Le prix du brut était toujours sous les 30 dollars mardi matin sur les marchés asiatiques. Lundi matin, le prix du baril est passé brièvement sous les 28 dollars. Dans un marché déjà en surproduction, la décision, déjà annoncée par l’Iran, d’augmenter sa production de 500.000 barils dès la levée des sanctions pèse lourdement sur le marché.
L’Iran avait déjà annoncé qu’à défaut d’un accord au sein de l’OPEP pour limiter la production et soutenir les prix, elle ouvrira les vannes. C’est fait désormais. L’Iran qui produisait 2,8 millions de barils/jour et en exportait un million a décidé, lui aussi de défendre ses parts de marché en y ajoutant un demi-million de baril.
Le chef de l’Organisation nationale iranienne du pétrole (NIOC) Rokneddine Javadi admettait que le problème réside dans l’existence d’une offre excédentaire de 2 millions de barils par jour qui fait inexorablement plonger les prix. Mais, l’Iran doit tenir compte de la stratégie mise en oeuvre par l’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe.
« Si l’Iran n’augmente pas sa production, les pays voisins pourraient augmenter la leur d’ici six mois à un an et prendre les parts de marché de l’Iran ».
Un baril à 20 dollars ? Ce n’est plus irréaliste !
Le pétrole s’installe sous la barre des 30 dollars, perspective jugée encore « irréaliste » il y a quelques mois. L’hypothèse jugée fantaisiste de la Morgan Stanley d’un baril à 20 dollars est en train de devenir une perspective réaliste.
Pourtant, Ali al-Naïmi, ministre saoudien du pétrole, affiche son optimisme mais « pour le futur ». En attendant ce « futur », la chute des prix – le pétrole a perdu 75% de sa valeur en 18 mois – est catastrophique pour les économies des pays producteurs. En tenant compte de l’inflation cumulée, les spécialistes estiment que le prix actuel correspond à celui qui avait cours en 1973 : 5 dollars.
D’une manière générale, selon les institutions financières internationales, pour la plupart des pays producteurs, dont l’Algérie, l’équilibre de leur budget public est tributaire d’un prix du baril situé entre 80 et 120 dollars.
Pire, avec un baril sous les trente dollars, c’est la rentabilité même de la production qui est désormais posée. Dans certaines régions – dont les Etats-Unis pour le pétrole de schiste – les coûts de productions sont déjà supérieurs au cours du baril.
C’est l’objectif de la stratégie saoudienne. Cette baisse des cours devrait entrainer la fermeture de nombreux gisements et devrait donc entrainer une réduction de l’offre. L’OPEP a ainsi affirmé que la production des pays non membres de l’organisation devrait baisser de 6000 baril/jour en 2016. Mais avec l’entrée de 500.000 barils/jour supplémentaire iraniens et en attendant une probable augmentation de la part de l’Irak, ces quantités en moins sont déjà remplacées, voire dépassées.
Comme le note un spécialiste cité dans un journal algérien, « L’OPEP ne joue plus le rôle de régulateur mais devient – même contre la volonté de certains membres – un acteur de la guerre pour les parts de marché ». Officiellement, le quota de l’OPEP est de 30 millions de barils par jour, elle en pompe plus de 32 millions. Et l’Iran et l’Irak qui veulent reprendre leur part pourrait accentuer les excédents. La Libye, si la démarche « unitaire » réussit, pourrait également mettre encore plus de pétrole sur le marché pour revenir à son 1,5 millions de baril-jour au lieu des 400.000 actuels. »
En bref, « Noir, c’est noir. Comme un baril pas cher ».