Des mouvements de contestation ont éclaté dans plusieurs structures locales du Rassemblement national démocratique (RND).
Le parti d’Ahmed Ouyahia traverse une zone de fortes turbulences. Le Rassemblement national démocratique, formation au sein de laquelle règne pourtant une certaine forme de «discipline », n’a pas échappé à la fièvre électorale. En l’espace de quelques semaines, des mouvements de contestation ont éclaté dans plusieurs bureaux de wilaya. Tout semble avoir débuté à Alger, par une pétition signée par «les coordinateurs locaux légitimes» visant à dénoncer «les pratiques» du député et coordinateur de la capitale, Sedik Chihab. Le texte, transmis à Ahmed Ouyahia, évoque de «graves dérives» et des pratiques «hautement préjudiciables », dont Chihab aurait été l’auteur.
«Si nous nous sommes adressés à vous, monsieur le secrétaire général, c’est parce que nous avons perçu dans votre attitude un souci permanent de la rectitude, une abnégation sans faille au travail, une proximité avec les militants et une volonté manifeste et sincère de mettre en place des fondements sains pour un authentique changement», notent les signataires.
Quelques jours plus tard, la protesta s’est déplacée vers le sud du pays, à Tamanrasset précisément. Le bureau de wilaya du Rassemblement national démocratique sera pris d’assaut par des militants pour dénoncer, là aussi, le coordinateur local. Ce dernier est accusé d’avoir inscrit des «trafiquants notoires» sur la liste électorale du RND. Pour ces militants, le premier responsable de leur parti à Tamanrasset ne serait «qu’un instrument entre les mains de la mafia». A Annaba, un mouvement similaire éclate au cours du processus d’élaboration de la liste électorale. Dans cette wilaya, les militants menacent de démissionner en masse pour protester contre l’inscription de Mohamed Amir, le coordinateur du RND, en qualité de tête de liste. Pour les militants de Annaba, l’ex-député et recteur de l’université Badji-Mokhtar ne jouirait pas des qualités nécessaires pour conduire la liste RND. A Akbou, dans la wilaya de Béjaïa, c’est le coordinateur du bureau de daïra qui a décidé de claquer la porte du fait de la «marginalisation de la base militante» dans la confection de la liste électorale.
Période d’agitation
Le porte-parole du Rassemblement national démocratique a reconnu l’existence d’une certaine «agitation» dans les rangs du parti. «Le RND traverse une période d’agitation qui est compréhensible. Le processus d’élaboration des listes électorales pour le scrutin du 10 mai provoque des crises au niveau local. Mais les militants doivent comprendre qu’il n’est pas possible d’inscrire tout le monde sur les trois premières places de ces listes. C’est tout simplement impossible. Mais il faut savoir que les listes sont constituées au niveau de chaque wilaya, la direction du parti se contente juste de les valider», a expliqué Miloud Chorfi. Selon lui, la situation est actuellement «difficile» mais «parfaitement gérable». «Tout ceci est à mettre sur l’apprentissage de la démocratie. Mais dans l’ensemble, le RND se porte bien.» Interrogé sur le cas de la pétition visant le coordinateur d’Alger, Miloud Chorfi a précisé que de telles pratiques ne sont pas prises en considération par la direction nationale du parti. «Nous n’aimons pas beaucoup les pétitions », a-t-il souligné. «Le plus important pour nous est d’élaborer notre programme électoral et de préparer notre campagne. Le reste n’est pas prioritaire.»
T. H.
