L’insécurité et la corruption,thèmes majeurs de la campagne électorale en 2014, Le carburant d’une présidentielle

L’insécurité et la corruption,thèmes majeurs de la campagne électorale en 2014, Le carburant d’une présidentielle

Les poussées de violence mettent aux prises des bandes rivales dans les quartiers d’Alger

Le dossier de la corruption est réellement brûlant et risque de faire des dégâts pendant et après la campagne électorale.



C’est le flou pour l’élection présidentielle dites-vous? Ne faisons pas la fine bouche, il y a des avancées considérables. Le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, a publiquement rassuré qu’elle aura lieu à la fin du mandat de l’actuel président. Il a même ajouté que des observateurs nationaux et étrangers seront présents à cette élection. Mais le gros lot, le grand morceau de cette élection reste les thèmes qui seront développés par les candidats.

Deux thèmes majeurs, brûlants, constitueront le carburant de cette échéance électorale. Il s’agit de la corruption et de l’insécurité. Le phénomène de la corruption a pris une ampleur insupportable dans notre pays depuis ces dernières années. Il touche tous les secteurs d’activité et tous les échelons de la République. «La corruption est extrêmement préoccupante en Algérie où elle atteint des proportions extrêmement insupportables», a noté un rapport de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (Cncppdh). «Chaque fois qu’il y a un marché public important, il y a des acteurs qui commettent des irrégularités», a précisé Farouk Ksentini, le président de cette organisme étatique. Et quand c’est un organisme ayant un caractère quasi officiel qui porte cette critique cela signifie que le mal est profond. Pour enfoncer le clou, un rapport de Transparency International sur la perception de la corruption avait placé en 2011 l’Algérie à la 112e place sur 183 pays classés du moins au plus corrompu. Le groupe pétrolier Sonatrach est secoué par de graves scandales de corruption portant sur des pots-de-vin versés par des firmes étrangères, notamment italienne à des responsables algériens pour obtenir des contrats. Le montant a été estimé à 200 millions de dollars! Les enquêtes ordonnées par l’Algérie depuis février dernier tardent à donner des résultats. Le 2 juillet dernier, l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, affirmait à l’APN que l’enquête sur la Sonatrach avait révélé «un véritable réseau de corruption internationale dont les tentacules s’étendent à tous les continents». Entre-temps, le ministre de la Justice a quitté le gouvernement et l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, nommément cité dans ces affaires de corruption court toujours. Il n’est ni interpellé par la justice algérienne ni recherché par Interpol. Le dossier de la corruption est réellement brûlant et risque de faire des dégâts pendant et après la campagne électorale.

L’autre dossier tout aussi brûlant qui sera placé au coeur de la campagne pour cette présidentielle sera celui de la sécurité dans sa double dimension régionale et nationale. Au plan régional, il s’agira de la sécurité au niveau de nos frontières sérieusement menacées par les terroristes islamistes. Aussi aux frontières avec la Libye, la Tunisie et le Mali. Sans oublier le Maroc qui venait d’ouvrir un front d’hostilité suite au grave incident de Casablanca où l’emblème national a été outragé. Tout compte fait, l’Algérie se trouve au plan régional dans une position de citadelle assiégée. Le thème mobilise, sensibilise et est porteur. Au plan interne, c’est le problème de la sécurité urbaine qui sera récurrent. Les poussées de violence mettant aux prises des bandes rivales dans les quartiers d’Alger appellent à plusieurs interrogations: s’agit-il d’un phénomène isolé ou provoqué en ces moments d’incertitude politique? Le même procédé et la même violence: des jeunes chauffés à blanc s’affrontent avec des gourdins, couteaux et sabres. Le phénomène marque des quartiers bien précis: la cité des 568 Logements à Baraki, Gué de Constantine, Carrière Joubert (Bab El Oued), Belcourt, Dergana, etc. Avec une pareille ampleur, la question interpelle directement les services de la Dgsn: s’agit-il d’une question de logistique ou de philosophie? A voir les moyens mis par les services de la police, on se pencherait plutôt pour la seconde hypothèse car ce n’est pas seulement avec de l’argent qu’on réduit l’insécurité.

Au-delà de ces deux thèmes, d’autres sujets marqueront la future campagne électorale, comme celui des libertés bridées et des droits de l’homme bafoués. En fait, ce ne sont pas les thèmes qui manquent… pour le moment, la République souffre d’une pénurie de candidats… un autre paradoxe algérien.