L’Islam de France, une voie sans issue ? Manifeste d’un praticien au chevet de l’Islam de France…

L’Islam de France, une voie sans issue ? Manifeste d’un praticien au chevet de l’Islam de France…
lislam-de-france-une-voie-sans-issue-manifeste-dun-praticien-au-chevet-de-lislam-de-france.jpg

Mohammed Guerroumi, acteur du dialogue interreligieux à Nantes, a participé à la demande du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, à la réunion de l’Instance Nationale de Dialogue avec l’Islam, qui s’est déroulée à la veille des attentats de Bruxelles, sur la question : « Quel discours pour prévenir la radicalisation ? ».

 » Courroucé, dubitatif et déçu, voilà en trois mots mon sentiment, pour le moins étouffé, qui fut le mien à l’issue de cette journée au chevet de l’islam, ou plutôt devrais-je dire, au chevet du sunnisme de France. L’Instance Nationale du Dialogue avec l’Islam s’est visiblement engagée sur une voie sans issue. Mon visage tourné vers Messieurs : Chams-Eddine Hafiz, vice président du CFCM, et Christian Gravel, Préfet-Directeur du Service d’information du Gouvernement, rapporteur de la commission à laquelle je participais, je n’ai pas hésité, avec fermeté, à dire ma pensée et mon opinion. Je ne fais plus confiance aux imams et aux théologiens, car ils ont délaissé le Coran ! Ils se sont éloignés de l’Islam en prônant la mythologie et l’idéologie.

Pourquoi chercher un contre-discours à la radicalisation, lorsque les discours propagés dans les mosquées et dans tout l’espace islamique sont eux-mêmes, à peu de chose, apparenté avec ceux du salafisme et de Daesh ? Voyez vous-même. Le président Anouar Kbibech a dit, ce matin, une chose aberrante : le Coran et les textes sacrés. Il n’y a, à ma connaissance, qu’un seul et unique texte sacré : le Coran ! Il faut absolument revenir au Coran, engager une intellectualisation interprétative du Coran. Il est fondamental de développer une exégèse basée sur la raison et l’intelligence. Ce n’est qu’avec cette volonté que l’on pourra construire un contre-discours à la radicalisation. Enfin, il faut cesser de vouloir, à tout prix, discréditer ou bâillonner ceux qui remettent en question les textes apocryphes.

C’est ainsi qu’il m’est difficile de croire qu’un contre-discours à la radicalisation pourrait prendre naissance, un jour ou tout au moins tôt, dans notre pays. Même si l’État envisage de développer le nombre de filières universitaire en islamologie, quelles qualifications théologiques pourront justifier les enseignants en cette matière ?

Cette Instance Nationale du Dialogue avec l’Islam, articulée d’une façon presque envahissante par le CFCM, m’inquiète et me préoccupe davantage par le caractère opportuniste excessif de nombreuses personnes parmi ses membres. Les résultats de ses travaux n’en seront, à l’évidence, que plus marqués par leur inefficience.

Mon inquiétude est bien plus anxiogène, lorsque j’observe que cette Instance de Dialogue tient à préserver la même et ancestrale logique de dévoiement affublée à notre religion.

Je ne veux porter, bien entendu, aucun anathème sur les épaules de tous les imams. Il y en a beaucoup qui méritent une sincère considération. D’ailleurs, l’un de ces derniers m’a partagé un proverbe plein de sagesse.

 » Rien ne sert à raisonner les idolâtres d’un taureau, donne plutôt une poignée d’herbe à l’animal et passe ton chemin. »

Les attentats meurtriers et lâches, les crimes terroristes qui se perpétuent chez nous et en Europe, devraient très vite inciter à un sursaut de conscience chez ceux qui professent l’islam. Il est véritablement urgent de revoir toute l’exégèse du Texte Fondamental, en détachant celui-ci de toute cette masse d’énoncés ou d’écrits, apocryphes et paralysants, que les hommes et les siècles lui ont associés.

Les attentats meurtriers et lâches, les crimes terroristes qui se perpétuent chez nous et en Europe, devraient inciter à un sursaut de conscience chez ceux qui professent l’islam !

Mes pensées, ma sympathie et mon soutien, vont à nos voisins bruxellois qui endurent, depuis tôt ce matin, des attentats sanglants. »

Ministère de l'intérieur.jpg

Samira Houari

journaliste freelance