Alors que Lakhdar Brahimi, émissaire international pour la Syrie, se rendait dans le camp d’Altinozudans la province turque de Hatay (sud), près de la frontière avec la Syrie, afin de rendre visite aux réfugiés syriens, de violents affrontements ont éclaté hier entre rebelles et forces gouvernementales dans des quartiers d’Alep.
M. Brahimi s’est rendu hier en Turquie, qui soutient sa mission, où il a entamé une visite dans la province turque de Hatay (sud), près de la frontière syrienne, où se situe le camp de réfugiés syriens d’Altinozu, a rapporté la presse turque. Il devrait rendre visite notamment au camp d’Altinozu, qui accueille plus de 11 000 réfugiés syriens, encadrés par l’Agence turque de gestion des situations d’urgence (AFAD), qui relève de la Primature turque, précise de même source.
Le médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie a discuté avec les responsables turcs principalement des moyens de mettre fin aux violences qui secouent la Syrie depuis mars 2011. Auparavant, il s’est informé auprès des responsables locaux de la situation de ces réfugiés. La Turquie, qui partage plus de 900 km de frontières avec la Syrie, accueille sur son sol, dans des camps répartis sur plusieurs provinces du sud du pays, plus de 80 000 réfugiés syriens qui s’y sont installés après avoir fui les violences. Un chiffre appelé à augmenter du fait de l’afflux massif de Syriens, et pour lequel Ankara multiplie les appels à la communauté internationale pour l’instauration de zones tampon sous contrôle de l’ONU sur le sol syrien pour contenir ce flux.
M. Ibrahimi, qui a achevé dimanche dernier sa première visite en Syrie, a fait escale au Caire lundi où se réunissait un groupe de contact quadripartite sur la Syrie, regroupant l’Egypte, l’Iran, l’Arabie saoudite, et la Turquie. Il s’est entretenu pour la première fois samedi avec le président syrien Bachar El-Assad, avertissant que le conflit en Syrie était «une menace pour la région et le monde entier».
Violents affrontements entre rebelles et soldats à Alep
En Syrie, les combats ne faiblissent pas. De violents affrontements ont éclaté hier à l’aube entre rebelles et forces gouvernementales dans des quartiers d’Alep, selon des habitants de cette métropole du nord de la Syrie, cités par des médias.
Les combats ont éclaté à Boustane al-Kasr, dans le sud-ouest de la métropole, ainsi que dans le quartier voisin d’Izaa. Ces deux secteurs ont été bombardés par l’armée, ont ajouté les mêmes sources.
Des affrontements ont également eu lieu plus au sud, à Soukkari, où sont également retranchés des rebelles, selon des habitants. De plus, deux civils ont péri dans un bombardement du quartier Sakhour (est), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Après une semaine de combats acharnés, le gouvernement a annoncé le contrôle du quartier stratégique de Midane par ces troupes. L’armée a conseillé toutefois aux habitants d’éviter une partie du quartier, prévenant que des tireurs embusqués pourraient y être retranchés. La prise de Midane, ville du centre d’Alep, «ouvrira la porte au nettoyage» d’autres quartiers rebelles limitrophes, citant Boustane al-Bacha, Souleimane al-Halabi et surtout Sakhour, qui semble être la prochaine cible, a rapporté la presse. Selon le dernier bilan de l’OSDH, les violences en Syrie ont fait dimanche 148 morts dont 101 civils, 29 soldats et 18 rebelles.
Téhéran propose l’envoi d’«observateurs régionaux»
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi doit se rendre mercredi (aujourd’hui) à Damas pour des entretiens avec de hauts responsables syriens, a indiqué hier une source officielle. Selon l’agence Irna, le chef de la diplomatie iranienne a également appelé à l’«arrêt simultané des violences par les parties en présence» et à «un règlement pacifique sans intervention étrangère».
Par ailleurs, Téhéan a proposé l’envoi d’observateurs régionaux lors de la première réunion du «groupe de contact» quadripartite sur la Syrie (Iran, Egypte, Turquie, Arabie saoudite), en l’absence d’un représentant saoudien, selon les médias officiels iraniens et égyptiens.
Les ministres des Affaires étrangères des trois pays présents n’ont cependant pas pris d’autre décision que celle de poursuivre leurs consultations en marge de l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre à New York, a expliqué l’agence égyptienne Mena. «Nous avons échangé nos points de vue pour aboutir aussi vite que possible à un plan pour mettre fin au bain de sang en Syrie», a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohammed Kamel Amr, cité par l’agence, tout en précisant: «Il est trop tôt pour dire que nous avons conclu quoi que ce soit de précis». M. Amr n’a pas vraiment expliqué l’absence de son homologue saoudien, se contentant de dire qu’il avait «déjà d’autres engagements». L’Arabie saoudite avait pourtant participé aux rencontres préparatoires à la réunion, fruit d’une initiative du président égyptien Mohamed Morsi.
Pour sa part, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a estimé que la participation de Ryad était cruciale: «Les consultations avec l’Arabie saoudite sont nécessaires parce que le royaume est un acteur clé dans la recherche d’une solution à la crise syrienne».
L’Egypte, la Turquie et l’Arabie saoudite ont appelé au départ du président syrien Bachar al-Assad, qui fait face depuis 18 mois à une révolte transformée en conflit armé, mais l’Iran soutient Damas et accuse Ankara et Ryad d’apporter une aide militaire et financière aux rebelles.
L’ONU a retiré le mois dernier de Syrie, sur un constat d’échec, les observateurs qu’elle avait déployés en avril dans l’espoir de mettre en place un cessez-le-feu entre forces gouvernementales et rebelles. La Commission internationale d’enquête sur la Syrie a critiqué, dans un rapport rendu public hier, les violations des droits de l’homme en Syrie, alors que le représentant de la Syrie a catégoriquement rejeté les conclusions de cette Commission.
Par Lynda Naili Bourebrab