L’intervention militaire au Mali ne fait pas l’unanimité ,Dilemme de la diplomatie française

L’intervention militaire au Mali ne fait pas l’unanimité ,Dilemme de la diplomatie française

À Bamako, même si les putschistes opinent à l’idée d’un déploiement de forces de la Cédéao, il n’en demeure pas moins qu’ils posent leurs conditions.

La France a annoncé une demande pour la convocation du Conseil de sécurité de l’ONU afin d’obtenir une résolution, comme elle l’a souhaité, pour une intervention militaire au Mali. Mais malgré son insistance pour faire aboutir une telle résolution, la France réitère qu’elle n’engagera pas de troupes au sol et qu’elle se contentera d’apporter un soutien logistique et jouer “un rôle de facilitateur”.

Rôle qui reste à définir et à déterminer si tant est que ce terme, facilitateur, puisse avoir une signification militaire. Paris s’est échiné à ouvrir le dossier au Conseil de sécurité mais n’a pu convaincre les autres membres qui l’ont renvoyé. L’initiative est soutenue par la Cédéao et une partie des Maliens. La Cédéao, qui n’a pas mené jusqu’au bout l’affaire du coup d’État malgré l’engagement du capitaine Sanogo qui reste très influent à Bamako, a focalisé sur le Nord en proposant une force armée dont la mission est indéterminée. À Bamako, c’est le flou total alors que les deux camps, les autorités intérimaires et la junte, n’arrivent pas à aplanir leurs divergences. Chacun de son côté a tenté d’engager le dialogue avec les groupes rebelles et islamistes qui occupent le nord du pays dans deux démarches opposées. À Bamako, même si les putschistes opinent à l’idée d’un déploiement des forces de la Cédéao, il n’en demeure pas moins qu’ils posent leurs conditions. Ce qui l’oblige à composer avec eux tout en sachant, comme l’a relevé le Conseil de sécurité de l’ONU, que la Cédéao n’a pas de feuille de route.

C’est dans ce contexte de confusion et, faute de volonté d’encourager la solution politique ou d’encourager les initiatives avancées par les pays du champ et l’UA avec le soutien entre autres des États-Unis, que la France opte directement pour la solution extrême dont les conséquences pourraient s’avérer désastreuses pour toute la région. Les États-Unis ont déjà mis en garde contre cette intervention et ses conséquences. Position prônée par Alger qui insiste sur le dialogue jusqu’à épuisement des voies politiques.

La pression et l’empressement de Paris ne peuvent s’expliquer que par ses deux premiers échecs devant le Conseil de sécurité, l’ONU ayant relevé les failles et les incohérences de l’initiative de la Cédéao qu’elle a soutenue mordicus. Échec de sa diplomatie qui risque de porter préjudice à son influence dans la région. À ses énormes intérêts. Et la révision des positions des deux autres pays du champ, le Niger et la Mauritanie qui désormais défendent la voie du dialogue, semble gêner davantage Paris qui risque d’enregistrer un sévère camouflet diplomatique.

Pressée par une opinion interne qui réclame des actes concrets pour libérer les otages français détenus par Aqmi et dans sa quête d’alliés pour mener l’action de sa stratégie qui privilégie l’intervention militaire, la France veut éviter de rééditer le scénario libyen et compte ainsi sur d’éventuels sous-traitants, à l’instar de la Cédéao. Or, la Cédéao semble divisée sur les pourvoyeurs des forces avec le désistement du Sénégal ainsi que le Nigeria pour deux raisons : le rapport sur le comportement de ses soldats au sein de la force d’interposition de l’UA et sa situation interne qui nécessite la mobilisation de ses forces pour faire face à Boko Haram, un groupe terroriste local allié d’Aqmi. Ajoutée à cela, l’absence de modalités de déploiement des 3 300 soldats exigées par Bamako et réitérées à l’ONU. Malgré ce dilemme, la France semble franchement décidée à entreprendre son expédition.

D B