L’itinéraire de l’Emir Abdelkader, son combat et sa vie spirituelle présentés à Dakar

L’itinéraire de l’Emir Abdelkader, son combat et sa vie spirituelle présentés à Dakar

L’itinéraire de l’Emir Abdelkader, son combat et sa vie spirituelle ont été au centre d’une journée d’étude organisée lundi à l’université de Dakar en présence d’universitaires, religieux, diplomates et étudiants, qui ont écouté des exposés sur ces trois aspects relatifs au fondateur de l’Etat algérien moderne.

La première conférence a été présentée par le président du Haut conseil islamique (HCI), Cheikh Bouamrane, qui a souligné que l’Emir Abdelkader demeure « le symbole de la résistance nationale à l’occupation coloniale de l’Algérie ». Après avoir donné un aperçu biographique sur ce grand homme de l’histoire de l’Algérie à l’éducation pluridisciplinaire, ayant étudié toute sa vie et développé sa culture, M. Bouamrane a rappelé que l’Emir Abdelkader a « pendant quinze ans, entre 1832 et 1847, lutté obstinément contre l’une des grandes et meilleures armées d’Europe, supérieure en nombre et en matériel ».

« Comme l’a attesté un de ses biographes, l’Emir a su imposer le respect et l’admiration aux amis comme aux adversaires », a soutenu le président du HCI, ajoutant que le héros national se distinguait par son « courage et son intelligence », ce qui lui avait permis d’être désigné pour diriger la guerre sainte contre l’occupation étrangère.

Pour mieux illustrer la dimension de cette figure emblématique, M. Bouamrane a énuméré quelques grandes œuvres de l’Emir qui a notamment organisé l’Etat national, à travers la constitution du gouvernement, la désignation de khalifas (gouverneurs de provinces pour administrer les régions), la mobilisation de combattants, la création d’une armée régulière et l’institution d’impôts.

L’Emir Abdelkader qui a été un éminent dirigeant et chef de guerre, a rappelé le président du HCI, procédait également à la signature de traités avec l’armée française, notamment ceux de Di Michel (1833) et de la Tafna 1837, alors qu’il réalisait de grandes victoires face à l’occupant, défait notamment lors de la bataille du Maktaâ. En outre, en fin stratège, l’Emir profitait des trêves pour « consolider l’Etat, bâtir des villes fortifiées et fonder les ateliers militaires », a indiqué l’orateur, avant d’évoquer l’exil de celui qui fut, « un symbole du nationalisme et de l’Islam ».

De son côté, le professeur Mahfoud Smati, sociologue et membre du HCI, a évoqué, dans son intervention, axée sur la constitution de la nation algérienne au 19e siècle, la vision de l’Emir Abdelkader qui a exigé « l’élection du chef ». « L’Emir voulait une nation moderne qui réellement ne pouvait pas être différente, sauf en ce qui concerne la foi, des autres nations européennes », a souligné M. Smati, rappelant que l’Emir conduisait ses partisans dans le combat.

« C’est dans le combat que la nation se forge, parce que les hommes manifestent leur attachement au territoire et à la personne qui les dirige », a soutenu le sociologue algérien pour qui « cette façon d’agir de l’Emir qui libérait de vastes territoires a obligé l’adversaire à le reconnaître et demandé la signature d’accords et traités avec lui ».

Dans le même ordre d’idées, M. Smati a évoqué la monnaie instituée par l’Emir Abdelkader, ainsi que la division administrative du territoire qui permettait l’exercice de l’autorité sur les tribus, alors que ces dernières étaient « autonomes » auparavant. « De ces éléments naît l’esprit national », a indiqué l’universitaire, avant de développer d’autres axes relatifs à l’Etat fondé par l’Emir, tels la justice, l’enseignement, l’économie, la police, la communication et l’industrie militaire.

Un autre membre du HCI, le professeur Mostefa Boutefnouchet, a parlé de la vie spirituelle de l’Emir, affirmant qu’ »Abdelkader Ibn Mahieddine était un adepte du soufisme à double titre : d’une part, sa naissance et son éducation dans un milieu confrérique, d’autre part, son attachement à la pensée d’Ibn Arabi ». « Tout semble indiquer qu’à partir de l’âge de quarante ans (1848) et jusqu’à son décès à l’âge de 75 ans l’Emir Abdelkader se consacrât totalement à la pensée d’Ibn Arabi qui fut le fil conducteur de sa vie », a indiqué M. Botefnouchet, concluant que « le mysticisme de l’Emir n’est pas un mysticisme de réclusion et d’isolement, mais de rattachement à la vie ».