L’intifada des couteaux prend de l’ampleur

L’intifada des couteaux prend de l’ampleur
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Regain de tension dans les territoires palestiniens occupés, armés uniquement de leur volonté et de quelques couteaux, les Palestiniens poursuivent leur mobilisation afin de montrer au monde leur ras-le-bol d’un processus de paix virtuel qui s’adosse à une occupation réelle des territoires et la colonisation croissante de ce qui reste de la Palestine de 1967.

Hier, deux Palestiniens et une Palestinienne sont tombés en martyrs, tués en Cisjordanie et à Al-Qods-Est occupées après avoir tenté sans succès de poignarder des Israéliens, ont indiqué l’armée et la police israéliennes.

La première attaque s’est produite en Cisjordanie occupée près de l’enclave juive du centre d’Al-Khalil où 500 colons israéliens vivent sous protection de l’armée. Un Palestinien âgé de 18 ans a tenté de poignarder l’un d’entre eux avec un couteau. Ce dernier l’a tué par balles et n’a pas été blessé, a indiqué l’armée. Les forces de sécurité palestiniennes ont confirmé le martyr, identifié comme Fadel Al-Kawatsmi.

Un autre Palestinien a été tué après avoir tenté de poignarder un soldat israélien lors d’un contrôle d’identité dans le quartier d’Armon Hanetsiv, à Al-Qods-Est, selon la police. L’assaillant, dont l’identité n’a pas été communiquée, a immédiatement été tué par des militaires.

Peu après, une deuxième attaque a eu lieu dans la vieille ville d’Al-Khalil. Une Palestinienne s’est approchée d’un poste des gardes-frontières israéliens dans l’enclave juive du centre de la ville et a tenté de poignarder une soldate, la blessant légèrement à la main. La soldate lui a tiré dessus et l’a tuée.

La journée de vendredi avait été déjà marquée par une flambée de violences avec de nouveaux heurts entre Palestiniens et soldats israéliens. Des groupes palestiniens avaient appelé à un « vendredi de la révolution » en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.

La Cisjordanie occupée et Al-Qods-Est, partie palestinienne de la ville, occupée et annexée illégalement par Israël, sont en proie depuis le 1er octobre à des violences qui ont réveillé le spectre d’une nouvelle intifada. La bande de Gaza a été entraînée dans la spirale le 9 octobre.

Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, s’est dit de nouveau prêt à rencontrer le président palestinien, Mahmoud Abbas, tout en lui reprochant d’encourager la violence.

La violence de la riposte israélienne a fait réagir les organisations internationales des droits de l’Homme. « Les attaques délibérées contre des civils ne peuvent pas être justifiées », s’est insurgé Amnesty International. Face à cette escalade de violence qui ne cesse de s’amplifier dans les Territoires palestiniens occupés, l’organisation a d’autre part sommé les autorités israéliennes, dans un rapport du 8 octobre, de mettre un terme à l’usage excessif de la force et aux homicides illégaux de Palestiniens par les forces israéliennes.

La nouvelle flambée de violences a fait, en deux semaines, sept morts parmi les Israéliens et une quarantaine chez les Palestiniens, dont plusieurs auteurs d’opérations de résistance commis pour la plupart à l’arme blanche. Selon un rapport du 11 octobre du Croissant-Rouge palestinien, leurs équipes ont fourni des services médicaux d’urgence à environ 1 152 Palestiniens depuis le 3 octobre, dans le territoire palestinien occupé, y compris Al-Qods-Est occupée.

La manière dont les forces israéliennes ont neutralisé certains des auteurs de la vague des attaques au couteau a fait réagir les dirigeants palestiniens. « Nous avons tous le droit de nous défendre », a expliqué, mardi dernier, le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine, Saeb Erekat, citant « les exécutions sur le terrain, les punitions collectives comme les démolitions de maisons, le nettoyage ethnique, les plans de confiscations, l’apartheid, les routes et les bus stérilisés, les violences de colons ».

Saeb Erakat a également annoncé la saisine de la Cour pénale internationale à ce sujet, en parlant « d’exécutions extrajudiciaires ». « La CPI ne jugeant pas des Etats mais des personnes, nous en imputerons l’entière responsabilité au premier ministre, Benyamin Netanyahu, à son ministre de la défense, Moshé Yaalon, et aux forces de sécurité israéliennes », a-t-il ajouté.