Restaurer l’autorité de l’Etat
La contrefaçon continue de proliférer en Algérie, faute d’une lutte implacable contre le phénomène. Elle se pratique à ciel ouvert via, en particulier, les marchés d’El-Hamiz à Alger et Dubai à El-Eulma. Ces territoires libérés des règles universelles du commerce loyal – la facture et la garantie du produit – commercialisent depuis fort longtemps des produits dangereux pour la sécurité et la santé des citoyens, sans que les services de contrôle interviennent pour mettre fin à ces transactions “toxiques”.
Résultat : l’Algérie enregistre des centaines de morts annuellement pour inhalation de monoxyde de carbone due à l’utilisation d’appareils de chauffage contrefaits et défectueux. Paradoxalement, cette situation dramatique n’a pas conduit les pouvoirs publics à donner un coup de pied dans la fourmilière et restaurer l’autorité de l’Etat sur ces royaumes de l’informel.
Mais attention, la contrefaçon n’est pas circonscrite à ces hauts lieux de l’économie souterraine. Elle est omniprésente dans les multiples marchés informels, mais également chez des revendeurs de produits électroménagers, de pièces de rechange… Elle se pratique au vu et au su de tout le monde. En fait, la difficulté de contrecarrer la contrefaçon se situe à l’amont. Dans les ports, les services de contrôle ne sont pas suffisamment outillés et formés pour constituer une barrière étanche à l’introduction de produits contrefaits.
La mise en service retardée depuis plusieurs années d’un laboratoire d’essais pour vérifier la conformité des produits industriels importés dénote un manque évident de volonté politique. En attendant, la mise en réseau des différents laboratoires de contrôle paradoxalement n’est pas mise en œuvre. Ce facteur s’ajoute à la faiblesse des contrôles dissuasifs.
Autre inconvénient : les propriétaires des marques étrangères sont pour la plupart absents du territoire algérien. Alors qu’ils devraient être en première ligne pour défendre leurs produits contre les imitations, observe un spécialiste. Cette lacune commence à être comblée à travers les conventions signées entre les Douanes et les entreprises concernées. Mais tout cela reste encore nettement insuffisant. Le phénomène a pris une telle ampleur que seule une coordination intersectorielle efficace (ministère de l’Intérieur, ministère du Commerce, Douanes, Gendarmerie nationale, impôts, banques) pourrait inverser la tendance.
Encore faut-il que l’Etat affiche sa détermination à lutter contre le phénomène sur le terrain. Car il y va de la sécurité et de la santé du citoyen.
K. R
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