Un million d’opérateurs ne déclarent pas leurs activités d’une manière ou d’une autre. C’est l’estimation donnée hier par Salah Djenouhat, secrétaire national à l’Union générale des travailleurs algériens.
Intervenant sur les ondes de la Chaîne III, le secrétaire national de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a cité comme source les travaux d’un expert.
Pour M. Djenouhat, «le système de solidarité nationale est mis en danger par ces spéculateurs qui ne déclarent pas leurs activités, qui n’assurent pas de couverture sociale aux travailleurs et qui ne payent pas les impôts. Lorsqu’on parle de travail au noir, on ne vise pas le jeune qui vend les cigarettes ou les chaussures sur les trottoirs», a-t-il précisé.
«L’Etat doit, soutient-il, engager des mesures fortes pour lutter contre l’économie informelle. Nous avons discuté de cela avec le patronat. Il est anormal dans un pays comme l’Algérie qu’un travailleur paye plus d’impôts qu’un boulanger ou un boucher», a-t-il noté. Si la situation perdure, l’UGTA compte demander la réduction de la participation fiscale des salariés.
S’exprimant sur les textes relatifs aux statuts particuliers et les régimes indemnitaires, l’invité de la Chaîne III a indiqué qu’ils sont en phase de finalisation. «Les statuts sont au nombre de 47 ou 48. Il y a du retard pour les secteurs de la santé et des médias. Les textes concerneront également les journaux privés.
Nous militons pour que les choses se fassent très vite. Le pouvoir d’achat des Algériens n’est pas celui que nous souhaitons», a-t-il souligné.
Quant aux mesures prises par le conseil interministériel sur le sucre et les huiles alimentaires, le secrétaire national de l’UGTA a souligné qu’«elles vont stimuler la production et conforter le pouvoir d’achat. Il prévoit la mise en vigueur d’autres dispositions durant ou après la période de huit mois que s’est donnée le gouvernement pour conforter la stabilité des prix et réfléchir sur la question.
Pour nous, l’augmentation des prix a été décidée par les spéculateurs. En dehors de l’Etat, il ne doit pas y avoir de monopole. Ce qui nous intéresse est la relance de l’économie nationale», a-t-il expliqué.
Un marché de 6 milliards d’euros
Selon le Forum des chefs d’entreprises (FCE), le marché informel avoisine les 6 milliards d’euros. Le FCE a réalisé en 2009 trois études constituées en un seul dossier et consacrées à des problématiques majeures qui se posent à l’économie nationale, à savoir l’ouverture commerciale, l’expansion de l’économie informelle et les dysfonctionnements du secteur de la distribution.
Le forum avait révélé la corrélation entre la baisse de la protection du marché et la croissance considérable des importations de marchandises. Alors qu’entre 2001 et 2008, la moyenne des droits de douanes, pondérés par les importations, est passée de 16,04% à 8,8% ; les importations de marchandises ont connu une hausse considérable durant la période 2000-2007 (15% de croissance moyenne annuelle).
Le rythme s’accélère en 2008 avec 40% d’augmentation par rapport à 2007, au détriment de la production nationale.
C’est surtout l’insuffisance du contrôle qui explique l’informel, a souligné le FCE.
Les enquêtes réalisées indiquent que le secteur informel occupe 1,78 million de personnes, soit presque 22%, pour une population occupée totale de 8,25 millions de personnes.
Les revenus nets du secteur informel se situeraient entre 300 et 600 milliards DA (17% de l’ensemble des revenus primaires nets des ménages).
Ce montant correspond à 13% du PIB hors hydrocarbures. Pour le forum, il y a une perte de recettes budgétaires et de recettes pour les organismes de sécurité sociale estimées respectivement à 42 milliards DA pour l’IRG, 22 milliards DA pour la TVA et 120 milliards DA pour les prélèvements de la sécurité sociale.
Les enquêtes du FCE ont relevé aussi les dysfonctionnements dans le secteur commercial et de la distribution désorganisée échappant à tout contrôle.
Par Farouk Belhabib