Dans le cadre des réunions annuelles de l’Association des banques centrales africaines, un symposium autour du thème «défis pour les banques centrales africaines face à la volatilité des mouvements de capitaux et des cours matières premières» s’est tenu hier à l’hôtel Hilton d’Alger et se poursuivra jusqu’aujourd’hui.
Interrogé en marge de cette rencontre sur la loi de finances 2013, le ministre des Finances, Karim Djoudi a écarté tout plan de rigueur précisant que les salaires, les retraites et les transferts sociaux ne seront pas baissés et que les prix des matières premières seront également soutenus. «La rigueur concerne la Grèce, l’Espagne, le Portugal et non pas l’Algérie » a-t-il rétorqué.
Avec cette annonce, le premier argentier du pays a rassuré que les programmes du développement économique inscrits dans le cadre du quinquennat 2010-104 seront bel et bien poursuivis. Toutefois, il a noté que son département observe de plus près les marchés internationaux et leur éventuel impact sur la santé financière du pays. En effet, l’Algérie dispose de réserves de changes dépassant les 200 milliards de dollars américains à l’étranger.
Cette manne pourra maintenir le pays, au moins quelques années, à l’abri des répercussions de la crise financière de la zone Euro qui pourrait s’éclater à tout moment emportant avec elle sa fameuse monnaie unique sujette à des convoitises et d’acharnements sans précédent de la part des agences de notation américaines ainsi que les spéculateurs sans scrupules.
Au-delà de ces craintes, Karim Djoudi a tenu à souligner que la demande publique demeure toujours très forte ce qui pourra, selon lui, préserver à la hausse la croissance, l’emploi et la vie des entreprises, d’où l’intérêt de maintenir l’équilibre budgétaire.
Ceci est d’autant plus accentué par la réduction du budget de fonctionnement que le ministre des Finances n’exclut pas en ce temps de perturbation. De son côté le gouverneur de la banque d’Algérie a indiqué qu’au titre de l’année 2011, et en dépit de la forte croissance monétaire en glissement annuel inhérente notamment à la très forte expansion des dépenses budgétaires courantes, le taux d‘inflation annuel moyen est de l’ordre de 4,5 % et n’a excédé que d’un demi point le rythme de 2010.
En Algérie, comme dans la plupart des pays en développement, les produits alimentaires sont prépondérants dans les dépenses des ménages et représentent près de 43 %, dont 17 % sont des produits alimentaires importés. Ainsi les produits alimentaires contribuent à 42, 8 % à l’inflation.
De surcroît, la tendance à la hausse des prix mondiaux des produits de base s’est conjuguée en 2011 à une nette progression de la part relative des importations des produits alimentaires et d’autres biens de consommation (37,5 %).
C’est par le canal de ces importations que la hausse des cours mondiaux est transmise aux prix intérieurs voire amplifiée en ce qui concerne les produits alimentaires ; l’Algérie étant importateur des produits agricoles de base, céréales et produits tropicaux. De plus la volatilité des prix mondiaux des produits alimentaires s’est accrue sur la période 2002-2011 avec une transmission directe aux prix intérieurs.
Fawzi Khemili