Nouvelle mise en garde des médecins et cri d’alarme des malades. La décision de la CNAS de limiter d’une manière drastique les bandelettes d’analyse pénalise sérieusement les diabétiques.
Jusqu’ici, les responsables de la sécurité sociale, forts de l’appui du ministère de la Santé, font la sourde oreille aux revendications des diabétologues et des patients.
Le docteur Samir Aouiche, diabétologue au CHU Mustapha-Pacha (Alger), a en effet, appelé hier la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) à déterminer les besoins en bandelettes d’auto-surveillance glycémique au cas par cas.
Dans une déclaration à l’APS, le Dr Aouiche a exprimé son «rejet» de la décision et apporté une précision de taille. «Certains diabétiques insuffisants rénaux sous sulfamide doivent, par exemple, utiliser entre 3 à 4 bandelettes par jour pour mesurer leur taux de glycémie, soit entre 270 et 360 bandelettes par trimestre», a-t-il dit.
Selon lui, la limitation du nombre de bandelettes à 50 par trimestre «ne sert pas» cette catégorie de malades, appelant à consulter des diabétologues pour mettre en place un plan thérapeutique adapté à chaque cas. Le Syndicat national des officines pharmaceutiques, pour qui le nombre déterminé est «insuffisant», appelle à porter ce nombre à deux ou trois boîtes par trimestre. Du côté de la Fédération nationale des associations de diabétiques, cette décision pourrait être très préjudiciable pour les diabétiques. Une seule boîte de bandelettes d’auto-surveillance glycémique par trimestre (2 contrôles par jour) est «insuffisant» pour les diabétiques de type 2 en raison des risques de complications auxquels les patients sont sujets même si le taux de glycémie dans le sang est relativement stable, selon le président de la fédération, Noureddine Boucetta. Il a déploré une décision «unilatérale» adoptée par la CNAS sans consulter les partenaires (médecins spécialistes, associations de diabétiques et pharmacies), estimant que la limitation des bandelettes d’auto-surveillance glycémique devait être décidée par le médecin traitant et non par l’administration de la CNAS, qui a annulé la même décision en 2011. A propos, le directeur général de la sécurité sociale au ministère du Travail et de la Sécurité sociale, Djaoued Bourkaib avait tenté de justifier cette décision par «des abus de consommation de ce produit, disponible en tiers payant, ont été enregistrés». Ces bandelettes «sont à la charge de la sécurité sociale, à raison de 100%», avait rappelé le même responsable.
Quelques jours après, c’est le ministre de la Santé qui monte au créneau. «La décision de limitation des bandelettes d’auto-surveillance glycémique à une seule boîte par trimestre n’a pas été prise par le ministère de la Santé, mais je ne vois absolument pas en quoi cette décision pourrait déranger (…), car elle ne peut aucunement affecter la prise en charge du malade», a déclaré à l’APS M. Boudiaf.
R. N.