Suite à une grève qui a paralysé le complexe sidérurgique d’El Hadjar à Annaba, la direction d’ArcelorMittal et le syndicat d’entreprise sont parvenus à un accord qui prévoit l’investissement de 507 M€, une augmentation de capital de 150 M€ et l’intégration de 690 travailleurs de la sous-traitance. La question du renouvellement ou de l’abrogation de l’accord de partenariat signé en 2001 et qui arrive à expiration en octobre 2011 reste à l’ordre du jour.
L’après octobre 2011, date d’expiration du contrat d’Arcelor, reste incertain
’accord signé entre la direction générale d’ArcelorMittal Annaba mardi 25 janvier 2011, représentée par son directeur général Vincent le Gouic, et le syndicat d’entreprise UGTA , représenté par son secrétaire général Smain Kouadria, s’inscrit dans le cadre de la politique de développement stratégique du groupe pour la période 2011-2015.
Le Conseil d’Administration du groupe s’est engagé, dans une première phase, à «renouveler et à améliorer les équipements stratégiques existants (filière fonte) de l’usine, de façon à amener, à terme, le complexe à une production d’ 1,4 million de tonnes par an».
La date à laquelle cet objectif devra être atteint n’est pas pécisée, mais le Conseil d’Administration se fixe pour but les 1 million de tonnes en 2011 contre 700 000 en 2010.
Le renouvellement et l’amélioration des équipements passent principalement par la remise en état du Haut Fourneau n° 2 pour un montant de 90 M€, une remise à niveau de l’Agglomération n° 2 d’un montant de 12 M€ et par la rénovation complète de la cokerie pour 90 M€.
Augmentation de capital de 150 M€
Dans une seconde phase, une unité de réduction directe (DRI) sera implantée au complexe d’El Hadjar en vue de porter «la capacité du complexe à 2,4 millions de tonne par an» pour un montant de 300 M€.
On annonce par ailleurs une augmentation du capital de l’ordre de 150 M€ répartis de la façon suivante : 105 M€ d’ArcelorMittal et 45 M€ apportés par le groupe public algérien Sider.
Il est à noter par ailleurs la décision de remettre en état la ligne ferroviaire Ouenza-Tebessa qui relie les mines de fer au complexe.
Dans le double but de compenser les départs en retraite et de faire face aux besoins induits par les nouvelles installations prévues, les partenaires sociaux se sont mis d’accord sur le recrutement de 690 ouvriers, techniciens et ingénieurs.
Recrutements prioritaires chez la sous-traitance
Un lot de 200 travailleurs sera recruté le 1er février 2011, 290 autres le seront le 1er juin 2011 alors que les 200 restants intégreront l’entreprise le 1er janvier 2012.
Parmi les critères très précis (âge, expérience, diplôme…) retenus pour le recrutement figure l’obligation faite aux candidats d’avoir «une expérience de plus de 6 mois, au 1er janvier 2011» au sein du complexe d’El Hadjar.
Cela signifie que le personnel de la sous-traitance sera le bénéficiaire de cette opération de recrutement.
Les travailleurs recrutés disposeront d’un contrat à durée déterminée (CDD) de six mois renouvelables ou suivi de l’établissement d’un contrat à durée indéterminée (CDI) «après une période d’essai.»
Concernant la politique d’embauche, «l’entreprise a décidé de ne plus recourir à la mise à disposition [sous-traitance] sur les métiers clefs et sur des périodes longues. Ce type de prestation doit être utilisé uniquement pour des travaux temporaires bien définis.»
L’avenir du complexe
Smain kouadria revendique que l’Etat joue son rôle de régulateur économique
La direction d’ArcelorMittal Annaba considère qu’ «à travers ce plan d’investissement et de développement ambitieux, (notre) groupe souhaite clairement inscrire son développement stratégique en Algérie».
De son côté, Smain Kouadria contacté par econostrum.info, affirme que «l’accord est historique car le plan d’investissement, qui est très important, s’est fait avec l’assentiment de la direction du groupe à Luxembourg.»
Interrogé sur l’avenir du complexe, le secrétaire général du syndicat d’entreprise précise que «la revendication du syndicat reste que l’Etat joue son rôle de régulateur économique et qu’il puisse avoir un droit de contrôle de l’outil économique. Maintenant, comment se réalisent les aspects techniques et juridiques (montage, partage des actifs…), cela relève des prérogatives des pouvoirs publics.»
Revenant sur l’action de son syndicat dans la situation de marasme que connaît l’entreprise depuis quelques années, Smain Kouadria déclare que : « l’ensemble de nos démarches depuis de nombreux mois (grèves, déclarations, négociations, lettre ouverte au président de la république…) ont largement contribué à sensibiliser l’ensemble des intervenants : UGTA, pouvoirs publics, Sider, direction d’ArcelorMittal au Luxembourg…»
La question de l’avenir du complexe, au moment où le contrat de dix années de partenariat arrive à échéance, reste donc ouverte.