Au moment où l’opinion médiatique internationale toute entière s’est indignée contre les agressions dont ont fait l’objet l’équipe nationale algérienne et ses supporters au Caire on ne peut que s’étonner devant la passivité outrageante dont a fait preuve la Fifa, se contentant de cette correspondance laconique et sans queue ni tête adressée la veille du match aux Egyptiens pour leur demander de garantir par écrit la sécurité aux Algériens à l’occasion de ce match.
Dimanche sur la chaîne de télévision française France 2, les journalistes présents sur le plateau ainsi que l’ex-international Emmanuel Petit ont condamné l’inertie pour le moins mystérieuse de la fédération internationale face à ces actes barbares qui n’ont pas droit de cité dans le football.
D’autant ont-ils rappelé que l’instance de Joseph Blatter a été nettement plus prompte pour sanctionner Maradona auteur de quelques malheureuses paroles sur un terrain. On sait tous que les paroles sont moins blessantes et surtout moins dangereuses pour les vies que tous les projectiles avec lesquels ont été agressés les joueurs de l’équipe nationale et leur staff lors de leur arrivée au Caire.
Il n’était point besoin d’être Sherlock Holmes ou Colombo pour comprendre que la forfaiture était prémédité et savamment orchestrée par la bande à Zaher, ce sinistre individu qui trône à la tête de la Fédération égyptienne de football et qui n’a pas arrêté de conditionner l’opinion publique du Caire et de la chauffer à blanc en lui faisant avaler les pires mensonges, comme celui de cette soi-disant intoxication alimentaire dont auraient été victimes les Egyptiens à Alger alors qu’ils étaient hébergés dans un hôtel d’une chaîne internationale haut standing, en l’occurrence le groupe Accor, et qu’à ce niveau, les risques de bavures de ce genre sont au degré zéro.
Cependant, cela avait bien évidemment servi à ce lascar pour endoctriner ce peuple ignorant du football égyptien et à accroître sa haine envers l’Algérien. Quelles preuves supplémentaires fallait-il à la Fifa pour que ce match du 14 novembre soit renvoyé au 18 et délocalisé dans un lieu où la sécurité des uns et des autres ne serait pas compromise ? En agissant de la sorte et en faisant preuve de complaisance qui ne dit pas son nom envers l’Egypte, M. Blatter et ses compères sont-ils au moins conscients qu’ils se sont engagés dans un véritable jeu de roulette russe car ils étaient sans doute à mille lieues de se douter qu’on allait déboucher sur un match d’appui qui de surcroît se déroulerait au Soudan, un pays qui n’a peut-être ni l’expérience ni les moyens pour juguler une bataille très probable entre les supporters égyptiens et algériens et ce quel que soit le résultat final de la rencontre de mercredi.
En faisant une fleur à son ami Zaher, le président de la Fifa a-t-il au moins songé aux conséquences que va engendrer cette indulgence indélicate ? On aurait été tenté de le croire eu égard au niveau d’analyse dont fait habituellement preuve le président de l’instance mondial du football. Mais le cas échéant, que risque-t-il ? Rien de plus que quelques supporters morts ou blessés pour avoir été présents au mauvais endroit (Khartoum) et au mauvais moment (à l’heure du match). Ensuite, la Fifa pourra toujours se refaire une virginité en adressant une correspondance aux Egyptiens pour leur adresser une autre mise en garde… une dernière pour la route, comme on dit, avant de sortir de l’auberge.