Abdelaziz Belkhadem devrait installer la commission nationale des candidatures du Front de libération nationale, pour les prochaines élections législatives, fin janvier en cours. C’est ce que nous apprend une source proche de la direction du parti. «C’est le secrétaire général qui présidera cette commission», ajoute encore notre source.
Rien d’extraordinaire jusque-là. Mais c’est, en revanche, la seule chose qui fait unanimité au sein du parti. Cette commission, particulièrement convoitée par tous les ténors du parti, aura à trancher «en première lecture» sur un nombre massif de dossiers de candidatures. «Et tout le monde est candidat avant l’heure», ironise notre source.
C’est d’autant plus compliqué comme tâche que la guerre des positionnements met aux prises des hauts responsables de l’exparti unique. Plus particulièrement, deux clans se disputent les listes et, cela va de soi, les places de choix menant tout de droit vers l’Assemblée : d’un côté, Abdelaziz Belkhadem et son premier cercle et, de l’autre, le président de l’Assemblée, Abdelaziz Ziari dont la position de troisième personnage de l’Etat lui confère une autorité et une influence certaine au sein du parti et même au-delà. D’ailleurs, la première préoccupation de l’homme est, sans doute, sa propre réélection à la tête de l’Assemblée. Sauf que, ce qui n’arrange pas les choses pour lui, Abdelaziz Belkhadem a un autre candidat pour le poste. Il s’agit de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia. Une ambition que lui dispute également en coulisses un autre ministre influent du cercle présidentiel, celui du Travail et de la Protection sociale, Tayeb Louh. Deux membres du gouvernement très proches de Bouteflika mais aussi du SG du FLN face, donc, à un président de l’APN qui ne veut rien lâcher ! Un Ziari qui, en tout cas, met tout son poids pour rendre impossibles les candidatures de Harraoubia et de Louh.
Que l’on se rappelle déjà le bras de fer de l’été dernier lorsque Ziari soutenait le fameux article, supprimé par la suite, du nouveau code électoral obligeant les ministres désirant se porter candidat à des élections de démissionner au préalable du gouvernement trois mois au moins avant l’échéance électorale. Une position frontalement opposée à celle de son parti, le FLN, pourtant.
Cet article s’avérant anticonstitutionnel ayant fini par être retiré sur instruction de Bouteflika, Ziari n’en garde pas moins une autre carte maîtresse et qu’il joue par ailleurs à fond. Et il faut le dire, avec beaucoup de réussite pour le moment : Alger ! Député de la capitale à l’origine, Ziari gère directement la plus importante mouhafada du pays, Alger, elle-même subdivisée en sept «sous-mouhafadas» depuis 2002 et le nouveau découpage administratif donnant lieu aux wilayas déléguées. Comme Ziari n’ignore pas que le président de l’Assemblée devrait nécessairement être issu des élus de la capitale — c’est une tradition chez le FLN —, il a donné instruction ferme à toutes les kasmas d’Alger de rejeter systématiquement deux dossiers de demande de carte d’adhérent à leur niveau : ceux de Rachid Harraoubia et de Tayeb Louh. Le ministre de l’Enseignement supérieur, étant élu au comité central sur le quota de la wilaya de Souk Ahras et celui du Travail sur celui de la wilaya de Tlemcen.
«C’est cet argument imparable que brandit Ziari. Ce qui est conforme aux statuts et à tous les textes du parti», avoue notre source. Pour autant, Ziari, qui semble pour le moment remporter la première manche, réussira-t-il à passer le second «filtre», le plus décisif du reste, à savoir le choix final des listes officielles du parti que tranchera le président du FLN, Abdelaziz Bouteflika en l’occurrence ? Pas si évident que cela. Déjà qu’en 2007, Ziari n’a été propulsé par le destin qu’à la suite d’un revirement spectaculaire de Bouteflika qui a dû renoncer au choix de Abdelkrim Ghrieb pour présider l’Assemblée sous la pression d’anciens officiers de l’ALN. Fatma Zohra Bitat, l’une des rares personnalités à avoir l’oreille du président, a su convaincre Bouteflika d’opter pour Abdelaziz Ziari à l’époque. Mais qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Certaines prises de position publiques de Mme Bitat auraient irrité au plus haut point l’actuel locataire du palais d’El Mouradia et la «proximité» d’hier entre les deux en a pris un sérieux coup, selon l’entourage de Bouteflika.
K. A.