Les lois, recommandations et décisions prises dans le sillage des réformes n’ont pas contribué réellement à régler les vrais problèmes auxquels sont apportées de fausses solutions, sinon des mesures palliatives.
Une année après les émeutes de janvier dernier, le cadre de vie des Algériens ne tend pas vraiment à l’amélioration. A titre d’exemple, les dernières mesures prises par le ministère des Transports qui contraint – sous peine d’amende et peine de prison – les propriétaires des véhicules immatriculés en 2010 de les présenter à partir du 2 janvier dernier au contrôle technique au niveau des agences réparties sur le territoire national. Cette mesure sera applicable aux véhicules suivant leur immatriculation. C’est-à-dire que les véhicules immatriculés au mois de janvier 2010 devront être présentés au contrôle technique automobile au mois de janvier 2012. Les véhicules immatriculés en février 2010 le seront au mois de février.
Ainsi, le département de Amar Tou met en garde les transgresseurs contre des sanctions très sévères consistant en des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 6 mois, retrait définitif du permis de conduire, en plus d’amendes pouvant aller jusqu’à 50 000 dinars. Ces mesures jugées répressives, dissuasives et surtout hâtives, ont été élaborées sans pour autant tenir compte de la réalité, encore mois de la situation socio-économique des Algériens. Si ces mesures astreignantes contribuent en partie à réduire un tant soit peu l’hécatombe sur nos routes en identifiant les vieux tacots – à l’origine d’accidents mortels – il n’en demeure pas moins qu’elles provoquent ce qu’on appelle une rétroaction. Mieux encore, de telles mesures, souvent contestées, peuvent provoquer une colère citoyenne, comme ce fut le cas en janvier de l’année 2011 suite à l’augmentation des prix de l’huile et du sucre. Cette hausse, conjuguée à l’imposition du chèque dans les transactions, a mis le feu aux poudres. L’autre exemple a trait à la mendicité. S’il est vrai que faire la manche est devenu un véritable phénomène de société, la pauvreté en est un autre. Faute de générer de l’emploi, les pouvoirs publics ont adopté une stratégie d’assistant.
Devant ce problème, les pouvoirs publics, faute de prendre en charge certaines catégories précaires de la société, n’ont pas trouvé mieux que d’élaborer un projet de loi qui prévoit des dispositions dissuasives contre les mendiants. Est-ce là une solution définitive ?
Pour mieux lutter contre la mendicité, il faut combattre plutôt la mendicité. Idem pour le problème de logements qui se pose avec acuité dans l’ensemble du pays. Les Algériens qui n’ont pas accès au logement social, vu les contraintes administratives et l’incapacité financière, se débrouillent comme ils peuvent. Alors, bon nombre de citoyens ont construit sans permis et parfois sur des terrains dits «domaniaux».
Le gouvernement qui, dans une perspective de juguler l’habitat précaire et les constructions illicites, n’a fait que compliquer davantage le problème. La loi de 2008 qui prévoyait des peines de prison, des amandes et même la démolition, n’a pas pour autant réglé le problème du logement. Au lieu d’encourager les citoyens à construire eux-mêmes dans un cadre réglementaire, les pouvoirs publics préfèrent mettre en place un arsenal juridique draconien en imposant de lourdes sanctions contre ceux qui souhaitent bâtir une maison.
En un mot, en l’absence d’approche ou de diagnostic des problèmes auxquels il faut apporter des solutions appropriées et en temps voulu, les lois ne sont pas toujours la solution adéquate et définitive. De faux calmants pour des maux qui persistent…
Par Yazid Madi