L’impasse des solutions de facilité

L’impasse des solutions de facilité

Il aura le mérite d’avoir été clair, franc. Sans plus. Le Premier ministre vient de montrer que face à la crise économique, il n’a en fait aucune solution viable à long terme. Rien, sinon des «plans sur la comète», comme celui d’aller chercher des financements, qui vont accentuer le marasme, ou des hydrocarbures dangereux, et en hypothéquant les dernières ressources difficilement récupérables de la Nation.

Ahmed Ouyahia, en fin de compte, n’a aucune baguette magique et n’est ni Merlin ni un «djinn», mais un simple Premier ministre qui veut s’en sortir au plus vite. Quitte à aller, une fois encore, vers les solutions de facilité, celles-là mêmes qui font que le pays est une fois encore à genoux et n’arrive pas à s’affranchir, en dépit des multiples avertissements de l’Histoire économique récente du pays, de l’addiction au pétrole et au gaz. Non, Ouyahia fait comme ses prédécesseurs, il ne réfléchit qu’à court terme, comme un dentiste qui sacrifie une dent qui aurait pu être récupérée. En déclarant l’intention de son gouvernement de rouvrir le dossier de l’exploitation des gaz de schiste, Ouyahia donne un aperçu de l’extrême confusion qui règne en haut lieu sur la stratégie de sortie de crise.

Est-il étonnant de découvrir avec une certaine inquiétude que le pétrole, une malédiction pour les Algériens, est toujours d’actualité au sein de ce gouvernement pour avoir la main sur l’avenir immédiat, et jouant une drôle de partie de poker en misant sur une reprise des cours ? Ou, à défaut augmenter les expéditions d’hydrocarbures en allant fracturer la roche avec force utilisation d’une eau précieuse dans un pays à stress hydrique, pour engranger des recettes supplémentaires afin de maintenir sous respiration artificielle un pays au bord de l’asphyxie financière ? C’est une image bien préoccupante que renvoie cette stratégie du gouvernement, et Ouyahia l’a bien affirmé, pour qui le pétrole reste et restera le moteur de l’économie nationale. La sortie d’Arzew aura également fixé les uns et les autres que le gouvernement va puiser dans les dernières ressources vitales et non moins non renouvelables du peuple pour baisser la pression financière et prouver que «sa» méthode est la bonne, celle de ne pas recourir aux financements externes pour suppléer à la baisse des recettes pétrolières et, surtout, à des déficits en cascade.

Plutôt que d’aller vers des solutions dures, difficiles, à moyen et long terme, qui appellent une intelligence dans la gestion des potentiels, dont celui des ressources humaines, le gouvernement a choisi le chemin le plus court, celui qui va maintenir le pays dans une quasi-dépendance des marchés extérieurs. Et, surtout, de ne pas chercher les solutions durables qui mettent fin une fois pour toutes à la dépendance du pays aux hydrocarbures en leur substituant une autre alternative, moins gourmande en investissements et plus rentable au final avec une industrie qui arrive à exporter et une agriculture qui fait vivre. Non, apparemment, le scénario de sortie de crise est une chimère et une révision de la loi sur les hydrocarbures va mener le pays encore une fois dans l’impasse, car ni les gaz de schiste ni le pétrole ne pourront jamais résoudre les problèmes bassement financiers d’un pays dont le développement économique doit être libéré, car encore otage de visions étriquées.

Le drame c’est que les solutions sont là, à portée de main, il suffit seulement de vouloir changer les choses. Moins de démagogie, plus de réalisme et, surtout, entamer au plus vite le grand chantier de la démocratie et la bonne gouvernance, passages obligés pour la fin de l’addiction aux solutions imposées, impopulaires, vouées à l’échec.