Malgré les efforts déployés durant les derniers mois, il n’en demeure pas moins que la tension risque de monter d’un cran dans les prochaines semaines.
Ça recommence. La rentrée sociale ne sera pas sans ennuis. Comme chaque année, elle remporte son lot de doléances. Le mois de septembre a tendance à réveiller sérieusement les démons de la contestation. Salaire, logement, emploi pointent leur nez à la veille de la reprise pour s’imposer en priorité des priorités. Cette rentrée n’est pas similaire aux précédentes. Intervenant à six mois de l’élection présidentielle du 17 avril dernier, elle s’annonce plutôt difficile et même délicate. Le temps passe et l’attente perdure.
Les Algériens attendent toujours la concrétisation des promesses électorales, depuis le dernier scrutin. Ils sont des milliers à guetter aux abords des institutions de l’Etat, pour bénéficier d’un logement ou décrocher un emploi ou arracher une rémunération. Ces traditionnelles revendications sont la bête noire du gouvernement. Le casse-tête ne fait que commencer pour l’équipe Sellal. Malgré les efforts déployés durant les derniers mois, il n’en demeure pas moins que la tension risque de monter d’un cran dans les prochaines semaines.
Le gouvernement doit agir vite et bien pour réussir une rentrée sociale sans dégâts, un test difficile à surmonter. Epuisé durant cet été par les incidents des crashs et la fièvre aphteuse, le gouvernement est appelé à carburer davantage pour relever le défi durant cette période cruciale de l’année. L’amélioration du pouvoir d’achat, le logement et la création des postes d’emploi constituent un véritable foyer de crise, qui peut à tout moment mener à l’embrasement.
Plusieurs mouvements de contestation se profilent déjà à l’horizon. L’enseignement supérieur, l’éducation, la santé sont sur une poudrière, d’autant plus que le dialogue de sourds dure depuis des années, sans pour autant aboutir à une issue équilibrée. Le monde des travailleurs attend avec impatience l’augmentation des salaires.
La décision entérinée dans le projet de loi de finances 2015 qui prévoit l’abrogation de l’article 87 bis relatif au Snmg contenu dans le Code du travail, adoptée récemment par le Conseil des ministres a été d’un grand soulagement. Le chef de l’Etat s’est engagé à respecter sa promesse électorale. Certes, l’augmentation des salaires des smicards à partir de janvier 2015 est déjà acquise, mais la suppression de l’article 87bis suscite de vives inquiétudes chez le patronat. Cette mesure qui touchera des millions de travailleurs va obliger le gouvernement à casser sa tirelire pour acheter la paix sociale. Ce dernier devra débourser des dizaines de milliards de dinars pour financer cette hausse des salaires qui concernera, notamment les fonctionnaires. Avec la cherté du coût de la vie et la hausse de l’inflation, les dernières augmentations n’ont pas eu l’effet escompté.
La révision de l’article 87bis ne va pas régler le problème, mais au contraire va ouvrir la porte à des revendications des autres catégories. Le logement est un autre chantier qui suscite toujours des tensions. La livraison d’un important quota n’a pas apaisé les esprits. Bien au contraire, avec le dernier séisme qui a frappé la capitale, la crise s’est accentuée davantage. Des contestations ont été signalées à travers les différentes régions du pays. Les citoyens recourent au blocage des routes pour dénoncer les pratiques utilisées dans la distribution des logements. Afin d’assurer une rentrée sociale sans bruit, le programme de distribution des logements a été suspendu jusqu’à la fin de l’année en cours.
Le gouvernement doit également répondre aux promesses d’embauche pour éviter les marches cycliques des chômeurs qui ont marqué le cours de l’année 2013. Or, il semble que le gouvernement n’a pas la baguette magique pour satisfaire une forte demande des jeunes. Les dispositifs de l’Ansej et de l’Anem n’ont pas réussi à absorber le taux du chômage, qui reste en réalité supérieur à 9%. La solution à l’emploi n’est pas dans l’octroi des crédits, mais réside dans la création d’un tissu d’entreprises solides qui seront en mesure de faire face à la concurrence et au développement d’une industrie. Il reste à savoir si le gouvernement fera de l’emploi son cheval de bataille dans le nouveau programme quinquennal?