L’avenir énergétique de l’Algérie suscite des inquiétudes. Il est l’objet périodiquement de vives polémiques. La dernière intervention du Premier ministre sur la question ravive la controverse : l’Algérie n’aura pas grand-chose à exporter en 2030 en termes de quantités de pétrole et de gaz, d’où la décision d’opter pour le gaz de schiste, même si son exploitation n’est pas pour aujourd’hui mais à une échéance de 10 à 15 ans.
Pour les uns, cette reconnaissance de l’épuisement des réserves constitue une maladresse en termes de communication institutionnelle. Puisqu’on fait découvrir aux jeunes générations qu’elles seront victimes de la gestion de leurs aînés. En effet, ils vont compter sur de moindres ressources en gaz et de pétrole.
La question est de savoir si le gaz de schiste est incontournable dans le mix énergétique à l’horizon 2030- 2040. Existe-t-il d’autres alternatives ?
Les experts du domaine sont divisés sur la question. Les optimistes considèrent que le gaz de schiste est une carte que l’Algérie devait jouer pour maintenir et consolider son rôle de grand pays gazier sur la scène énergétique internationale. Les appréhensions environnementales et de coût seront levées avec l’évolution des technologies d’exploitation de cette ressource non conventionnelle beaucoup moins polluante et de maîtrise de la chaîne logistique. Les pessimistes disent tout haut que l’exploitation du gaz de schiste risque d’engendrer une catastrophe écologique et qu’elle pose de sérieux problèmes de rentabilité.
La position médiane serait d’encourager l’exploration de gaz de schiste tout en assurant un contrôle efficient de l’activité de manière à éviter les rejets toxiques, la contamination du sol et des nappes phréatiques. Puis à travers cette expérience attendre que les conditions soient plus favorables pour décider d’une exploitation ou non du gaz de schiste.
Nous sommes là dans des problématiques de long terme. A court et moyen termes, l’évolution du secteur des hydrocarbures a de quoi inquiéter. Face à une croissance très importante de la consommation domestique en produits énergétiques, l’Algérie fait face à un sérieux problème de volume. Le plan d’action du Premier ministre Sellal s’avère optimiste.
On s’achemine vers une augmentation de la production de gaz et de pétrole à court et moyen termes. De quoi continuer à assurer le financement du développement du pays. Les observateurs les plus avertis sont plus pessimistes. Ils pointent du doigt les limites de la gestion de l’amont (exploration et production) : fuite des géologues et des foreurs vers des compagnies étrangères, la rareté des superviseurs de forage, un outil national de forage très insuffisant par rapport aux objectifs du plan de développement de Sonatrach.
En un mot, les ressources humaines qualifiées manquent dans des activités stratégiques pour la compagnie pétrolière nationale. D’autres soulignent les lenteurs dans la prise de décision au sein de Sonatrach ou d’Alnaft. Du coup, de nombreux projets de développement de gisements de gaz et de pétrole mettent beaucoup de temps pour être lancés. Cette situation est à l’origine en partie du déclin de la production et des exportations d’hydrocarbures ces dernières années.
Mais alors que la situation du secteur demeure délicate, l’opacité règne dans la gestion des hydrocarbures. On fait toujours l’économie de débats sérieux entre professionnels et pouvoirs publics sur ces sujets, de contrôle citoyen de l’évolution de la branche et du recours à toutes les intelligences du pays pour redynamiser Sonatrach. Cette politique, si elle n’est pas révisée, nous mène droit dans le mur.
R. K.