Logement: Pourquoi la réalisation coûte cher dans le Sud ?

Logement: Pourquoi la réalisation coûte cher dans le Sud ?

Le coût de réalisation d’un logement dans le Sud est estimé à 43.000 DA/m², contre 36.000 DA/m² dans les autres régions du territoire national. Soit, 20 % plus cher.

Un mystère qui n’en est pas un, explique le ministre de l’Habitat. Ainsi, selon Abdelwahid Temmar, l’explication des surcoûts est due à ses spécificités. Ces dernières sont liées à l’environnement, aux traditions, à la culture et au style architectural. Ce qui nécessite, selon le ministre, des ressources financières supplémentaires.

Le coût de réalisation d’un logement au Sud est estimé à 43.000 DA/m², sans compter le coût des aménagements extérieurs, contre 36.000 DA/m² dans les autres régions du territoire national, soit une différence de 20% du coût global du mètre carré. Les entreprises au Sud procèdent à la réalisation d’un logement individuel, d’une superficie bâtie de 80 à 120 m², y compris la réalisation d’une cour extérieure et des terrasses, en sus d’un autre modèle qui est les logements semi-collectifs (RDC+2), a fait savoir le ministre.

Pour ce qui est des aides destinées à ces régions en matière de logement rural, elles ont été revues à la hausse, conformément aux instructions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, soit de 500.000 DA entre 2002 et 2007 à 700.000 DA en 2008 et 100 millions de centimes en 2012, a encore fait savoir M. Temmar.

Le coût de construction et le prix du logement fixés par un Arrêté

Les éléments de calcul du coût de construction et du prix de logement destiné à la location-vente (AADL) ont été fixés par un arrêté interministériel publié dans le Journal officiel N°55. Selon ce texte réglementaire, daté de juin 2017, le coût de réalisation du logement destiné à la location-vente est fixé à raison de 50.000 DA le mètre carré du logement et de 589.000 DA par logement pour les Voiries et Réseaux divers (VRD). En outre, le logement destiné à la location-vente bénéficie d’un abattement de 100% sur le prix de cession du terrain relevant du domaine privé de l’Etat. Il bénéficie également de l’aide frontale de l’Etat fixée à 700.000 DA au profit de chaque bénéficiaire d’un logement. Par ailleurs, cet arrêté précise que le logement destiné à la location-vente, objet de la demande enregistrée en 2001-2002, bénéficie de l’aide de l’Etat pour la prise en charge totale des VRD tertiaires à concurrence de 100%, et bénéficie aussi de l’aide de l’Etat d’un montant de 10.000 DA sur le coût du mètre carré.

A ce titre, le bénéficiaire est appelé à verser 25% du reste du montant du prix du logement après déduction des aides consenties par l’Etat, et doit s’acquitter de la différence pendant une durée n’excédant pas vingt (20) ans. Quant au logement destiné à la location-vente, objet de la demande enregistrée en 2013, il bénéficie de l’aide de l’Etat pour la prise en charge partielle des VRD tertiaires à concurrence de 72%, et bénéficie aussi de l’aide de l’Etat d’un montant de 5.000 DA sur le coût du mètre carré.

A ce titre, le bénéficiaire est appelé à verser 25% du reste du montant du prix du logement après déduction des aides consenties par l’Etat, et doit s’acquitter de la différence pendant une durée n’excédant pas vingt-cinq (25) ans. Le même texte indique que le bénéficiaire à l’acquisition d’un logement dans le cadre de la location-vente devra supporter le reste à couvrir du coût de réalisation du logement après déduction du montant de l’aide frontale, de la contribution de l’Etat sur le coût du mètre carré du logement et sur les VRD tertiaires.

Même le logement social !

Le logement « gratuit », dans le langage de tous les jours, c’est le logement social destiné aux plus nécessiteux. Il a la particularité en Algérie, comme on l’a indiqué et comme beaucoup d’enquêtes internationales le confirment, d’avoir donné lieu à un investissement particulièrement important de l’État au cours des dernières décennies. Le stock de logements sociaux (désormais appelés LPL pour « logements publics locatifs ») gérés par les OPGI approche du nombre de 1 million d’unités. Leur gestion se heurte à des problèmes multiples.

Le moindre d’entre eux n’étant pas, de façon paradoxale, leur distribution qui donne régulièrement lieu à des émeutes. Le recouvrement des loyers est également un casse-tête pour les OPGI. Des bilans récents mentionnent le chiffre de moins de 50% des loyers effectivement récupérés ; ce qui ne favorise pas spécialement les opérations de maintenance et d’entretien du parc. La recherche des économies dans ce domaine a également déjà commencé. Elle a poussé les pouvoirs publics à lancer en 2013 une opération de cession de ces logements à leurs locataires. Les prix de vente sont, selon différentes sources, très variables mais généralement abordables.

Ils peuvent varier du niveau symbolique de 50.000 dinars, dans certaines régions du Sud du pays, à environ 800.000 dinars à Alger. On ne dispose pas encore de bilan de cette opération qui semble se dérouler curieusement dans une indifférence assez générale. Y compris celle des « bénéficiaires » de cette opération qui ne paraissent pas avoir manifesté un engouement particulier. Un économiste aussi réputé qu’Abdellatif Benachenhou n’est pas loin de dire la même chose en calculant, dans son dernier ouvrage, que les subventions multiformes dont bénéficie le logement en Algérie ont représenté entre 5 et 6% du PIB par an depuis le début des années 2000. En matière de réalisation et de livraison de logements, c’est une véritable pluie de chiffres qui s’est abattue sur les médias algériens depuis quelques jours.

Bien que ces informations visent le plus souvent à souligner la poursuite de l’« effort de l’État », relevée à satiété par la communication officielle, elles démontrent aussi que des évolutions significatives sont à l’œuvre dans la politique des pouvoirs publics dans le domaine très sensible du logement des Algériens.

Des investissements publics insuffisants

Si des investissements publics ont été réalisés sur le plan des infrastructures et équipements dans les wilayas du Sud, cela demeure visiblement insuffisant, d’autant plus que ce territoire, à lui seul, équivaut à la superficie de certains grands pays européens. En raison de contraintes de diverses natures, le Fonds mobilisé, au milieu des années 2000, spécialement pour le Sud, n’a pas été efficacement exploité.

Le rythme de décaissement a connu un immense retard. Sur le plan de décentralisation, force est de reconnaître que le geste du gouvernement, ayant consisté à créer des wilayas déléguées en mai 2015 (une dizaine de nouvelles entités), n’ait pas eu son prolongement sur le plan de la décentralisation du processus de prise de décision. Ces wilayas déléguées demeurent toujours, sur plusieurs questions relatives à la gestion du quotidien du citoyen, sous la coupe des départements desquels elles sont issues.