L’industrie peine à décoller et ne participe qu’à hauteur de 5% dans le produit national brut. Une situation expliquée par le ministre de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, par le fait que le tissu industriel public n’exploite que 40 % de ses potentialités de production.
Les pouvoirs publics entendent, dans ce sens, lancer un programme d’envergure destiné à réhabiliter le patrimoine industriel national lequel compte 400 entreprises publiques qui emploient 120 000 travailleurs.
Néanmoins, mise à niveau ou pas, l’industrie nationale pâtit d’handicaps sérieux, ayant trait notamment aux ruptures d’approvisionnement répétitives et aux personnels manquant de compétence de façon flagrante.
C’est ainsi que la dernière enquête de l’Office national des statistiques ayant touché un échantillon de chefs d’entreprises publiques et privées fait ressortir toute la difficulté que ces derniers ont à recruter.
Dans son rapport, l’ONS précise que près de 83% des industriels publics et 82% des privés jugent qu’en embauchant du personnel supplémentaire, les entreprises ne vont pas produire davantage. Aussi, près de 10% des chefs d’entreprises du public et 20% de ceux du privé déclarent, d’autre part, trouver des difficultés à recruter surtout le personnel d’encadrement et de maîtrise.
Quelque 27% des patrons publics et près de 30% des privés jugent que le niveau de qualification du personnel « est insuffisant », selon l’enquête de l’ONS. Les difficultés des patrons ne s’arrêtent pas là, d’autant plus que les nouvelles mesures encadrant le commerce extérieur ont eu un impact certain pour leur approvisionnement en matières premières.
C’est ainsi que le rapport de l’enquête de l’Office, qui a touché 740 entreprises dont 340 publiques et 400 privées, précise que le niveau d’approvisionnement en matières premières reste inférieur aux besoins exprimés, selon 50% des industriels publics et près de 22% de ceux du privé.
En conséquence, près de 53% du potentiel de production du secteur public et 23% de celui du privé ont enregistré des ruptures de stocks ayant causé des arrêts de travail de plus de 30 jours à près de 28% des entreprises publiques, et à plus de 37 jours pour celles du privé.
De fait l’enquête, qui porte sur le type et le rythme de l’activité industrielle et non pas sur la production, révèle que plus de 51% du potentiel de production du secteur public et plus de 40% de celui du privé ont utilisé leurs capacités de production à moins de 75%.
Sur un autre plan, près de 47% du potentiel de production du secteur public et près de 27% du privé ont enregistré des pannes d’électricité, ayant provoqué des arrêts de travail inférieurs à 6 jours pour la majorité des entreprises concernées des deux secteurs.
Les prix de vente ont connu une hausse, selon le secteur privé et sont restés relativement stables, selon le secteur public. La demande en produits fabriqués a aussi augmenté au cours du 1er semestre 2010 pour les deux secteurs. Plus de 86% des chefs d’entreprises privées et plus de 56% de ceux du public ont déclaré avoir satisfait toutes les commandes reçues, précise l’enquête.
En outre, la majorité des chefs d’entreprises des deux secteurs déclare avoir des stocks de produits fabriqués, situation jugée « normale » par près de la totalité des entrepreneurs publics et par près de 62% de ceux du privé.
Quant aux effectifs, ils continuent de chuter en raison des départs en retraite non remplacés, selon les représentants du secteur public. En revanche, ils continuent d’augmenter suite à l’installation de nouvelles capacités, à la hausse du volume des commandes et l’amélioration des conditions de production, selon les représentants du privé.
Pour le deuxième trimestre 2010, la trésorerie des entreprises est jugée « bonne », selon 44% des chefs d’entreprises du public, et « normale » selon plus de 70% de ceux du privé. En 2009, près de 59% des représentants du secteur public et 91% de ceux du secteur privé ont déclaré avoir réalisé des bénéfices, note l’enquête.
Par ailleurs, « l’allongement des délais de recouvrement des créances, les charges élevées, le remboursement des emprunts continuent d’influer sur la situation de la trésorerie des entreprises », avertit l’enquête. Selon la même enquête, plus de 58% du potentiel de production du secteur public et plus de 30% de celui du privé ont eu recours à des crédits bancaires, et près de 46% des chefs d’entreprises du public et près de 11% de ceux du privé ont trouvé « des difficultés à les contracter ».
Par ailleurs, l’enquête précise que 62% du potentiel de la production du secteur public et près de 35% de celui du privé ont connu des pannes d’équipements, dues essentiellement à la vétusté et au manque de maintenance. Ces pannes, signale la même source, ont occasionné des arrêts de travail de plus de 6 jours pour plus de 76% des entreprises publiques interrogées au cours de cette enquête de l’ONS, et pour plus de 30 jours pour près de 41% des entreprises privées
Près de 72% des représentants du public et 63% de ceux du privé déclarent pouvoir produire davantage en renouvelant l’équipement et sans embauche supplémentaire du personnel, et seulement 15% du public et 11% du privé affirment pouvoir produire davantage seulement « en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension ».
Côté prévisions, les chefs d’entreprises des deux secteurs prédisent de bonnes perspectives de la production, de la demande et des prix de vente. Toutefois, les industriels du secteur public prévoient une baisse des effectifs contrairement à ceux du privé qui misent sur une augmentation, selon l’enquête.
Samira G.