L’ANP, un rempart infranchissable
Ce Think tank compte parmi ses conseillers le gratin de la politique mondiale, tels Dennis Ross, Henry Kissinger et l’ex-directeur de la CIA, James Woolsey.
Les milieux politiques américains sont convaincus du rôle essentiel que doit jouer l’Algérie au Sahel. Dans une nouvelle analyse rendue publique hier, le think tank américain The Washington Institute for Near East Policy, a soutenu qu’une nouvelle stratégie de coopération régionale en matière de sécurité dans le Sahel était nécessaire, mais que son succès dépendrait de la contribution de l’Algérie. «Rien ne se fera au Sahel sans l’Algérie», assène Joshua Burgess, ex-colonel dans l’US Air Force (Usaf), auteur de l’analyse publiée par The Washington Institute for Near East Policy.
Référence en matière prospective et d’analyse sécuritaire, ce think tank compte parmi ses effectifs des noms qui pèsent lourd dans le gotha de la politique mondiale. Il s’agit, notamment de Dennis Ross, Henry Kissinger et l’ex-directeur de la CIA, James Woolsey, sans compter un gratin d’autres hommes politiques et spécialistes des questions sécuritaires dans le monde. C’est donc un bon point dont est gratifiée l’Algérie à quelques jours d’une importante visite que doit effectuer le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, attendu les 6 et 7 novembre prochain à Alger. Ce premier déplacement de M.Kerry à Alger entre dans le cadre de la deuxième session du partenariat stratégique entre l’Algérie et les Etats-Unis.
Cependant, on crois savoir que les questions sécuritaires, notamment concernant le Sahel, seront au centre des débats qu’aura le chef de la diplomatie américaine avec les hauts responsables algériens. Sceptiques, des diplomates américaines soutiennent que par manque de canaux de communication, ils ne saisissent pas l’action de l’Algérie dans la région. Citant, par ailleurs, les initiatives lancées pour assurer une stabilité durable dans cette région telle que la Stratégie intégrée pour le Sahel adoptée en juin dernier par l’ONU et les conférences tenues récemment par la Cédéao et l’Union africaine, M.Burgess a aussi évoqué le programme américain «Partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme» (Tsctp) mis en place en 2005. Sur ce dernier point, il a critiqué les résultats peu fructueux du Tsctp ainsi que les divergences entre le département d’Etat et celui de la Défense pour la conduite de ce programme américain à tel point qu’il a suggéré que le président Barack Obama devrait désigner un envoyé spécial américain pour le Sahel pour, à la fois, arbitrer les désaccords entre les institutions américaines membres du Tsctp et superviser l’élaboration d’une nouvelle stratégie américaine intégrée et réactualisée pour la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Mais l’élément fondamental que cet expert a considéré comme une condition de succès de tout programme américain pour la sécurité et la stabilité au Sahel, est que ce dernier soit élaboré «en complément et en coordination avec les programmes régionaux et internationaux». Selon lui, «aucune solution ne pourrait être trouvée sans l’ONU, l’Union africaine et un soutien français». Mais plus encore, a-t-il insisté, il ne fait nul doute que «l’Algérie est particulièrement, un acteur-clé dans toute solution car le gouvernement algérien est non seulement au coeur de la lutte contre la menace posée par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) mais il a, sans doute, le plus de capacités et d’expérience militaire» dans la région. Pour cet ex-stratège des affaires politiques à l’US Air Force, «avec la participation de l’Algérie, une nouvelle stratégie de coopération régionale en matière de sécurité aura une meilleure chance de succès». Expliquant la multiplication d’attaques terroristes au nord du Mali, l’ex-colonel dans l’US Air Force a affirmé qu’il y a «engagement désorganisé» des Etats-Unis et de leurs partenaires étrangers.
A ce propos, il prévient que ces nouveaux développements, même s’ils ne sont pas tout à fait surprenants, constituent, néanmoins, «une source de préoccupation qui va bien au-delà des frontières poreuses du Mali». Cette réorganisation dans les rangs des islamistes est un autre élément qui s’ajoute à la «masse croissante de preuves» démontrant que l’extrémisme violent «se propage vers le Sud à partir du Maghreb vers la région sahélo-saharienne à travers les branches d’Al Qaîda et des éléments criminels qui ont établi des alliances entre eux dans la région», a-t-il prévenu.
Dans cette optique, il a aussi tenu à rappeler les propos tenus en septembre dernier par l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel, M.Romano Prodi, qui avait averti que le niveau de fragilité était «encore élevé» dans la région alors que l’attention de la communauté internationale sur cette zone commençaità «décliner».