L’incurie et l’Aïd ont montré l’ampleur de la désorganisation des transports, la gravité des infractions et la léthargie des responsables Le wali sévira-t-il comme il l’a promis ?

L’incurie et l’Aïd ont montré l’ampleur de la désorganisation des transports, la gravité des infractions et la léthargie des responsables Le wali sévira-t-il comme il l’a promis ?

Comme chaque année, et à pareilles occasions –l’Aïd, saison estivale ou long week-end-, le transport est demeuré le problème principal auquel ont été confrontés aussi bien les Oranais que ceux qui sont venus rendre visite à des proches.

La semaine passée, à l’occasion des fêtes de l’aïd, les habitants de la wilaya, toutes communes confondues, l’ont encore vérifié à leurs dépens.Dans tous les quartiers et sur toutes les lignes, le constat était le même: pas de bus sinon très peu.

Même les taxis réguliers étaient absents, laissant le champ libre aux transporteurs clandestins ou à de nouveaux venus sur le marché pour profiter des défaillances des services publics auquel les responsables, direction des Transports en tête, semblent accorder très peu d’attention, comme pour laisser usagers et prestataires se débrouiller.

La direction des Transports n’est pas la seule coupable. L’UGCAA, prompte à se faire le porte-voix des commerçants, et dans ce cas des chauffeurs de taxi, aime parader devant les médias, comme pour tenter de se faire une place au soleil. En mal de notoriété, et profitant de la moindre occasion pour convoquer la presse pour faire part aux Oranais des importantes décisions prises ou des mesures arrêtées pour veiller au bien-être des citoyens, l’UGCAA a prouvé qu’elle n’a aucune audience quand il s’agit de commander ses troupes.

L’Algérien et l’Oranais en particulier –encouragé par le laxisme des autorités quand il s’agit de faire respecter l’ordre et le service publics- en profitent pour agir à leur guise. Verra-t-on, un jour, les taxis se garer dans les stations qui existent à travers la cité, pour satisfaire une clientèle qui est, quoi que l’on dise, connaisseuse ? Verrons-nous, un jour, un citoyen héler un taxi et le voir s’arrêter pour le conduire là où il le désire, car telle est son devoir et sa raison d’être ? Verrons-nous, enfin, l’UGCAA prendre des sanctions effectives et voir ses directives suivies ?

Qui peut se vanter d’avoir vu des taxis de permanence à la gare ferroviaire, dans les gares routières, devant les hôpitaux ou même à la sortie de théâtre pour permettre à ceux qui aiment aller voir une représentation, sans le regretter car passant une partie de la nuit à galérer ? Très peu de gens, et pourtant ce ne sont là que quelques aspects qui font d’une ville, une cité moderne.

SÉVÈRE RÉQUISITOIRE DE LA RUE

Qui peut témoigner que nos transporteurs, urbains s’entend, sont honnêtes et ne sont animés que par un seul et unique souci: respecter les clauses d’un cahier des charges pour lesquels ils ont bataillé dur pour pouvoir exercer ce noble métier, à savoir servir les autres ? Partout et de quel que côté que l’on se tourne, il n’y a que des plaintes.

Pour tout: l’insécurité, le manque de respect envers les usagers -les jeunes filles en particulier-, le respect des arrêts et des horaires, et tout le reste pour lequel nous avons consacré des dizaines d’articles sans faire réagir qui que ce soit.

Un citoyen, dépité de voir le pourrissement se généraliser et s’aggraver, dira: «Quand on achète des lignes et que l’on peut acheter n’importe quoi et n’importe qui, n’espérez pas voir ces véreux changer de comportements». Un autre nous dira: «Je suis un fidèle lecteur de votre journal et j’apprécie la pertinence de vos écrits, mais je doute qu’ils fassent le poids devant un rapport adressé à qui de droit qui affirme que tout va bien.

Pensez-vous que nos responsables désirent fouiner et creuser dans des dossiers qui risquent de déboucher sur des situations encombrantes, pour eux et pour beaucoup de personnes ? Mieux vaut ignorer ce qui s’écrit, cela donne l’impression que la presse est libre puisqu’on écrit sur des sujets tabous, alors qu’il n’y a rien de tabou, puisqu’il s’agit de réalités quotidiennes vécues par les victimes de ces responsables».

LA SOCIÉTÉ CIVILE ?UN ALIBI…

Récemment, encore, l’Echo d’Oran a couvert la naissance de l’Organisation de la société civile –et il a été le seul organe de presse à le faire-, même s’il a émis des réserves sur les capacités de cette nouvelle organisation à devenir une force de propositions.

Le propos n’est pas de faire le procès de tout et de tous, mais de mettre le doigt sur la plaie: la distribution des cartes est biaisée et les dés sont pipés.

La société civile n’a aucun poids car pour l’être son action ne doit pas dépendre de personnes guidées par une ambition aussi démesurée que malsaine et qui feront superposer l’intérêt général sur leurs intérêts personnels, d’une part, et d’autre part, par le fait que les associations ne sont pas financièrement autonomes pour peser sur les décisions.

A titre indicatif, un seul président d’APC sur les 26 que compte la wilaya, était présent. Nous ne ferons pas l’affront aux absents de citer le maire qui était présent, mais nous sommes en droit de penser tout l’intérêt et la considération qu’accordent ces représentants du peuple à cette société civile qui, pourtant, sera après la levée de l’état de siège, le partenaire privilégié et l’indicateur de la maturité de ceux qui ont entre leurs mains nos destinées.

Le président de l’APW, M. Hadjoudj, avait rappelé ce jour à l’hôtel Sheraton, que dans les pays qui se respectent, la société civile a un poids et une capacité de mobilisation supérieurs à ceux des partis politiques, et que nombre de ministres dans les gouvernements démocratiques en étaient issus. Que l’UGCAA s’amuse à sanctionner les chauffeurs de bus, et on verra si cette vérité s’applique à Oran !

Dans des publications précédentes, nous avons évoqué et dénoncé –photos et matricules des bus à l’appui- des comportements de chauffeurs qui effectuaient des manœuvres dangereuses sur la voie publique, ou franchissaient des bandes de séparation sur des voies express, des manœuvres qui sont sanctionnées par le dernier code de la route qui a été durci, par au moins un retrait du permis de conduire.

Comment convaincre qu’un mastodonte effectue de telles infractions sans être vu au moment où des conducteurs ont vu leur permis leur être retiré sur une simple présomption d’usage du téléphone portable ?

Nous sommes étonnés que la direction des Transports n’ait pas réagi en, à minima, publiant un communiqué annonçant des sanctions contre ces contrevenants. Si le responsable du secteur, qui doit certainement lire nos écrits, n’a rien fait, les chauffeurs des bus qui lisent les mêmes articles ont tiré la leçon: il y a impunité totale. Conséquence, il y a quelques jours, un chauffeur de bus n’a rien trouvé de mieux, pour passer, que rouler sur le trottoir.

La scène a eu lieu sur l’avenue d’Arcole, durant les derniers jours de Ramadhan, et nous nous attendons, au vu de ce que vivent les usagers des transports urbains, à faire mieux, dans le pire, bien sûr. Deux jours plus tard, un autre bus de la ligne 34 s’est arrêté en plein milieu de la chaussée pour débarquer des passagers, ce qui a failli provoquer un drame quand un chauffeur pressé a failli écraser ceux qui en descendaient.

La fameuse numérotation qui devait interdire les rodéos et les dépassements en ville a-t-elle servi à quelque chose ? Un constat bien révélateur de l’état d’esprit de ceux qui sont chargés de l’ordre sur le terrain et non dans leurs classeurs qui contiennent des centaines de notes du genre.

QU’EN PENSEZ-VOUS M. BOUDIAF ?

Tout de neuf vêtus et heureux, les enfants accompagnés de leurs parents, ont passé de longs moments cloués aux arrêts de bus, attendant un éventuel moyen de transport public ou un taxi pour pouvoir se déplacer.

C’est pratiquement la même scène qui se reproduisait dans toutes les rues d’El Bahia, et dans les villages environnants pendant les jours de l’Aïd el Fitr.

Pour les habitants des localités lointaines, rejoindre Oran est une gageure, un pari difficile à gagner, car les bus ont déserté leurs lignes. Cette situation a donné l’impression que l’on vit dans un cimetière, et tant pis pour ceux qui n’ont pas de voitures pour aller rendre visite à leurs proches et faire profiter leurs enfants des bienfaits de Silet Er Rahim que les imams se sont évertués à encourager durant leurs prêches.

Des centaines de conducteurs et de receveurs ainsi que de patrons transporteurs étaient aux premiers rangs dans les mosquées !

Des lignes comme le B, 51, 49, U, 34 et 59 ainsi que les celles desservant les zones de loisirs tels que le parc d’attractions, le Jardin public et le nouveau manège qui se trouve face au Sheraton Hôtel, ont prouvé tout le mépris qu’ont leurs exploitants et pour les responsables du secteur, ceux de l’UGCAA et la loi. Une catastrophe et des défaillances dignes de pays en dessous de la ligne du sous-développement, comme s’il n’y avait pas d’autorités.

Certes, le même schéma a dû se reproduire dans d’autres wilayas, ce qui est plus grave, mais le propos n’est pas de faire le procès du pays, mais de rappeler aux responsables locaux leurs engagements. Elus locaux, et haut commis de l’Etat ont multiplié les réunions et les briefings, sans que les résultats suivent sur le terrain.

La mascarade de l’été, pour lequel des milliards ont été dépensés, des réunions d’évaluation, et des budgets conséquents débloqués, a prouvé le modus vivendi et la technique infaillible du dos rond pour laisser passer l’orage, quand il s’agit de remontrances en matière de gestion et de management. Certes, le wali a fait ce qu’il a pu, et continue de déployer des efforts. Ce n’est pas suffisant.

Le 26 mars 2011, et en réponse aux préoccupations des citoyens concernant plusieurs problèmes qui influent sur la vie de tous les jours, même professionnelle et familiale, le wali avait, lors d’un point de presse, réuni tous les responsables qui interviennent dans la résolution de ces problèmes.

Il s’agit du transport, la collecte des ordures, les horaires de passage des camions de ramassage, le comportement incivique des citoyens et la responsabilité des responsables locaux, les services d’hygiène communaux en tête, les actes de propriété, l’état des lieux le long de la voie ferrée Oran-El Mohgoun, nouvellement inaugurée, ont retenu l’attention de M. Abdelmalek Boudiaf. Face aux multiples défaillances, le wali avait averti les responsables locaux, et déclaré: «Vous allez souffrir !» Est-ce le cas ?

Hakim Djaziri