loi 49/51, transfert des bénéfices et transactions financières, Les critiques de l’ambassadeur américain

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L’ambassadeur des États-Unis d’Amérique, Henry S. Ensher, a animé hier une conférence de presse au siège de l’ambassade à Alger au cours de laquelle il a abordé les principaux points de la coopération algéro-américaine. Si, sur le plan économique, le diplomate a émis certaines réserves, sur le plan politique, il n’a pas manqué de réaffirmer le soutien de Washington aux institutions algériennes.

C’est sans doute sur l’aspect de la coopération économique et particulièrement le climat d’affaires que le discours de l’ambassadeur a été sans ambages. “Le succès économique de l’Algérie dépend des choix politiques à adopter, et nous pensons que pour encourager les investissements des entreprises américaines en Algérie, il est important d’avoir une transparence sur le plan des lois qui doivent être appliquées de la même manière pour tous”, a déclaré Henry S. Ensher avant d’ajouter :

“Il faut laisser les sociétés étrangères transférer leurs bénéfices et faciliter les transactions commerciales. Je dois aussi relever que la règle 51-49 n’est pas très avantageuse pour les entreprises étrangères et qu’elle doit être changée à l’avenir”.

En revanche, le diplomate a loué les potentialités de l’Algérie en matière de ressources naturelles et de capacités humaines tout en évoquant le partenariat dans les domaines du commerce et de l’éducation qui demeurent bien entendu à exploiter.

LG Algérie

“Nous espérons que les contacts d’affaires se développent davantage comme nous avons enregistré un accroissement de l’enseignement de la langue anglaise en Algérie, des accords dans les domaines de l’agriculture et de l’énergie (électricité) ont été signés cette année et je peux vous dire que les compagnies américaines sont plus engagées dans le marché algérien pour investir et effectuer un transfert de technologie”, a encore dit l’ambassadeur.

Abordant les négociations en cours avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Henry S. Ensher a relevé les “efforts entrepris par l’Algérie pour son adhésion” au sein de cette structure internationale en mettant en relief “la position unique de l’Algérie” dans la région avec cette phrase lourde de sens : “le développement dépend des bonnes décisions prises.”

“Vos intérêts sont aussi les nôtres”

Sur le plan stratégique, le diplomate a réaffirmé le soutien de Washington aux institutions algériennes afin que le “pays demeure stable et puisse jouer un rôle dans la région”, allusion au conflit sahélien et à la déstructuration de la Libye qui risque d’avoir des conséquences néfastes sur la sécurité des États voisins. “Nous avons pris note des moyens déployés par l’Algérie pour venir en aide à ses voisins, nous soutenons tous les efforts consentis en matière de sécurité et nous voulons que l’Algérie et ses pays voisins travaillent ensemble pour faire face aux différentes menaces notamment le terrorisme et le crime organisé, nous respectons les fondements de la Constitution algérienne sur le plan du principe de la non ingérence, nous comprenons que dans des situations difficiles, on a besoin de l’aide des autres pour recouvrer la stabilité mais cette assistance ne doit pas toucher à la souveraineté”, a-t-il affirmé avant de lancer : “Nous continuerons de soutenir l’Algérie pour ses intérêts et pour les intérêts américains.”

Second round du dialogue stratégique : une date fixée incessamment

Prévu les 10 et 11 novembre dernier à Alger, le second round du dialogue stratégique algéro-américain a été reporté après l’annulation de la tournée maghrébine du secrétaire d’État US, John Kerry, en raison du dossier nucléaire iranien.

À la question de savoir si une nouvelle échéance a été déjà fixée pour la tenue de pourparlers de haut niveau entre les deux pays, l’ambassadeur américain a annoncé qu’une “nouvelle date sera prochainement décidée et que les deux gouvernements travaillent actuellement en étroite collaboration et concertation à cet effet.”

La présidentielle 2014 et la position US

La prochaine échéance électorale d’avril 2014 s’est invitée hier à la conférence de presse de l’ambassadeur US. Des journalistes n’ont pas hésité à poser des questions sur la position des États-Unis par rapport à la présidentielle et à l’éventualité d’un 4e mandat pour le président Bouteflika. “En tant que diplomate, je ne peux pas répondre à des hypothèses, c’est une question interne qui appartient aux Algériens de décider”, a estimé Ensher, qui est connu pour son extrême réserve diplomatique en matière de politique interne algérienne, avant de souligner que “les USA souhaitaient des élections libres et transparentes dont le résultat reflètera le désir des Algériens.” “Nous sommes prêts à travailler avec n’importe quel candidat élu”, a-t-il encore assuré, réaffirmant une fois de plus que les États-Unis ne s’ingéraient pas dans la vie politique algérienne. À la question de savoir si son pays allait envoyer des observateurs à l’occasion de cette élection, le diplomate a estimé que la présence des observateurs est une “très bonne chose” pour garantir la transparence de ce rendez-vous électoral. “Les détails seront discutés à l’approche de cette échéance”, a-t-il ajouté.

L’ambassadeur a saisi cette occasion pour rendre hommage aux autorités algériennes pour les efforts consentis en vue d’assurer la sécurité des ressortissants américains : “J’ai été heureux de rencontrer le ministre de l’Intérieur que j’ai remercié pour les mesures prises pour la protections des ressortissants ainsi que des entreprises US établis en Algérie.” “Nous comptons à 100% sur les autorités algériennes pour nous protéger”, a-t-il dit.

Détenus de Guantanamo et les droits de l’Homme

Abordant le transfert de deux détenus algériens de Guantanamo, l’ambassadeur a indiqué que son pays travaillait en “étroite collaboration” avec les autorités algériennes, afin de transférer ce qui reste des détenus algériens dans cette prison.

“La fermeture de la prison de Guantanamo est une des politiques du président Barack Obama et nous remercions le gouvernement algérien pour avoir accepté de reprendre ses citoyens et nous espérons qu’ils soient traités selon les lois algériennes”, a-t-il poursuivi.

Il faut savoir que la décision d’Alger d’accepter la demande américaine de rapatriement des deux détenus algériens de Guantanamo, a été saluée jeudi dernier par les États-Unis.

L’Algérie a émis un avis sans objection à la demande américaine de rapatriement, le 4 décembre 2013, des deux ressortissants algériens, Djamel Ameziane et Bensayah Belkacem, détenus à la base navale de Guantanamo. Les deux détenus, arrivés à Guantanamo en janvier 2002 parmi les premiers détenus arrêtés sur des soupçons de terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001, et déclarés “libérables” en 2007, avaient refusé d’être rapatriés en Algérie par crainte de “subir des abus” et préfèrent être transférés vers d’autres destinations.

Ce à quoi, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (Cncppdh), Me Farouk Ksentini, a estimé que la peur des deux détenus était “injustifiée” et “inutile”, affirmant qu’“ils ne risquaient rien en Algérie.”

Sahara Occidental, hommage à Mandela et visas

Ensher a affirmé que la politique des États-Unis envers la question du Sahara Occidental n’avait pas changé et que son pays continue de soutenir le processus onusien. “Les droits de l’Homme sont un aspect très important de notre politique étrangère et nous sommes en discussions avec les Nations unies et d’autres partenaires concernant le dossier des droits de l’Homme au Sahara Occidental”, a-t-il soutenu. L’ambassadeur a tenu à rendre un vibrant hommage à Nelson Mandela reprenant la déclaration du président Obama sur un “homme courageux, profondément bon”.

Sans donner de chiffres sur le nombre de visas accordés aux demandeurs algériens en 2013, le diplomate a estimé que les chiffres sont en nette augmentation par rapport à 2012 ajoutant que la procédure a été facilitée récemment. “Le traitement de la demande se fait en une journée seulement, l’appliquant reçoit la réponse le lendemain.”

S. T