Il est régulièrement reproché aux musulmans vivant en Occident leur présumé silence face à la montée de la violence terroriste qui touche plusieurs pays européens, les États-Unis et le Canada. Une réaction qui vise surtout, selon certaines voix, à stigmatiser davantage les musulmans.
À la veille de la commémoration du premier anniversaire de l’attentat de Nice (14 juillet 2016), des imams issus de nombreux pays européens ont décidé de faire entendre leurs voix contre les attentats perpétrés par des terroristes se réclamant de groupes islamistes (Al-Qaïda ou encore l’autoproclamé État islamique), ont rapporté hier les médias français. En effet, des imams français, rejoints par leurs collègues européens ont lancé hier, à partir de Paris, une initiative appelée “Marche contre le terrorisme”, a rapporté l’AFP.
Cette action, qui se termine le 14 juillet, doit les mener en Allemagne et en Belgique, appelant à “ne pas associer les musulmans aux crimes commis au nom de l’islam”, comme cela est le cas chaque fois que des attaques meurtrières sont menées et revendiquées par des personnes et groupes se revendiquant des groupes terroristes islamistes. Ils ne sont qu’une trentaine au départ des Champs-Élysées, “symbole de l’union nationale” et théâtre d’un récent attentat terroriste, mais espèrent “lancer un mouvement d’ampleur en Europe”, ont-il expliqué à la presse, a rapporté encore l’AFP. “Notre message est clair : on ne peut pas associer l’islam à ces barbares et ces assassins qui tuent au nom d’Allah”, a déclaré l’imam Hassen Chalghoumi, à l’initiative de cette marche, soutenue par l’intellectuel Marek Halter.
Entouré qu’une trentaine d’imams venus de différentes régions de France mais aussi d’Italie, du Portugal ou de Belgique, il a appelé “la société civile à la mobilisation” alors que les attentats terroristes ont fait ces dernières années des centaines de victimes en Europe et que “7000 jeunes sont partis en Irak ou en Syrie”. Toutefois, craignant pour leur sécurité, les imams réaliseront leur action en sillonnant l’Europe par bus, ont-ils indiqué. Interrogé par Paris-Match, le magazine français, Marek Halter, un des initiateurs de cette action, explique sa démarche ainsi : “Pour associer les musulmans de France, de Belgique et du monde entier à notre mobilisation contre cette nouvelle secte d’assassins qui menace nos frères, et leurs acquis. Ne sommes-nous pas tous dans le même train ? Éviter la montée de la haine et des affrontements intercommunautaires suppose d’agir vite et de manière spectaculaire.” Connu pour ses prises de position contre l’islam intégriste et ses rapports d’amitié avec la communauté juive qui lui valent critiques et menaces, l’ancien imam de Drancy (banlieue nord de Paris) est largement rejeté par les responsables musulmans. Interrogé sur l’absence de fidèles au lancement de cette “marche des musulmans” et sur le rejet de son initiative par le Conseil français du culte musulman (CFCM, organe représentatif et premier interlocuteur du gouvernement), M. Chalghoumi a “refusé d’entrer dans une polémique”, relevant qu’il fallait interroger les motivations de “ceux qui critiquent l’initiative d’une marche contre les barbares”.
L’imam de Lisbonne, David Munir, a lui salué “une initiative historique en Europe. Certaines personnes commettent des crimes au nom de l’islam, nous sommes ici pour dire ‘’pas en notre nom’’. Pas pour dire que l’islam est une religion de paix, ce que vous savez, mais pour dire que nous cherchons ici notre identité, une identité européenne”. La délégation d’imams se rendra en car dans différents lieux marqués par des attentats : Berlin, Bruxelles, Saint-Étienne-du Rouvray, Toulouse et Nice.
