Le Moudjahid Brahim Chibout, décédé le 1er août courant, fut l’un des responsables de l’Armée de libération nationale (ALN) ayant planifié et mené à bien l’offensive du Nord constantinois, lancée le 20 août 1955 pour marquer un tournant décisif dans la lutte armée contre la colonisation française (1830-1962).
Décrit par ses compagnons comme un « vaillant » moudjahid et un « modèle » en matière de nationalisme et de bravoure, Brahim Chibout, né en 1927 à El Harrouch (Skikda), avait rejoint le mouvement national à l’âge de 20 ans. Il figure parmi les moudjahidine de la première heure qui avaient pris conscience que seule une lutte armée pouvait permettre de libérer l’Algérie du joug colonial.
Activant sous les ordres du chahid Zighoud Youcef, artisan de l’offensive du Nord constantinois et chef de la Wilaya II historique, le défunt Brahim Chibout, connu pour sa maîtrise de la guérilla et ses qualités de meneur d’hommes, a très vite gravi les échelons pour devenir responsable de la deuxième région de cette même Wilaya historique.
Pour préparer la fameuse offensive du 20 août 1955, Brahim Chibout a été chargé avec d’autres combattants de l’ALN, de recenser les armes en possession de la population algérienne, de constituer un stock d’explosifs avec l’aide d’Algériens travaillant dans les mines et les carrières et d’appeler des personnalités algériennes, en contact avec les forces coloniales, à rallier la révolution.
L’offensive du Nord constantinois, rappelle-t-on, avait un double objectif. Le premier d’ordre militaire, consistait à réactiver la guerre de libération et à éparpiller les troupes françaises sur l’ensemble du territoire algérien pour desserrer l’étau imposé aux Aurès et à la Kabylie.
Le second, de dimension diplomatique, tendait à internationaliser la question algérienne par son inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU.
Pour transmettre sa riche expérience de révolutionnaire et de Moudjahid aux jeunes générations, Brahim Chibout a écrit, en 2007, un livre témoignage intitulé « Zighoud Youcef que j’ai connu », dans lequel il relate le parcours de ce grand héros de la révolution, dont il fut secrétaire et proche collaborateur.
Brahim Chibout était connu pour ses fermes positions durant le combat de libération nationale et en tant que cadre de l’Algérie indépendante. Il a toujours servi sa patrie avec abnégation, selon ses frères d’armes et amis.
Pendant l’exercice de ses fonctions de ministre des Moudjahidine de juin 1991 à avril 1994, le défunt a été l’initiateur de la structuration du ministère en élevant les inspections de wilayas de moudjahidine au rang de directions exécutives pour prendre en charge et défendre les intérêts des moudjahidine et des ayants droit.
Après l’indépendance, le défunt a également occupé plusieurs postes dont wali d’Annaba, député à l’Assemblée populaire nationale (APN) et membre de plusieurs commissions de l’organisation nationale des moudjahidine (ONM). Il a exercé aussi comme avocat pour une courte durée.
Dans un message de condoléances adressé à la famille du Moudjahid Brahim Chibout, suite à son décès, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait écrit: « Dieu a voulu que le décès de ce vaillant moudjahid coïncide avec le 60e anniversaire de la journée du moudjahid, une date importante de notre histoire contemporaine où notre cher défunt était au sein du groupe de moudjahidine dirigé par le martyr symbole Zighoud Youcef et ses premiers compagnons qui ont défié le colonialisme et son armada au nom de la justice par une résistance tenace inspirée de la détermination et de la foi du peuple ».
« Homme loyal, imbu des valeurs révolutionnaires et de liberté et d’altruisme, le défunt, ses compagnons et ses dirigeants, qui se sont distingués par leur clairvoyance et sagesse, n’ont pas hésité à répondre à l’appel du djihad en menant une lutte farouche des années durant jusqu’à la victoire », a souligné le chef de l’Etat.
« Le défunt a servi son peuple et sa patrie, en tant que militant et haut responsable, avec la même détermination révolutionnaire, conviction et nationalisme », a ajouté le Président Bouteflika.