L’immolation, miroir du malaise social algérien

L’immolation, miroir du malaise social algérien

L’Algérie doit faire face à une multiplication des tentatives d’immolations par le feu

Le cas d’Hamza Rechak, jeune marchand ambulant, qui a tenté de s’immoler par le feu dimanche à Jihel, fait rejaillir la question sur cet acte qui se multiplie dans le pays depuis janvier 2011. Un drame similaire à celui du Tunisien Mouhamed Bouazizi, qui a déclenché la révolution dans son pays

L’Algérie est encore sous le choc. Hamza Rechak, le jeune marchand ambulant de 25 ans, qui a tenté de s’immoler par le feu dimanche, à Jihel, à l’est d’Alger, pour protester contre la démolition de son local de fortune par la police, n’a laissé personne indifférent. L’état de santé du jeune homme qui se trouve au centre des brûlés de Constantine est stationnaire, selon El Watan.

La tentative de suicide du jeune homme, qui vendait des cigarettes et des cosmétiques, a provoqué des scènes d’émeutes de manifestants en colère qui ont pris d’assaut la Wilaya (préfecture), obligeant les forces de l’ordre à se déployer devant plusieurs bâtiments publics. Le siège départemental du Front de libération nationale (FLN) et les bureaux de la société Touring Voyage Algérie (TVA) ont également été incendiés, selon l’Agence de presse algérienne (APS). Ce drame rappelle celui du Tunisien, Mohamed Bouazizi, dont le geste a déclenché la révolution qui a conduit à la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011.

Les immolations par le feu en augmentation

En Algérie les tentatives d’immolations se sont multipliées depuis janvier 2011. La presse en a comptabilisé une dizaine. Une réalité qui révèle le malaise social qui règne dans le pays.

Le 15 janvier 2011, Mohcin Bouterfif, un Algérien de 37 ans sans emploi ni logement et père d’une fillette, s’immole par le feu à Tebessa (près de la frontière tunisienne). Il succombe finalement peu de temps après à ses blessures. Il s’agissait du deuxième décès par immolation enregistré en Algérie depuis la mi-janvier 2011. Peu de temps avant ce drame, Karim Bendim, célibataire souffrant de troubles mentaux, succombe aussi à ses blessures à l’hôpital de Douéra, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger, en tentant de la même façon de mettre fin à ses jours.

« Plus besoin de vivre ! »

Avant ces deux cas, six autres tentatives de suicide par le feu sont enregistrées jusqu’au 12 janvier 2011. Quelques semaines plus tard, le 26 février 2011, un père de famille âgé d’une quarantaine d’années tente aussi de mettre fin à son existence en s’immolant par le feu lors d’un rassemblement des chômeurs devant le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, à Alger. Son mot d’ordre : « Plus besoin de vivre ! »

Même les plus jeunes ne sont pas épargnés par ces drames. En octobre 2011, un lycéen de 19 ans tente de s’immoler à l’intérieur de son ancien établissement à Oran, après avoir échoué au baccalauréat. Selon ses camarades, il a agi dans un moment de désespoir après le rejet de sa demande de recours pour réintégrer le lycée.

Les dirigeants algériens qui se préparent à la tenue des élections législatives d’ici une dizaine de jours vont devoir se pencher sur la question. Ces immolations récurrentes ne sont pas anodines. Elles sont le miroir du malaise social qui perdure en Algérie.