Depuis maintenant plus de dix ans, l’Algérie s’est lancée dans deux programmes quinquennaux portant réalisation de plusieurs projets d’infrastructures, notamment en matière de transport et de travaux publics mais la livraison des projets, à l’instar de l’autoroute Est-Ouest lancés depuis 2004, le tramway d’Alger, lancé en 2006 sans parler de métro d’Alger tarde à venir.
Ce retard reste un vrai blocage pour l’avancement économique du pays sachant que le gouvernement s’apprête à lancer un nouveau plan d’investissement public pour la période 2010-2014. Dans ce cadre, le Président Bouteflika n’arrête pas d’instruire le gouvernement et les ministres, à travers les auditions et les inspections sur le terrain, de respecter les délais.
Ce qui veut dire qu’il est conscient qu’il y a un grand problème de retard qu’il faut régler avant de passer à d’autres réalisations. Cependant, le retard dans la livraison des projets est toujours d’actualité et les instructions pour la finalisation et l’achèvement sont également redites à plusieurs occasions, dont les dernières étaient celles données lors de l’audition qu’il a consacrée au secteur des Travaux publics suivie de celle des Transports.
Mais qu’est-ce qui retarde la finalisation de tous ces projets ? S’agit-il d’une faille en matière de gestion par les premiers responsables de chaque secteur (les ministres) ? Est-ce que ce sont les partenaires étrangers chargés de réaliser quelques projets qui sont responsables ? Ou bien le manque de bureau d’études et réalisations nationales ? Est-ce que le gouvernement algérien peut demander des comptes aux entreprises étrangères ? Et pourquoi, il y a toujours le problème de la réévaluation des coûts ? Toutes ces questions restent sans réponses officielles et même les ministres dans leurs bilans essayent de donner un rapport «positif» alors que la logique dit : «Il faut savoir où est le problème pour pouvoir le régler».
En tout cas à l’issue de la présentation du secteur des Transports par le ministre Amar Tou, le Président Bouteflika a instruit le gouvernement d’accélérer l’achèvement des grands chantiers concernant les transports publics dans la capitale et les autres grandes agglomérations du pays. Il a aussi demandé, dimanche dernier, à ce que «le vaste plan d’agrandissement du réseau ferroviaire soit réalisé dans les délais afin d’accélérer le développement économique du pays».
Selon le communiqué officiel, le chef de l’Etat a aussi déclaré que «la capacité du secteur des Transports à générer le développement économique et industriel dans les zones qu’il dessert (…), impose au gouvernement et à l’ensemble des opérateurs impliqués dans la réalisation des projets de mener à terme et dans les délais l’ambitieux programme ferroviaire retenu pour le pays».
En outre, il n’a pas caché sa colère sur la situation actuelle du transport urbain. A ce propos, il a instruit le gouvernement «pour rappeler les titulaires d’autorisation de transport de voyageurs à leurs obligations vis-à-vis des usagers et les soumettre à des cahiers des charges qui fixent autant leurs droits que leurs obligations de sorte à mettre un terme aux abus constatés notamment, en matière de sécurité des passagers».
Et il n’y a pas deux jours, lors de l’audition du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, il avait insisté sur «le respect des délais de réalisation, l’exigence de la qualité des ouvrages et la maîtrise des coûts, ajoutant que l’expérience acquise par les ca-dres et les travailleurs du secteur doit être valorisée pour conforter l’outil d’étude et de réalisation national».
Dans son bilan, Amar Tou a parlé de quelque «445 km de nouvelles voies ferrées qui ont été mis en service en 2009, et 865 l’ont déjà été cette année ou le seront avant fin décembre» et «plus de 1 200 km de nouvelles lignes ferroviaires sont en cours de réalisation tandis que 5 866 km sont en phase d’études avec 48 projets» avant d’ajouter que «la réalisation du Programme quinquennal 2010-2014 permettra de porter le réseau national de voies ferrées de 3 500 km cette année à 10 500 km en 2014».
Cependant, en aucun cas, le ministre n’a justifié le retard dans la livraison du tramway d’Alger. Sachant que M.Tou avait déclaré à la Chaîne III de la Radio nationale en juin dernier que «le tramway d’Alger sera mis en ligne d’ici à fin 2010 ou au plus tard début 2011.» Mais la réalité du chantier laisse croire que le tramway d’Alger «ne sera pas mis en service cette année».
Selon des experts, «le retard enregistré est dû, notamment aux mauvaises études du projet qui n’ont pas pris en considération un nombre de contraintes techniques, ce qui a causé d’importants surcoûts». Il est à rappeler que ce projet a été lancé depuis 4 ans (2006) pour une enveloppe financière de 52 milliards de dinars. Ce projet est réalisé par le groupement international Mediterrail (Alstom, Todini, ETRHB Haddad).
Pour le cas de l’autoroute Est-Ouest, les travaux ont été lancés depuis 2004 dans le cadre du deuxième programme quinquennal pour 150 milliards de dollars. Les retards et les surcoûts sont également un vrai casse-tête. D’ailleurs son achèvement était annoncé pour 2010, mais les données actuelles laissent entrevoir que «la livraison entière de ce projet n’est pas pour cette année». Donc la faille dans la gestion est plus profonde.
N. C.