A Naâma, 8 000 logements achevés depuis longtemps n’ont pas été attribués, alors que la wilaya souffre d’un grave déficit dans ce secteur. Dans les autres régions du pays, cette même situation a été relevée à maintes reprises. Pourquoi donc un tel paradoxe, alors que des émeutes et des manifestations éclatent comme des abcès trop mûrs pour revendiquer le relogement des citoyens.
Huit milles (8000) logements de type rural achevés mais non livrés. Un nombre qui pourrait régler définitivement le problème de logement dans cette wilaya agropastorale. Abdelmalek Sellal a exprimé de vives critiques à cet effet avant de s’interroger sur les raisons qui ont poussé les responsables locaux à ne pas attribuer ces milliers d’unités.
«Pourquoi êtes-vous en retard dans la distribution de l’habitat rural ?», s’interroge Sellal à l’adresse des responsables concernés avant de les inviter à distribuer toutes les unités achevées dans un délai d’un mois au plus tard. «On ne fait pas de la politique avec le logement», a-t-il dit.
Le problème est récurent et revient à chaque inspection des chantiers de l’habitat par les hauts responsables et ce à travers l’ensemble du territoire national. Lors de sa visite à la wilaya de Constantine déjà, le Premier ministre s’est étonné de voir 45 000 logements finis mais non attribués. Même constat à Alger où un rapport de la wilaya en 2012 fait état de l’existence de 14 019 logements achevés non livrés pour non achèvement des travaux des équipements.
En avril dernier, le ministre de l’Habitat avait lui aussi évoqué le problème emboîtant le pas au ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales qui a assuré les walis de son soutien après les nombreux mouvements de protestations suite à la distribution de certains programmes de logements. «Il y va de la crédibilité de l’Etat», a souligné Ould Kablia lors d’une réunion avec les 15 walis de l’Est du pays en les sommant de distribuer les logements réceptionnés, «quitte à avoir à gérer des mouvements de protestation qui sont, d’ailleurs, inévitables», selon le ministre. Ces déclarations interviennent après que de nombreux walis ont décidé, tout simplement, de geler la distribution des logements de type social notamment après les émeutes qui ont suivi l’affichage des listes des indus bénéficiaires.
Pour le ministre, il n’y a d’autre choix que de «s’adapter au tempérament du citoyen algérien qui reste aussi exigeant qu’impatient». Il a même assuré les walis de la disposition des services de sécurité à gérer, voir maîtriser les émeutes qui pourraient se déclencher lors des attributions. Ces mouvements de protestation ne sont pas le fait du hasard. C’est le système de distribution gangrené par la corruption et les passe-droits qui est à l’origine de cette colère perpétuelle des citoyens. Ainsi, en dépit des milliards de dollars dépensés dans la réalisation de logements, les autorités peinent à satisfaire la demande locale, en raison du manque de transparence dans ces opérations de distribution. Il y a sans doute des critères qui ne sont pas respectés par les commissions qui siègent au niveau des daïra pour arrêter les listes des bénéficiaires. La plupart font dans la complaisance favorisant les proches au détriment des vrai nécessiteux qui devraient patienter des années avant d’avoir la clé de la délivrance.