Lituanie : Une femme prend la tête de l’état

Lituanie : Une femme prend la tête de l’état

À 53 ans, la commissaire européenne Dalia Grybauskaite devient la première femme à remporter l’élection présidentielle dans ce pays balte.

On la surnomme la «Dame de fer» balte. Dimanche, la commissaire européenne Dalia Grybauskaite est devenue la première femme à se faire élire présidente de la Lituanie.



Favorite du scrutin face à six autres candidats, cette ancienne ministre des Finances, aujourd’hui commissaire chargée du Budget, en remportant 69,04% des suffrages valides, a été élue dès le premier tour.

«Le goût de la victoire, c’est le poids de la responsabilité», a déclaré l’heureuse élue qui prendra officiellement ses fonctions le 12 juillet. À 53 ans, cette diplômée en économie politique à l’université de Leningrad, puis enseignante dans une haute école du Parti communiste à Vilnius, succède au vétéran Valdas Adamkus, 82 ans, resté dix ans à la tête de cette ex-république soviétique devenue membre de l’UE en 2004.

Présentée comme candidate indépendante, mais soutenue par les conservateurs, elle a fait de la transparence dans la vie publique et de la lutte contre les oligarques les points clés de son programme.

Sa première tâche sera d’évaluer le travail du gouvernement et dans les 15 jours de proposer la candidature d’un nouveau premier ministre. En Lituanie, qui jouit d’un régime parlementaire, la présidence et le premier ministre se partagent en effet un pouvoir bicéphale.

«La Lituanie doit plus investir en Europe»

Dans un entretien accordé vendredi à l’Agence France-Presse, cette «ceinture noire» d’arts martiaux, célibataire et sans enfant, avait laissé entendre qu’elle reconduirait l’actuel premier ministre Andrius Kubilius qui a soutenu sa candidature. «La Lituanie ne dispose pas d’un très grand choix en ce qui concerne son élite politique», avait-elle affirmé, tout en ajoutant : «Que le travail de certains ministres ne me convient pas, je l’ai dit tout au long de la campagne et je ne change pas d’avis».

Connue pour sa franchise et sa fermeté, elle a ainsi qualifié de «festin au temps du choléra» l’absence de toute action du précédent gouvernement du social-démocrate Gediminas Kirkilas pour juguler l’inflation, dans ce pays durement frappé par la crise mondiale après avoir été un des champions européens de la croissance.

«Je voudrais voir une politique étrangère plus équilibrée. La Lituanie doit plus investir en Europe, trouver des amis en Europe de l’Ouest et utiliser les avantages que donne l’adhésion à l’Union», a expliqué Dalia Grybauskaite, à qui certains politologues reprochent un manque de connaissance en politique étrangère. Mais dans une allusion aux propos durs du président Adamkus envers la Russie, qui a notamment comparé la guerre en Géorgie avec l’annexion de la région des Sudètes par l’Allemagne en 1938, elle a ajouté : «Je souhaiterais aussi que la rhétorique ne soit pas utilisée à l’encontre de certains voisins».

Le chef de l’Etat, qui ne dispose pas de pouvoirs très étendus, est en tout premier lieu responsable de la politique étrangère. Les Lituaniens attendent également de leur nouvelle présidente qu’elle s’impose davantage dans la vie politique et enclenche le retour à la prospérité économique du pays.