Loi sur la monnaie et le crédit : Les experts appellent à réduire la période de recours à la planche à billets

Loi sur la monnaie et le crédit : Les experts appellent à réduire la période de recours à la planche à billets

L’idée phare du plan d’action du Premier ministre Ahmed Ouyahia pour l’économie nationale qu’il défendra aujourd’hui à l’APN a fait l’objet d’un débat hier à l’occasion du Forum du quotidien El-Hiwar. Thème de la rencontre : La loi sur la monnaie et le crédit.

Les différents intervenants, experts et anciens ministres ont considéré que le financement non conventionnel est établi sur une trop longue durée, à savoir 5 ans. Raison pour laquelle, ils appellent à réduire cette période à une ou deux années.

Pour expliquer la conjoncture difficile que traverse le pays, les spécialistes de l’économie nationale appellent d’abord à établir un constat précis afin d’évaluer les aspects positifs ainsi que ceux qui minent la santé de l’économie du pays. « Il y a actuellement un gap entre les ressources financières et le rythme de croissance », estime l’ancien ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, qui appelle à ne pas amplifier ni réduire la portée de la crise qui selon lui est structurelle.

Pour l’ancien ministre, la loi sur la monnaie et le crédit ne doit pas être réduite au financement non conventionnel « qui n’est qu’un point parmi un grand nombre de dispositions ». Pour réduire l’écart entre les ressources financières et le rythme de croissance, Abderrahmane Benkhalfa soutient la nécessité de s’appuyer sur la bonne santé du versant macro-économique : « Nous avons de bons fondamentaux macro-économiques, mais le problème se situe au niveau micro-économique », indique l’expert.

Parmi les recommandations de l’ancien ministre, la régularisation fiscale, assouplir les conditions d’investissements, notamment s’il s’agit de revoir la règle du 51/49, le mouvement des capitaux, faire appel aux investissements directs locaux et étrangers. « Beaucoup de pays font dans le marketing international pour attirer les capitaux étrangers. Cet aspect n’est pas suffisamment exploité », regrette-t-il. Une lacune également lorsqu’il s’agit de « l’inclusion financière locale », comprendre : capter l’argent informel pour l’orienter sur le circuit formel. Quant au financement non conventionnel, l’intervenant le considère comme étant « une avance que doit couvrir à un moment donné l’économie productive ».

« La structure économique doit rapidement rassembler les financements pendant deux ans. Pour couvrir l’avance donnée au Trésor. Dans un laps de temps d’un ou deux ans et non dans un délai de 5 ans », soutient Abderrahmane Benkhalfa.

Pour Abdelkader Semmari, président du Club économique algérien, il existe des indicateurs positifs qui incitent à l’optimisme, « la problématique est que l’argent est là, mais on ne sait pas comment l’utiliser », considère-t-il, ajoutant que cela engendre un problème de confiance des composantes économiques et sociales envers les institutions économiques du pays. « Si nous gérons mal la fortune comment peut-on gérer la crise ? », questionne l’ancien ministre des PME/PMI. Concernant le financement non conventionnel de l’économie nationale, Abdelkader Semmari voit d’un bon oeil la promotion des finances islamiques.

« Il ne faut pas en avoir peur, il y a des citoyens non religieux qui ne veulent pas avoir affaire avec l’usure », assure-t-il, rappelant en outre l’option des « sukuk », des certificats d’investissement conformes à la recommandation religieuse, mais aussi les assurances dites « Takaful » également conformes à la religion.

Des possibilités qui appellent à ne pas considérer le financement non conventionnel uniquement comme un recours à la planche à billets. Une option qui est selon l’intervenant étalée sur une période trop longue. Parmi les recommandations de l’expert économique, implanter des représentations de banques algériennes à l’étranger. « Nous avons 24 000 entreprises de la diaspora algérienne à l’étranger, ils n’ont pas une banque ou un bureau de change algérien à l’étranger », conclut l’ancien ministre.