L’incroyable évasion de Mohamed Amra: 9 mois de cavale, 2 morts, 36 arrestations à travers l’Europe

L’incroyable évasion de Mohamed Amra: 9 mois de cavale, 2 morts, 36 arrestations à travers l’Europe

Un an s’est écoulé depuis le 14 mai 2024, un jour où la France a été bouleversée par l’évasion sanglante de Mohamed Amra, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires. Sa fuite de neuf mois s’est achevée par son arrestation en Roumanie et l’incarcération d’une trentaine d’individus.

Ce qui a débuté par une simple fuite a rapidement dégénéré en une violente attaque, coûtant la vie à deux agents pénitentiaires de 34 et 52 ans. La traque de « La mouche« , ennemi numéro un de la France, s’est achevée neuf mois plus tard en Roumanie, avec son arrestation et celle d’une trentaine de personnes impliquées dans cette affaire.

Suite à un signalement des services de renseignement et une vaste opération mobilisant une centaine de policiers, Mohamed Amra, âgé de 30 ans, a été arrêté en Roumanie le 22 février 2025. Né à Rouen et ayant grandi dans le quartier populaire de la Sablière, ce fils d’immigrés algériens a connu un parcours scolaire difficile, marqué par son expulsion du collège. C’est durant cette période qu’il a acquis son surnom « La mouche« , en raison de son hyperactivité.

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Un casier judiciaire spectaculaire

Mohamed Amra a un lourd passé judiciaire qui a commencé dès son jeune âge (11-14 ans) avec 19 mises en cause pour divers délits (port d’arme, vol, extorsion, trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs), restées sans suite jusqu’à sa première condamnation à l’âge de 14 ans pour vol en réunion.

Son casier judiciaire s’est ensuite alourdi avec des condamnations pour des conduites sans permis, recel, tentative de vol avec effraction, refus d’obtempérer et remise d’objets à un détenu.

Mohamed Amra

Mohamed Amra, surnommé La Mouche, arrêté le 22 février 2025 en Roumanie.

Incarcéré depuis janvier 2022 à Évreux pour plusieurs peines, il était également en détention provisoire dans des affaires de meurtre en bande organisée à Marseille et de tentative d’assassinat à Rouen, pour laquelle il était entendu juste avant sa spectaculaire évasion.

Un bilan particulièrement sanglant

Le 14 mai 2024, à 10 h 56, une violente attaque au péage d’Incarville a marqué le début d’une tragédie pour l’administration pénitentiaire. Une voiture a percuté un fourgon escorté, et quatre hommes armés ont surgi, tuant deux agents et blessant trois autres.

Par ailleurs, cet assaut, qualifié de « paramilitaire« , a permis l’évasion de Mohamed Amra, suspecté d’un meurtre lié à une affaire de trafic de stupéfiants. Des tentatives de fuite ont été déjouées les jours précédents, notamment : le 7 mai près d’Évreux et le 13 mai dans sa cellule.

Avant l’attaque, des menaces de sa part concernant un paiement avaient circulé. Après l’assaut, le commando armé et Amra ont disparu, ce dernier étant alors considéré comme « le plus grand bandit » par le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin.

L’ADN sur une bouteille, point de départ de la chute de « La Mouche »

Suite à cette opération, la JUNALCO a déployé d’importants moyens humains et matériels. Un témoin a signalé deux suspects près du tribunal à Rouen avant l’évasion. Et l’ADN de l’un deux, en l’occurrence Alexandre.G., a été retrouvé sur une bouteille, le reliant ainsi au commando via la vidéosurveillance d’Incarville.

L’enquête a également permis d’identifier des « téléphones de guerre«  utilisés pendant l’attaque puis abandonnés. De plus, l’analyse de la cellule d’Amra a révélé son usage quotidien de Snapchat et Leboncoin. Ces connexions ont permis d’identifier ses complices présumés.

Malgré l’avance de Mohamed Amra, qui aurait transité par Compiègne et Rouen, l’enquête de la JUNALCO a permis de resserrer l’étau sur « une organisation criminelle déterminée » qualifiée d’inédite par les autorités judiciaires françaises.

Finalement arrêté à Bucarest le 22 février et extradé à Paris, Amra a vu son réseau se démanteler avec l’arrestation de 36 complices. La justice pense avoir identifier les six membres du commando, notamment : Alexandre G. et Camyouque M. arrêtés en France, Adonis C. (Thaïlande), Fernando D. (Espagne, suspecté d’être le tireur), Alan G. (en attente d’extradition du Maroc) et Nixon M. (décédé).

D’autres figures clés ont été également appréhendées, comme Jean-Charles P., soupçonné d’avoir orchestré l’évasion depuis sa prison, Oltjon O., arrêté pour son rôle dans la fuite en Roumanie, et le rappeur Koba LaD mis en examen pour sa possible contribution au financement de cette cavale.

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