À mille lieues d’un État de droit
La réglementation en matière d’urbanisme commercial est violée chaque jour que Dieu fait, en Algérie. On enregistre une inflation de textes en la matière souvent guère appliqués. Conséquence : les espaces informels prolifèrent dans les grandes villes. Enceintes non clôturées, mal aménagées, insalubres, où manquent les conditions élémentaires d’exercice du commerce : locaux adéquats, sécurité, toilettes, traçabilité…
Le spectacle fort répandu de trottoirs et de terres agricoles squattés constitue une forme pernicieuse de concurrence déloyale.
Les royaumes de l’informel comme El-Hamiz, Dubaï continuent au vu et au su de tout le monde d’effectuer des transactions sans facture, à l’instar du sanctuaire de l’agroalimentaire communément appelé Semmar.
Si dans cette phase de transition, l’informel a une fonction sociale – il fournit une activité rémunérée à des dizaines de milliers de jeunes sans emploi –, le facteur emploi constitue une raison suffisante pour ne pas opter pour l’éradication brutale de ces marchés. Une démarche progressive semble la plus conseillée. Commençons d’abord par aménager des espaces décents pour ces marchands. Légaliser ces commerces devient alors plus facile. L’éradication de ces souks informels peut s’opérer plus rapidement qu’on ne le pense. L’Algérie dispose de moyens pour réaliser ces marchés en quelques mois seulement. Encore faut-il que la volonté politique suive. Il est clair que la réalisation d’un nombre important de marchés de détail, de gros et d’espaces pour légaliser l’informel, prévue depuis au moins dix ans, a pris trop, trop de temps ! À l’index, des clans proches de certaines sphères du pouvoir ont intérêt à maintenir le statu quo. Car l’opacité dans les transactions commerciales génère d’énormes profits qui échappent au fisc. Du coup, une partie de ces masses d’argent qualifié de sale représente un danger pour la sécurité du pays. Elle alimente le trafic de drogue, le blanchiment des capitaux ou la fuite illégale de devises vers l’étranger, ainsi que les circuits de la contrebande.
Elle favorise la spéculation à large échelle qui constitue aujourd’hui un facteur qui réduit de façon conséquente le pouvoir d’achat de la majorité des ménages. L’informel constitue ainsi une facette de l’anarchie qui règne en matière d’urbanisme commercial en Algérie. L’autre facette méconnue est l’absence de certificat de conformité ou les difficultés à obtenir ce document. Le centre commercial de Bab Ezzouar constitue un exemple édifiant qui montre que l’Algérie est loin d’être un état de droit.
