L’œuvre de Mohamed Dib est reconnue en Algérie « comme étant une expression profonde du pays », a indiqué un universitaire de Montpellier (France) lundi à la troisième et dernière journée du colloque international sur « Le retentissement de l’œuvre de Mohamed Dib ».
Dans une communication intitulée « Le sens indicible », le professeur Paul Siblot a ajouté que « l’œuvre dibienne, également honorée en France des plus hautes distinctions, est traduite dans plus d’une quarantaine de langues et a fait l’objet de centaines d’analyses académiques ».
« L’œuvre de Mohamed Dib conserve une part énigmatique parfois impénétrable puisque des études savantes y repèrent des emprunts de tout horizon et décryptent des références ésotériques à la pensée mystique, soufie notamment », a-t-il souligné lors de cette rencontre organisée au palais de la Culture d’Imama (Tlemcen).
« Les citations du patrimoine séculaire de Tlemcen et les pérégrinations culturelles des textes appellent à une attention particulières car ce ne sont pas des déterminations parmi d’autres, mais le tracé de l’œuvre et du parcours d’un homme mû par une quête intime, essentielle de sens », a-t-il ajouté.
L’universitaire algérien, Yamilé Ghebalou Haraoui, a démontré, à travers sa conférence « Présence et pleine conscience dans l’œuvre poétique de Mohamed Dib », que l’écriture poétique de Dib développe une forme de « fidelité à l’être ».
Il s’agit en quelque sorte, a-t-il expliqué à ce propos, « d’une mystique naturelle qui prend appui sur des paradigmes musulmans mais également sur ce que l’islam appelle el fitra, qui n’est nullement l’instinct au sens dégradé qu’elle a pris actuellement ».
Dans sa communication intitulée « Traduire Tengour dans les arcanes
du tiers espace », l’universitaire allemande, Régina Keil-Sagawe, a passé en
revue les spécificités et problèmes de la traduction et la réception du texte franco-algérien qui s’élabore « comme tout texte post colonial, dans les arcanes du tiers espace avec ses imbroglios intertextuels et interculturels », a-t-elle dit.
La dernière journée de ce colloque littéraire international, organisé dans le cadre de la manifestation « Tlemcen capitale de la culture islamique 2011 », a été marquée par un spectacle adapté de l’œuvre de Dib « L’aube Ismael », superbement interprété par les comédiens et comédiennes de l’atelier théâtrale de l’association « La grande maison ».
Ce spectacle émouvant, présenté en hommage à la Palestine, a fait l’objet d’une table ronde, à laquelle ont pris part des poètes et écrivains dont une palestinienne en l’occurrence « Susanne El Kenz » et où les participants ont montré que l’élément déclencheur de la véhémente et pathétique protestation dibienne est nettement inscrit en texte « l’intitifada des enfants palestiniens aux prises avec une oppression sans pareil ».
Le colloque international sur « Le retentissement de l’œuvre de Mohamed Dib » a enregistré la participation d’éminents écrivains algériens à l’instar de Rachid Boudjedra et Wacini Laredj en plus des enfants de Mohamed Dib et un grand nombre de chercheurs et universitaires algériens et étrangers. La cérémonie d’ouverture de cette rencontre littéraire a été marquée, samedi dernier, par la remise du prix littéraire « Mohamed Dib » dans sa quatrième session, pour la langue française à deux journalistes ex aequo, en l’occurrence Bouziane Benachour et Maachou Blidi et en langue arabe à Melle Mimi Hafida.(