C’est la première fois depuis sa création en 2004, que les dissensions au sein de l’Alliance éclatent au grand jour à l’APN.
L’adoption de la loi sur les partis politiques, avant-hier, a eu ceci de particulier: elle a révélé au grand jour la fracture qui existe au sein des partis de l’Alliance présidentielle. Le MSP a dit non à un projet avalisé par l’ensemble des députés RND et FLN. C’est, en effet, la première fois que les divergences au sein de ce conglomérat se transposent à l’APN, depuis sa création en 2004. Après plusieurs menaces de quitter l’Alliance, le MSP, qui a cautionné toutes les démarches de ses deux compères, passe cette fois-ci à «l’avant acte».
Obnubilé par la montée des islamistes dans les pays berbères de l’Afrique du Nord, le parti de Bouguerra Soltani signifie au FLN et RND qu’il n’a plus rien à partager avec eux, en attendant le divorce final. C’est dire que les prochaines législatives le fascinent et le courant islamiste le tente. Il a, d’ailleurs, lancé son appel aux islamistes pour s’unir dans la perspective de ces élections. Que faire donc avec les partis au pouvoir? Ce n’est pas le seul fait qui a marqué l’adoption de la loi sur les partis politiques.
Le PT, qui a habitué l’opinion aux abstentions, a dit, lui aussi, non au projet du gouvernement. Les députés du parti En Nahda ont quitté la plénière alors que ceux du FNA ont boycotté la séance. Les députés du RCD ont, eux, quitté cette assemblée stérile depuis plusieurs mois. La loi a été donc adoptée par les députés du FLN et du RND qui détiennent la majorité des locataires de la chambre basse du Parlement.
C’est donc sans difficultés majeures que le projet a été avalisé et passé comme une lettre à la poste. La résistance de certains députés n’étant pas suffisante pour renverser la vapeur, le FLN et le RND ont eu le dernier mot. La fraude électorale que l’opposition avait dénoncée à l’occasion des législatives de 2007 a donc payé pour le pouvoir.
Dans son intervention après le vote de la loi, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a estimé que la position du MSP, sans le citer, entre dans le cadre de la bataille de positionnement politique en vue des prochaines élections. Pour lui, les banderilles plantées dans le dos des projets de réformes ne sont en fait que des répliques d’un séisme qui a ébranlé ceux qui sont habitués à pêcher en eau trouble. «Si d’aucuns veulent se positionner ou se repositionner ça les regarde, mais cela doit se faire de façon convaincante», a-t-il dit. L’adoption de cette loi constituait, aux yeux du représentant du gouvernement, «un pas important» dans l’édification des réformes politiques décidées par le chef de l’Etat. Il a affirmé qu’à travers cette adoption, les députés «ont apprécié à leur juste valeur les opportunités qu’offre cette avancée en matière d’expression politique dans le cadre de règles claires et des garanties assurées par la justice au plus haut niveau». Le ministre a estimé dans ce sens que l’adoption de cette loi par les députés signifie «le soutien au processus des réformes» et «la disposition à les accompagner en toute responsabilité partant de votre conviction quant à notre capacité de mener à bien ces réformes». L’affirmation du ministre est démentie, sur le terrain, par les positions de tous les partis politiques algériens, hormis le FLN et le RND, accusés, au demeurant, d’avoir fait avorter ces mêmes réformes. Après l’adoption de la loi, le groupe parlementaire du RND a fait une déclaration pour saluer ce vote.
Dans la déclaration signée par le président du groupe parlementaire, Miloud Chorfi, il est indiqué que l’adoption de ce projet de loi «se veut une réponse à tous ceux qui ont émis des doutes quant à la manière avec laquelle l’APN traitait ces projets de loi» et «bat en brèche la surenchère de certaines parties qui ont accusé l’APN et les partis de la majorité d’avoir voulu entraver l’adoption du projet de loi en question».
Le projet interdit le retour des anciens du FIS dissous et des responsables de la tragédie nationale à la vie politique.