Claude Akpokavie, auteur d’un rapport appelant à des mesures pour remédier à ce déséquilibre.

Ce phénomène est constaté dans les pays développés comme dans les pays en développement.

Aux Etats-Unis, une étude menée par l’Université de Yale a révélé que les femmes diplômées en sciences faisaient l’objet de discriminations lorsqu’elles se portaient candidates à un poste de chercheur.

Pour la directrice du Bureau de l’égalité entre hommes et femmes à l’OIT, Jane Hodges, l’écart entre hommes et femmes dans ce domaine est lié aux attitudes et au partage des rôles bien ancré dans différentes sociétés qui encouragent les filles à suivre des filières plus « douces ».

« Les filles ont beaucoup moins tendance que les garçons à étudier l’ingénierie, l’informatique ou la physique », a expliqué Mme Hodges. Selon elle, « les stéréotypes sur les filles les représentent comme moins intéressées ou moins douées pour certaines disciplines comme les mathématiques ou les sciences.

Cela réduit incontestablement a-t-elle estimé, leur accès à des emplois plus rémunérateurs ou aux marchés du travail offrant davantage de débouchés ». Cependant, a-t-elle poursuivi, « quand on encourage une participation égale dans les études scientifiques, les filles excellent véritablement ».

Les femmes décrochent plus de la moitié des diplômes universitaires dans les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), mais n’obtiennent que 30% des diplômes en sciences et technologie.

« Le pourcentage de femmes diplômées qui s’orientent vers la recherche est encore plus réduit : elles représentent moins de 30% des chercheurs en sciences et technologie dans la plupart des pays de l’OCDE et seulement 12% au Japon et en République de Corée », a-t-elle fait savoir.

En Arabie saoudite, 65% des inscriptions dans les filières scientifiques en 2010 émanaient de femmes mais elles ne constituaient que 1% des chercheurs, un schéma qui se répète dans d’autres pays du Moyen-Orient.

En Chine, plusieurs universités exigent des scores d’admission plus élevés pour les candidatures féminines.

Dans les cursus de sciences de l’Université chinoise de science politique et de droit, les femmes devaient obtenir un score d’au moins 632 points aux examens nationaux tandis que les hommes n’avaient besoin que de 588 points.

Les femmes qui choisissent d’enseigner les sciences au niveau universitaire peuvent aussi être confrontées à des obstacles pour progresser.

De nombreux articles sont parus ces derniers mois décrivant des politiques discriminatoires et des disparités criantes entre hommes et femmes dans plusieurs pays du monde, notamment aux Etats-Unis, en Chine, en Iran et dans les pays du Moyen-Orient, souligne le rapport de l’OIT.

Alors que la main-d’œuvre mondiale s’enrichira de 500 millions de personnes supplémentaires au cours de la prochaine décennie, Mme Hodges rappelle qu’il est crucial que les femmes occupant des emplois scientifiques ou technologiques ne soient pas cantonnées aux postes les moins qualifiés.

« Bien que les femmes occupent plus de 60% des emplois dans le secteur des technologies de l’information et de la communication dans les pays de l’OCDE, seuls 10 à 20% d’entre elles sont programmeurs informatiques, ingénieurs, analystes ou concepteurs système ».

L’éducation et la formation qualifiante ainsi qu’un changement des comportements « sont indispensables pour garantir aux femmes qu’elles ne sont pas marginalisées », a-t-elle préconisé.