La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton arrivera ce mardi à Alger où elle sera reçue par le Président Bouteflika, selon un communiqué laconique du département d’Etat américain.
Si Mme Clinton, qui se rendra également dans les pays des Balkans, a choisi l’Algérie comme dernière destination africaine avant de quitter définitivement la tête de la diplomatie américaine, c’est que les relations étroites développées par les deux pays depuis ces dix dernières années et la conjoncture régionale l’imposent.
Pour les relations entre Alger et Washington, qui avaient pris comme véritable point de départ les attentats du 11 septembre 2001, elles se sont consolidées depuis pour s’étaler au-delà de la collaboration sécuritaire et de la lutte contre le terrorisme.
Avec plus de 14 milliards de dollars d’exportations vers les Etats-Unis en 2011, l’Algérie se place devant la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Les relations ne se sont pas limitées au commerce mais aux échanges de formations si bien que des centaines, voire des milliers d’Algériens toutes catégories professionnelles confondues ont été formés aux Etats Unis.
Des militaires, des gendarmes, des douaniers, des magistrats, des journalistes, des enseignants, des jeunes entrepreneurs, des syndicalistes, des militants de partis politiques et lycéens ont bénéficié de divers programmes de formations aux Etats Unis.
A ces formations s’ajoute une présence de plus en plus audacieuse des entreprises américaines en Algérie, notamment dans le secteur du médicament puisque la construction d’un pôle biotechnologique a été lancée durant l’été dernier.
C’est dire que le soleil entre Alger et Washington est au beau fixe. Au menu des entretiens de Hillary Clinton avec les responsables algériens figureront les réformes démocratiques engagées depuis 2011.
Le 13 octobre dernier, elle a estimé que l’Algérie «a beaucoup de travail devant elle pour atteindre et consacrer les droits universels et créer un espace pour la société civile».
C’est «un message que j’ai transmis personnellement au plus haut niveau en février», en référence à sa visite à Alger, en février dernier, durant laquelle elle a eu des entretiens avec le Président Bouteflika.
Au plan régional, la question du Sahel occupera l’essentiel du programme de cette visite de la secrétaire d’Etat américaine en plus de la collaborations sécuritaire entre les deux pays.
La position américaine sur l’intervention militaire est toujours restée ambiguë ou du moins elle n’est pas aussi claire que celle de la France qui, cédant à la pression de l’establishment militaro-industriel veut sa guerre dans les toutes prochaines semaines. N’ayant aucun passé colonial dans la région, les Américains sont plutôt guidés par leurs intérêts, dans cette affaire du Sahel.
Ensuite, ils soutiennent mordicus qu’il n’y aura pas de soldats américains sur le sol malien.
L’intervention, si elle devait avoir lieu, se fera par des attaques aériennes. Encore faut-il identifier les cibles à attaquer. C’est dans ce sens que se sont déplacés à Alger des experts américains à plusieurs reprises dont le dernier en date a été l’ex-Commandant de l’Africom, Carter Ham. Dans la région du Sahel, l’Algérie est à l’avant-poste de ce conflit dont les conséquences risquent d’être graves surtout sur le plan humanitaire mais les occidentaux n’en ont cure puisqu’ils seront si loin du théâtre des opérations.
Une nouvelle guerre des sables inutile et contagieuse qui se déroulera certainement à Kidal, Gao et Tombouctou.
Une fois ces trois villes libérées, quelle sera la suite? Quelle sera le rôle des forces étrangères dan ces villes? Cette présence militaire fera fuir les populations vers les pays voisins.
Il s’ensuivra une crise humanitaire et une déstabilisation de ces pays puisque même les organisations terroristes afflueront vers ces pays. Un véritable chaos programmé surtout que les pays de la région sont fragilisés: la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Les nouveaux gouvernements de Tunisie, Libye et Egypte ont plutôt besoin de reconstruire leurs Etats dans le calme. Reste l’Algérie.
Est-elle en mesure de gérer l’augmentation du flux de réfugiés et d’émigrés clandestins avec ce que cela génère comme dangers et risques d’attentats terroristes? On a bien vu ce qu’ont produit les interventions étrangères en Libye, en Irak et en Afghanistan. Elles n’ont rien réglé des conflits locaux. Au contraire, elles les ont attisés.