Loi organique relative aux lois de finances: «Un texte bêtement importé», accuse Hanoune

Loi organique relative aux lois de finances: «Un texte bêtement importé», accuse Hanoune

La secrétaire générale du Parti des travailleurs n’a pas du tout ménagé le ministre des Finances qu’elle accuse d’avoir «bêtement importé» le projet de loi organique relative aux lois de finances.

M. Kebci – Alger (Le Soir) – Louisa Hanoune qui animait, hier, une conférence de presse, s’est appesantie sur ce texte passé dernièrement en plénière de l’Assemblée populaire nationale dans l’attente de son adoption prévue la semaine prochaine au même titre que d’autres projets de loi.

«C’est le projet de Abderrahmane Benkhalfa. Comment un ministre peut épouser un projet dont il n’est pas le promoteur, n’est pas l’auteur, il l’épouse et peut-être qu’il ne l’a pas vu de près ; vu son contenu ? C’est une dérive très grave. Nous n’allons pas nous taire», tonne Hanoune qui qualifie ce texte de «pâle copie de sa similaire française dont on parle depuis 15 ans». Et de s’interroger : «Pourquoi l’avoir programmé en plein Ramadhan ? Maintenant, personne ne sait, même des responsables ne savent pas de quoi il en retourne, si les responsables ne l’ont pas lu.

Pour elle, «c’est un putsch permanent qui permet au ministre des Finances d’intervenir au courant de l’année budgétaire et de transférer d’un secteur à un autre secteur». Ce qui lui fera dire qu’«il ne sert à rien d’élaborer des lois de finances annuelles, de les soumettre au débat au sein des commissions, en plénière du Parlement, que le Président signe la loi de finances».

Et pas que cet aspect que Hanoune soulève puisqu’elle fait part de cette autre «anomalie» à ses yeux, celle portant fixation d’objectifs aux budgets sectoriels. «Benghabrit doit-elle demander aux enseignants de gonfler les notes, puisque son objectif principal est le taux de réussite ? Quel est l’objectif des gérants des hôpitaux, le nombre de malades auscultés ou l’argent qu’on fait entrer puisque les gens doivent payer ?» s’interrogera-t-elle encore faussement.

Pour la secrétaire générale du PT, avec ce texte de loi, «ça devient durable, un cadre triennal avec plafonnement des budgets alloués». «C’est un texte anticonstitutionnel, aventurier et totalitaire», tonne encore Hanoune qui soupçonne une volonté de le faire passer «coûte que coûte et au plus vite». D’où, d’ailleurs, sa programmation en plein mois de Ramadhan, suffisant pour elle de déduire cette arrière-pensée, faisant remarquer que «dans tous les pays, c’est durant l’été qu’on fait passer les pires lois comme celle-ci».

Réclamant le report après l’Aïd de sa séance d’adoption, la secrétaire générale du PT affirme, enfin, que ce projet de loi organique relative aux lois de finances «modifie la nature de l’Etat algérien puisque n’étant conforme ni à nos besoins ni à notre histoire, importé qu’il est de pays auxquels on ne ressemble en rien», citant le Canada.

Abordant la prochaine élection présidentielle, la secrétaire générale du PT a, prenant l’exemple de bien de pays notamment latino-américains, averti quant aux velléités américaines et de «leurs valets européens et même arabes, d’imposer des présidents et des candidats à leurs seuls services et ceux d’une minorité de nouveaux riches». «Nous sommes censés aller vers une élection présidencielle dans une situation dangereuse et de crise.»

Estimant que «les peuples peuvent résister aux situations les plus atroces dès lors que ceux qui dirigent leurs pays défendent les intérêts de la nation et de la majorité du peuple et non ceux de la minorité très riche et des multinationales», Hanoune invite le pouvoir en place à adopter la même démarche que celle du Président vénézuélien qui vient d’être réélu pour un second mandat au grand dam de Washington et de ses affidés, soit mettre en branle une «politique conforme aux aspirations du peuple et de la nation algériens».

Un peuple qui, ajoute-t-elle, «prêt à résister n’acceptera jamais un Président imposé de l’extérieur», recommandant, «si l’on veut réellement résister aux menaces extérieures, préserver l’intégrité territoriale du pays et immuniser le pays, à renforcer le front intérieur». Ce qui ne saurait se matérialiser sans «l’arrêt de cette politique antisociale et antinationale, des atteintes aux libertés pour permettre aux ressorts de la société de se renforcer, grippés actuellement et pour que la mobilisation populaire se dresse en toute indépendance».

M. K.