The Linde Group, leader sur le marché mondial des gaz industriels, est le plus grand investisseur allemand en Algérie. Il faut dire qu’il n’a pas attendu les réformes et l’ouverture économiques pour venir s’y installer.
En effet, elle est présente dans notre pays depuis une quarantaine d’années et cela remonte aux années 1970 à travers ses activités d’engineering, notamment la construction d’usines, surtout celles relatives aux séparations d’air.
Par la suite, The Linde Group a signé en 2002 un accord d’association avec l’entreprise nationale d’hydrocarbures Sonatrach, portant création de la société Helison Production pour la production et la commercialisation d’hélium, ce qui a donné naissance en 2003 à une unité de production dans la wilaya de Skikda. L’investissement a porté sur 90 millions d’euros dont 51% des actions sont détenues par The Linde Group.
Helison Production SPA est entré en production en 2006. Le groupe est également présent dans le secteur de l’hydraulique via sa filiale Linde KCA, ayant déjà réalisé une station de dessalement de l’eau de mer pour le compte de l’Algérienne des eaux (ADE). The Linde Group a renforcé sa présence en Algérie en 2007, suite au rachat de 66% des actions de l’ex-Entreprise nationale des gaz industriels (ENGI).
Le reste des parts, soit 34%, est détenu par la partie algérienne représentée par la Société de gestion des participations de l’Etat chimie pharmacie (Gephac).
L’engagement réaffirmé de Linde Group
Ne disposant pas d’une plate-forme de production et de développement en Afrique du Nord, The Linde Group a choisi l’Algérie comme une base stratégique afin d’opérer son expansion et d’en faire un centre de rayonnement dans cette région du monde. A ce titre, Mme Amelia Zinke a été nommée directrice finances, intégration et relations extérieures Afrique du Nord à The Linde Group.
Dans le volet gaz industriels, Linde Gas Algérie (LGA), filiale de The Linde Group, s’est engagée, en effet, lors de la signature du contrat, à investir une somme de 50 millions d’euros pour l’exercice 2008/2012 conformément au contrat de cession d’actions. Mais en vérité LGA s’apprête à investir encore 30 millions d’euros supplémentaires pour réaliser l’ensemble de ses projets pour une période ultérieure à 2012 mais cela demeure, pour le moment, «une option».
Dans une récente déclaration que nous avons recueillie à l’occasion de la visite de la ministre déléguée de l’Economie de la Bavière, Mme Katja Hessel dans notre pays, The Linde Gas Algérie (LGA) a réaffirmé cet engagement contractuel concernant l’investissement de l’enveloppe financière contenue dans le contrat de cession d’actions. «Nous sommes en train de travailler sérieusement afin de respecter tous nos engagements et obligations conformément au contrat de cession d’actions», explique Mme Amelia Zinke.
La mission assignée à cette entreprise est l’approvisionnement du marché algérien en gaz industriels. Cependant, la priorité de The Linde Gas Algérie est de fournir en quantité suffisante de gaz médicaux pour le besoin des hôpitaux algériens.
C’est ce souci permanent qui mobilise les équipes de LGA «afin d’éviter toute rupture de stock» comme en mars 2009 où une pénurie de gaz de protoxyde d’azote et d’oxygène a été enregistrée au niveau de certains hôpitaux algériens. Une rupture, cependant «brève et inattendue», qui a soulevé tout de même un tollé dans le milieu hospitalier au point que «certaines parties ont appelé à l’importation de ces produits.
Une option extrême qui n’arrange pas LGA et à plus forte raison l’économie nationale, puisque la pénurie n’était pas due à l’incapacité de production de l’entreprise mais à des difficultés liées à l’obtention des autorisations relatives à l’acheminement de la matière première». Cela a été couplé «au problème des coupures fréquentes de courant électrique qui engendrent des pannes au niveau des unités de production».
Linde Gas Algérie a surmonté ces difficultés et est allé de l’avant afin de répondre aux besoins de ses clients. Mme Zinke explique : «Ce qui a été rapporté dans certains titres de la presse nationale était un peu choquant. Le problème de l’approvisionnement a été indépendant de notre volonté.
La difficulté est liée à l’approvisionnement et à l’acheminement de la matière première, comme le nitrate d’ammonium, depuis l’usine Fertial d’Arzew. Il a fallu du temps pour régler ce problème de transport de ces produits soumis à une autorisation des autorités et une escorte de la Gendarmerie nationale. Tout cela nous a occasionné des retards d’approvisionnement». Cependant, le problème a vite été réglé et l’approvisionnement a repris de manière pérenne et régulière.
Couverture des besoins nationaux en gaz industriels
Cette entreprise, soucieuse de mener à bien ses missions, modernise ses usines et en met d’autres en place tout en introduisant des standards de gestion internationaux comme par exemple la norme SHEQ relative à la sécurité industrielle, l’environnement et le management de qualité.
Linde Group travaille aussi à la mise en place d’un système d’information lui permettant une gestion harmonisée de ses unités. Ce projet ne tardera pas à voir le jour en dépit de quelques difficultés liées à l’installation de lignes de communication.
«Nous travaillons pour solutionner ce problème», affirme Mme Zinke. The Linde Group envisage aussi, toujours dans le cadre de ses investissements en Algérie, la réorganisation de ses circuits de commercialisation et de distribution, l’amélioration et l’élargissement de sa gamme de production.
Il y a aussi la construction d’un nouveau siège de la direction générale de cette entreprise. «Cela ressort d’une stratégie élaborée à long terme par The Linde Group», souligne encore Mme Zinke, et l’entreprise «remplira et dépassera sans aucun doute ses engagements d’investissement».
En effet, nous informe-t-elle, une enveloppe de 200 millions d’euros a été investie dans différents projets.
La responsable, tout en rappelant l’importance des gaz industriels pour le développement d’une économie en raison de ses applications dans divers domaines d’activité industrielle, a souligné la volonté de son entreprise d’investir davantage dans notre pays. Sinon «pourquoi dépenser autant d’argent depuis des années et pourquoi un nouveau siège pour la société qui est en cours de construction ?», s’interroge-t-elle.
C’est là une volonté «de rester et de développer nos activités», affirme encore Mme Zinke, qui estime que le marché algérien est très intéressant. «Il y a beaucoup de projets qui sont sue le point d’être engagés, notamment a la faveur du programme quinquennal 2009/2014 qui intéresse fortement les Bavarois en particulier et les Allemands en général», confie-t-elle.
L’entreprise veille aussi au transfert des technologies avec sa stratégie de recrutement de cadres au niveau local.
C’est le cas de l’Algérie où The Linde Group privilégie le transfert de savoir-faire aux compétences nationales qui prendront, par la suite, les commandes. «Nous développerons toute la filière gaz et nous mettons également à niveau la société avec un fonctionnement qui permet à nos clients un service de qualité», a indiqué Mme Amelia Zinke. Elle rassure de nouveau que The Linde Gas est en mesure de couvrir tous les besoins de l’Algérie en gaz industriels et qu’il n’y a pas lieu d’avoir recours à l’importation.
«Ce serait trop lourd, trop coûteux et pourrait obérer la production nationale avec les conséquences subséquentes.» De plus, l’importation de gaz industriels «est trop compliquée pour des raisons de difficultés liées à la sécurité et aux volumes considérables qu’il faut devoir transporter».
Si, toutefois, la PCH «entend importer dans un premier temps et puis produire du protoxyde d’azote, comme elle l’a déjà annoncé, cela entraînera nécessairement l’arrêt de la production de Linde Gas Algérie. Mais nous espérons être loin de ce schéma car notre volonté est de rester et d’investir à long terme en Algérie», a conclu Mme Zinke.
Par Badiaa Amarni