L’indigence offensive, éternel problème algérien

L’indigence offensive, éternel problème algérien

Tant d’essais ratés et qui témoignent, à juste titre, du manque de flegme et de maîtrise des attaquants mouloudéens quand ils sont en situation de marquer le Club Africain de Tunis.

Le relâchement de Younes Sofiane et de Mohamed Amroune, en seconde période de jeu, prouve si besoin est que les avants du doyen des clubs sont incapables de garder le même rythme de jeu et la même vivacité jusqu’au bout.

Il y a lieu de noter le bon comportement des deux pivots, Abdelmalek Mokdad et Hamza Koudri qui étaient au four et au moulin et qui sont la vraie plaque tournante dans le dispositif du vieux club algérois, aux côtés d’un Nassim Bouchama égal à lui-même dans un poste inhabituel et remplissant convenablement son double rôle de stratège et de défenseur de l’équipe.

Ceci ne contrarie pas le staff technique tenu par une obligation d’absence de taille de résultat, au détriment de la manière, comme l’a si bien dit le coach Alain Michel : «Nous avons joué pour la victoire et rien que pour la victoire et le trophée. Dans ces conditions, la manière importait peu quand nos joueurs se montrent capables de préserver leur avantage, de gérer le match à leur guise et d’aller jusqu’au bout de leurs intentions.» Ce n’était pas malheureusement le cas des enfants de bab El Oued et de leur coach Alain Michel qui a déclaré, l’air dépité et encore sous le choc de la défaite : «Le but précoce de Amir Lakrout en seconde période a, certes, entamé notre moral et a chambardé nos plans, mais ce n’est pas une raison suffisante pour perdre tous nos repères, notre sang-froid et notre lucidité devant les bois adverses. L’appréhension de mes joueurs était injustifiée, à bien des égards, et n’explique pas notre indigence offensive, surtout en deuxième mi-temps.»En effet, désarçonnés par ce but précoce, les Vert et Rouge mirent beaucoup de temps à reprendre leurs esprits et entrer timidement dans le match.

Quelques contres mal appuyés, quelques tirs de loin et mal cadrés et le tout ponctué par des maladresses de tout genre. Preuve que le mental n’était pas serein et que le sens de l’organisation n’était pas le point fort des Brahim Boudebouda et consorts qui ont pratiquement perdu leur duel avec leurs vis-à-vis et se sont montrés approximatifs au moment

de conclure.Quelques satisfactions sont à relever tout de même du côté des Algériens qui se sont bien battus en première période. Ils auraient dû faire la différence à ce moment précis. Ils se sont montrés combatifs et menaçants parfois, avec Hamza Zeddam, assez intraitable en défense et d’un grand secours en attaque, et Farid Daoud et Douadi, assez utiles dans la récupération et la relance. A l’aller, à Tunis, ils se sentaient mieux, même si le succès n’avait pas été au rendez-vous. Mais à Alger, le réalisme, la rigueur et l’efficacité n’ont pas fini par frapper. Tant pis pour le football sans joie, et d’ailleurs, le Mouloudia n’en a que faire. L’extraordinaire et impertinente aisance tactique avec laquelle les Algérois ont pris la mesure des Clubistes, et cette accablante supériorité physique dégagée tout au long de la première période, ne devaient pas faire oublier que, jusqu’au joli but de Lakrout, la balance du match fut pleinement égale, et parut même, par moments, pencher du côté des footballeurs en vert, assez généreux, mais pas assez lucides.

Au retour des vestiaires, le staff technique avait opté pour un autre choix : mettre le barbelé devant la cage. Cette résolution n’a pas été payante. Mais une question taraude bien des observateurs : pourquoi est-ce que l’équipe du MC Alger n’osait pas utiliser à plein son avantage ? Il lui suffisait pourtant d’appuyer sur la pédale pour créer le danger comme l’a fait le petit lutin Daouadi. Les dernières minutes furent pénibles, les requins attaquaient les Clubistes de toutes parts, mais le bateau algérois, comme quasiment à chaque rencontre capitale, ne s’en sort pas bien. Avec une telle coque, facile à noyer, le naufrage attendait chaque grosse vague. Mais, ce n’est après tout qu’un accident de parcours pour les Mouloudéens, courageux et capables de remonter rapidement la pente.