Mohamed Raouraoua a promis un grand entraîneur étranger à la tête des Verts. En fait, c’est plus qu’une promesse. C’est un engagement public qu’il a fait, de vive voix, sur les ondes de la radio nationale.
Un engagement d’un président de la Fédération algérienne de football, dont le poste équivaut, de par son prestige, à celui d’un ministre, c’est comme l’engagement d’un commis de l’Etat. Il n’est donc pas surprenant que l’opinion publique nationale se mette à rêver d’un nom ronflant et accourt chaque matin aux nouvelles pour connaître le nom du prestigieux élu. Cependant, il y a lieu de se demander si cet engagement sera respecté ou bien si ce n’est qu’un langage de circonstance afin de calmer la colère du petit peuple.
Avec Lippi, Zico, Domenech, Lemerre, il y a l’embarras du choix
Ce qui est certain, c’est qu’il y a des entraîneurs étrangers qui ont pris au sérieux l’appel à candidatures lancé par la FAF. Parmi eux, il y a même des noms ronflants de la trempe de ceux visés par le discours de Raouraoua : Lippi, champion du monde avec l’Italie en 2006 et champion d’Europe des clubs avec la Juventus en 1996, en plus de plusieurs titres nationaux avec des clubs italiens ; Zico, ancien international brésilien, champion d’Asie avec le Japon en tant qu’entraîneur et lauréat de quelques autres titres de club ; Raymond Domenech, vice-champion du monde avec la France en 2006 et vice-champion d’Europe avec les Espoirs français ; Roger Lemerre, champion d’Europe avec la France et champion d’Afrique des nations avec la Tunisie…
Non aux entraîneurs de «seconde catégorie» !
Cette kyrielle d’entraîneurs a déjà de quoi allécher les babines. Ce sont de grands noms à la compétence confirmée, nonobstant le côté caractériel de chacun (Domenech constituant un exemple type). Rien qu’avec ces quatre noms, il y a l’embarras du choix, sans préjuger de nouveaux grands noms qui pourraient présenter leurs candidatures les prochains jours. Raouraoua a donc été pris au mot : il a des candidats à la mesure de ses ambitions déclarées. Il n’a donc aucune excuse à viser des entraîneurs de «seconde catégorie» qui, pour Européens qu’ils sont, n’en sont pas moins limités dans leurs compétences puisqu’ils n’ont pas d’envergure internationale. Puisque le communiqué de la FAF assure que la politique des entraîneurs locaux a montré ses limites, il aurait fallu aussi qu’il ajoute que les entraîneurs européens de petite envergure recrutés les années passées n’ont, eux aussi, rien apporté au football algérien.
Un Européen aux yeux clairs, ce n’est pas suffisant
Nous formulons cette crainte par rapport à des informations persistantes faisant état de la volonté de la FAF de recruter un entraîneur français qui n’a pas l’étoffe des noms cités ci-dessus. Ce n’est pas parce qu’on a un passeport européen et, plus ou moins, des yeux clairs qu’on est forcément meilleur que les entraîneurs locaux. L’opinion publique nationale consent à ce que le nouveau sélectionneur soit un étranger, mais à une seule condition, une condition sine qua non : qu’il soit bien meilleur que les meilleurs entraîneurs algériens (il en existe, Dieu merci). Le recrutement d’un entraîneur qui ne soit pas du gotha mondial serait très mal pris par des supporters algériens qui en ont ras-le-bol des fausses promesses et des «dribbles» discursifs. Alors, qu’on ne s’y trompe pas : le peuple ne veut pas d’un tocard !
Autre exigence impérative : que le nouveau sélectionneur bénéficie des pleins pouvoirs au niveau sportif. Il faut un homme de poigne qui puisse remettre, le cas échéant, les joueurs à leur place et mettre fin à la starmania qui s’est installée au sein du groupe des sélectionnés. Les immixtions et les ingérences «d’en haut» doivent absolument cesser. Il est plus que temps de désigner un sélectionneur fort de caractère qui décidera seul de tout ce qui aura trait au domaine technique. A chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Surtout, les responsabilités seront bien définies afin qu’en cas d’échec, personne ne pourra s’en défiler.