Maître Farouk Ksentini n’est pas allé par trente-six chemins pour expliquer le mécontentement populaire, voire même les émeutes marquant chaque opération de distribution de logements. Pour lui, des listes de bénéficiaires sont manipulées. «J’ai eu à le constater malheureusement.»
Maître Farouk Ksentini n’est pas allé par trente-six chemins pour expliquer le mécontentement populaire et même les émeutes qui caractérisent toute opération de distribution de logements.
A une question de savoir s’il rejoint les conclusions préliminaires de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement, Mme Raquel Rolnik, qui a émis des critiques à l’égard de la politique du logement dans notre pays, surtout en ce qui concerne les conditions d’accès (au logement), le manque d’équité et l’opacité des opérations d’attribution de logements dans notre pays, Me Ksentini a répondu par l’affirmative. «Bien sûr (que je rejoins ses conclusions). J’ai eu à le constater malheureusement aussi bien à titre personnel qu’en qualité de président de la commission», a-t-il répondu. «Des gens sont venus se plaindre et m’ont démontré qu’ils étaient bel et bien sur les listes des bénéficiaires. Seulement des noms ont été tirés au dernier moment et les leurs ont été effacés», a-t-il raconté.
«C’est inadmissible ! Cela relève de la manipulation. Je ne sais pas qui manipule, mais c’est de la manipulation», a ajouté le président de la Cncppdh. En outre, il a souligné que «deux catégories de personnes ne sont pas prises en charge comme il se doit dans les opérations de distribution de logements». Il s’agir des femmes et des personnes âgées, qui sont totalement marginalisées dans ces opérations de distribution de logements. «C’est inadmissible !», a insisté Me Farouk Ksentini. A la question de savoir quelles personnes vise-t-il, il a déclaré : «Moi, je ne sais pas vraiment comment les choses se font, mais je ne fais que rapporter ce que les personnes mécontentes que j’ai eu l’occasion de rencontrer m’ont déclaré. Je ne suis pas un contrôleur», a-t-il répondu. Ces personnes, selon lui, étaient vraiment furieuses devant cette situation.
Alors que cette problématique pourrait être à l’origine de certains mécontentements et révoltes, comme c’est le cas actuellement dans certains pays arabes, Me Ksentini a expliqué que l’équité sociale n’est autre que «la justice sociale». «La justice sociale est très importante, c’est une ambition de notre pays. L’Algérie a toujours élaboré des politiques tendant vers plus de justice sociale.» «Toutefois, nous constatons malheureusement que cette opération est tellement difficile à effectuer, alors les choses sont devenues ce qu’elles sont actuellement», a regretté le président de la Cncppdh.
Pour résoudre ce problème, il appelle à la création de postes d’emploi. «Je ne comprends pas comment on peut laisser cette jeunesse inoccupée, si ce n’est qu’elle est absorbée par l’informel ou le trafic de la drogue ou toute autre occupation illicite», a-t-il indiqué. Selon lui, il faudrait absolument la prendre en charge en mettant en œuvre une politique favorisant la création de PME. «Il faut absolument créer des emplois par milliers et même par millions de façon à ce que notre jeunesse soit occupée, qu’elle devienne rentable et pour qu’elle assure le rôle social qui doit être le sien», a conclu Maître Farouk Ksentini.
M.D