Les pays arabes sont libres de fournir un soutien militaire aux rebelles syriens s’ils le souhaitent, indique la Ligue arabe dans un communiqué publié mercredi à l’issue d’une réunion ministérielle de l’organisation au Caire. L’Algérie a refusé d’avaliser les termes du communiqué traitant de la Syrie.
Mourad Medelci.
La Ligue insistait jusqu’à présent sur la nécessité d’aider les opposants au président Bachar Al Assad uniquement par les voies humanitaires ou diplomatiques. Mais les lignes commencent à bouger, notamment avec la reprise du dossier syrien par les Etats-Unis. Dans le communiqué, les ministres « insistent sur le droit pour chaque Etat selon ses voeux d’offrir tous types d’auto-défense, y compris militaire, pour soutenir la résistance du peuple syrien et de l’Armée libre (syrienne). » Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El Araby a aussi annoncé lors d’une conférence de presse que la Coalition nationale syrienne (CNS), qui regroupe les différents courants de l’opposition, allait être invitée à occuper le poste de la Syrie resté vacant au sein de la Ligue.
La CNS devra choisir son représentant avant la prochaine réunion de la Ligue arabe prévue les 26 et 27 mars à Doha. Les 22 membres de la Ligue arabe ont suspendu la Syrie en 2011, après que le régime de Bachar Al-Assad eut omis de se plier à un plan de paix arabe visant à mettre fin au conflit.
Le Liban, l’Algérie et l’Irak ont cependant refusé de signer les sections du communiqué final ayant trait à la Syrie. Contrairement à l’Irak et le Liban dont les gouvernements sont à dominante chiite, l’Algérie, par cette position, se cramponne à sa doctrine de non ingérence, mais au-delà soutient un pouvoir qui est en train de détruire les villes à coups de bombardements. Le tout pour le maintien à tout prix au pouvoir d’un président-tyran. Clairement l’Algérie ne veut pas entendre parler d’un soutien militaire à l’opposition. Comme au demeurant, ce fut le cas pour l’opposition libyenne que notre pays avait été l’un des derniers pays à reconnaître.
La Syrie a été suspendue de la Ligue arabe en novembre 2011 en raison de la répression du soulèvement, initialement pacifique, né huit mois auparavant contre le régime de Bachar al Assad. Les manifestations qui étaient au début pacifiques se sont transformées, devant la répression sanglante du régime, en une guerre civile, qui a coûté la vie à au moins 70.000 personnes.
La CNS avait officiellement demandé à représenter la Syrie au sein de la Ligue arabe mais l’Irak, l’Algérie et le Liban s’y opposaient. « Les discussions sur l’attribution du siège syrien à l’opposition se déroulent en ce moment et il y a des pays qui sont pour et d’autres contre », a expliqué un diplomate ayant requis l’anonymat. Le ministre libanais des Affaires étrangères a ainsi demandé lors de la réunion que la Syrie retrouve son statut d’Etat membre à part entière. « La communication avec la Syrie (…) est essentielle pour trouver une solution politique », a dit Adnan Mansour, un chiite, au cours de la réunion de la Ligue arabe. Il a par la suite déclaré à Reuters que le siège syrien ne devait en tout cas pas revenir à l’opposition. « La Syrie est un Etat et un gouvernement et l’idée qu’un Etat puisse être remplacé par un groupe d’opposants est très dangereuse », a-t-il dit.
Le gouvernement libanais est dominé par une coalition incluant le mouvement chiite Hezbollah, proche du régime de Bachar Al Assad. Ce pays longtemps a été occupé par le voisin syrien. Le Premier ministre libanais Najib Mikati, qui souhaite éviter un effet de contagion du conflit syrien au Liban, a par avance indiqué qu’il respecterait la décision de la Ligue arabe sur cette question, quelle qu’elle soit.
Le Qatar, qui avait mené la campagne pour la suspension de la Syrie au sein de la Ligue arabe, est demeuré pour sa part inflexible. Il veut la peau du président. « Bachar est la personne qui a provoqué un bain de sang parce qu’il n’a pas respecté les décisions arabes et n’a pas coopéré avec nous », a commenté le Premier ministre qatari, Hamad bin Djassim bin Djabr al Thani.
Pendant ce temps, la situation des Syriens s’aggrave dramatiquement chaque jour. Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, a expliqué dans un communiqué publié depuis Genève que le chiffre de 1 million de réfugiés provient des informations fournies par les bureaux de son agence qui viennent en aide aux réfugiés dans les pays limitrophes de la Syrie. Deux millions de personnes auraient aussi été déplacées à l’intérieur du territoire syrien, et la guerre civile aurait fait au moins 70 000 morts.
Yacine K./Agences