Le porte-parole du gouver-nement français, Luc Chatel, a réagi hier en rendant compte des travaux du Conseil des ministres, à la proposition par des députés algériens d’une loi criminalisant le colonialisme français, en déclarant que «le gouvernement français ne veut pas interférer avec le fonctionnement du parlement algérien».
M. Chatel a cependant noté que «cette proposition de loi a suscité de l’émotion dans notre pays, mais qui demeure d’initiative parlementaire et qui n’a pas été reprise par le pouvoir exécutif algérien».
A rappeler que le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a lui aussi fait remarquer mardi que «l’exécutif algérien n’avait aucunement pris position sur ce texte».
M. Kouchner a même précisé que le bureau de l’APN a renvoyé le texte à ses auteurs pour amélioration et que son inscription à l’ordre du jour n’était pas encore acquise. Pour sa part, le secrétaire d’Etat français à la Défense, Hubert Falco, avait qualifié la proposition des parlementaires algériens «d’outrancière».
De son côté, le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, a tenu «à dépassionner le débat» en considérant qu’il n’est pas du droit des responsables français de commenter des propositions de parlementaires d’autres pays.
Toutefois, cette nouvelle étape dans les relations algérofrançaises semble avoir été bien consommée à Paris, dont l’Assemblée nationale vient de ratifier une convention francoalgérienne de partenariat.
Mais la proposition des membres de l’APN vient, à juste titre, réorienter le débat sur l’identité nationale engagé sous la houlette d’Eric Besson, transfuge du Parti socialiste, un débat controversé qui a été contredit au sein de la classe politique française et ce même dans les rangs de la majorité.
La réaction de ce dernier à l’initiative parlementaire algérienne n’est qu’une expression manifeste de certains desseins revanchards et rancuniers dont le tête de file n’est autre que le député UMP, Thierry Mariani, qui a qualifié la proposition de loi criminalisant le colonialisme «d’insulte» aux rapatriés et à tous ceux qui ont servi en Algérie sous le drapeau tricolore à l’instar des harkis, les militaires professionnels et les appelés de contingent.
Salah C.