Ligue des Champions : Barça 2 – Manchester 0

Ligue des Champions : Barça 2 – Manchester 0

Au terme d’une finale maîtrisée quasiment de bout en bout, le FC Barcelone a conquis mercredi, à Rome, dans la Ville éternelle, la 3e Ligue des Champions de son histoire aux dépens du tenant du titre, Manchester United (2-0). Grâce à ses buteurs Samuel Eto’o, auteur de l’ouverture du score dès la 10e minute de jeu, et Leo Messi, capable du break de la tête après le repos, le Barça conclue une saison d’anthologie en complétant un triplé C1-Championnat-Coupe nationale.

A Rome, le Barça est sacré nouvel empereur du football européen. Trois ans après son sacre du Stade de France, aux dépens d’Arsenal (2-1), le club catalan retrouve l’ivresse des sommets continentaux au prix d’une victoire (2-0) en finale, qui il faut bien le dire, ne souffre aucune contestation tant les hommes de Pep Guardiola auront dominé leur sujet. Un tenant du titre mancunien, qui mercredi n’a pu que reconnaître la domination d’un adversaire au sommet de son art et qui trouve avec ce trophée suprême, décroché pour la troisième fois de son histoire après les couronnements de 1999 et 1992, la juste récompense d’une saison hors normes.

Troisième acte d’un triptyque historique C1 – Championnat – Coupe nationale, inédit pour un club espagnol et si rare à l’échelle européenne (*), ce triomphe romain apporte là la conclusion rêvée à au parcours d’une formation appelée à marquer l’histoire tant par ses résultats que par la qualité incontestable de son jeu, démontrée aux quatre coins du continent tout au long de la saison. Cette philosophie de jeu, héritée de Johan Cruyff et qu’un jeune entraîneur de seulement 38 ans aura magnifié pour marquer de son empreinte sa première saison sur le banc barcelonais. Guardiola déjà vainqueur du trophée en 1992, à Wembley, et garant donc de cette certaine idée du football… Le beau jeu, porté par des artistes du calibre de Samuel Eto’o ou Leo Messi, buteurs et stars au service de la performance de leur équipe, mais aussi la rigueur, illustrée par une défense recomposée mais intraitable face à Ronaldo et les siens.

Eto’o tire le premier

Cette défense catalane, la meilleure de Liga, privée de trois de ses pierres angulaires (Alves et Abidal suspendus, Marquez blessé), qui avant le coup d’envoi de cette finale faisait l’objet de toutes les conjectures. Mais alors que Guardiola a tranché et préféré pour suppléer Abidal côté gauche le Brésilien Sylvinho à Seydou Keita, c’est bien à droite que le bat blesse dans ce début de match côté barcelonais. Carles Puyol et surtout Yaya Touré, reconverti défenseur central, sont en grosses difficultés et Ronaldo, auteur de trois premières occasions notables dès les premières minutes, dont un premier coup-franc relâché par Victor Valdes (2e), pose des problèmes déjà quasiment insolubles à l’arrière-garde blaugrana. Dix minutes à l’avantage des Mancuniens avant que Samuel Eto’o, sur l’un de ses tous premiers ballons, offert par Andres Iniesta, n’efface Vidic d’un premier extérieur, puis d’un second ne trompe Edwin Van der Sar avant que le tacle de Michael Carrick ne le découpe (1-0, 10e).

Comme en 2006, au Stade de France, face à Arsenal, Eto’o, auteur de son sixième but européen de la saison, est décisif en finale ! Le coup est rude pour une équipe de Manchester United bien mal récompensée de son entame. Ronaldo, parti pour un récital, est coupé dans son élan. Mais le Portugais, s’il peut regretter d’avoir abandonné un coup-franc infructueux à Ryan Giggs (17e), ne laisse personne, après que Valdes est intervenu avec à propos devant Ji Sun Park, revenir menacer le gardien barcelonais d’une frappe des 25 mètres, une nouvelle fois non cadrée (20e). Le duel avec Leo Messi penche clairement à l’avantage de Ronaldo, même si l’Argentin s’est signalé une minute plus tôt d’une frappe lointaine, qui là aussi n’avait pas trouvé le cadre (19e). Mais alors que le pressing haut des Catalans commence à produire ses effets, le milieu de terrain de MU, Carrick-Anderson-Giggs, supporte de plus en plus mal la comparaison avec son homologue espagnol… La défense, réputée tout risque de Manchester, donne elle aussi, par Vidic, de toute évidence marqué par son implication sur le but, des signes de faiblesse. Un coup-franc enveloppé de Xavi, qui vient flirter avec la lucarne de Van der Sar (27e), et un dernier raid fulgurant de Messi, qui dépose O’Shea côté gauche et oblige d’un centre Van der Sar à un intervention en deux temps (45e), indiquent le sens de cette première période: en faveur du Barça à la pause !

Un premier acte au terme duquel Sir Alex Ferguson ne peut que réagir. L’entraîneur mancunien lance son joker argentin, Carlos Tevez, et fait évoluer son système d’un 4-3-3 à un 4-4-2 label Premier League, où Rooney glisse à droite et Park à gauche. Les effets sont non seulement inexistants à la reprise, mais Thierry Henry, titulaire à gauche mercredi et invisible jusqu’à présent, s’offre la balle du break. Le Français efface Ferdinand d’un crochet et bute sur Van der Sar, décisif (49e).

Messi, une tête pour l’éternité

C’est la base du poteau, qui sauve le Batave sur ce coup-franc d’un Xavi plus diabolique que jamais (53e). Manchester est au bord du KO, mais est à deux doigts de revenir au score sur ce centre de Rooney que Touré déchire totalement sans que Park, à l’affût, ne puisse reprendre de la tête (55e). Alors que le Barça brille par sa qualité technique, Carrick délivre une balle de but dans le dos de la défense adverse, trop appuyée à destination de Rooney, qui ne peut redresser l’offrande (61e). Alors Ferguson tente un nouveau pari tactique. Après que Henry a alerté d’une frappe à ras de terre au premier poteau un Van der Sar toujours attentif (65e), le technicien ajoute Dimitar Berbatov à son arsenal offensif (66e).

Mais là encore, le pari ne paye pas et c’est au contraire le Barça qui double la mise. Une mauvaise relance de Patrice Evra profite à Xavi, dont le centre parfaitement ourlé trouve au second poteau… la tête de Leo Messi, qui d’une détente sèche superbe s’élève dans la nuit romaine pour tromper Van der Sar et son 1,97 mètre, lobés sur cette neuvième réalisation du plus que probable futur Ballon d’Or (2-0, 71e). MU est KO debout, mais sur la remise en jeu, le centre de Berbatov venu de la droite parvient jusqu’à Ronaldo, sur lequel Valdès se jette parfaitement pour contrer le Portugais (72e). Cette finale appartient aux Catalans et le dernier quart d’heure n’est qu’une succession d’opportunités offertes aux Blaugrana d’aggraver la marque comme sur cette tête de Puyol, sur un nouveau coup-franc de Xavi (75e), puis sur une frappe d’Iniesta (80e) et enfin sur cette incursion de Puyol dans la surface côté droit (85e). A chaque fois, Van der Sar s’interpose, mais MU ne peut qu’admettre la supériorité de son adversaire. Le trophée quitte le Nord de l’Angleterre pour la Catalogne et, au regard de cette saison comme de cette finale, ce n’est que justice.

(*) Le FC Barcelone devient le cinquième club de l’histoire à réussir la même année le triplé C1-Championnat – Coupe nationale. Les Ecossais du Celtic Glasgow (1967), les Néerlandais de l’Ajax Amsterdam (1972) et du PSV Eindhoven (1988)… et Manchester United (1999) avaient déjà réussi pareil exploit.