Le remaniement ministériel, opéré jeudi par le chef de l’État, était certes attendu mais, contrairement aux 17 autres effectués depuis 1999, il n’a pas été précédé de “fuites” annonciatrices de son imminence.
Le président de la République a procédé jeudi à un remaniement ministériel qui relève plus de l’équation arithmétique que de la projection politique. Il est fort à parier que la décision présidentielle, qui n’a pas été fuitée longtemps à l’avance cette fois-ci, a été hâtée et doit, en cela, beaucoup à la contingence politique, laquelle a dicté le moment de sa survenue. Le remaniement a consacré une nouveauté, à savoir la nomination d’un directeur de cabinet du Premier ministre, du rang de ministre, en la personne de Mustapha Karim Rehiel. Une sorte de second pour Sellal qui, depuis plusieurs mois, est partagé entre coordonner l’action de l’Exécutif et s’acquitter, à chaque fois que de besoins, de charges et missions que lui confie le chef de l’État.
En même temps que le renforcement du cabinet du Premier ministre, il est à relever la promotion d’Abdelkader Messahel au rang de ministre chargé des Affaires maghrébines, africaines et de la Coopération internationale, de même que la reconduction de Ramtane Lamamra dans sa fonction de ministre des Affaires étrangères, pourrait occasionner un chevauchement dans les prérogatives de l’un et de l’autre. D’aucuns se demandent déjà si cette promotion ne cache pas une volonté de réduire l’envergure prise par la notoriété de Lamamra. L’avenir nous édifiera. D’ailleurs, dans le nouveau gouvernement, plus aucun ministère n’est élevé au rang de ministre d’État, pas même le ministre de l’Intérieur, confié à Nourredine Bedoui. Les deux seuls ministres d’État sont donc Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la présidence de la République et Tayeb Belaïz, nommé conseiller de Bouteflika. Et si l’on excepte cette nomination de Belaïz à d’autres fonctions, qui procéderait, elle, d’autres motifs, les huit ministres débarqués se recrutent soit parmi les membres du gouvernement qui ont peiné, voire carrément manqué de maîtriser leur secteur, soit parmi ceux dont les noms commençaient par être trop cités dans des affaires de corruption. C’est assurément une insuffisance de résultat ou encore un manque d’agressivité dans les rapports à l’actualité politico-médiatique qui ont valu leurs postes à des ministres comme Youcef Yousfi, Mohamed Tahmi, Dalila Boudjemaâ, Nouria Yamina Zerhouni, Zohra Derdouri ou encore Mohamed Djellab, respectivement ex-ministres de l’Énergie, des Sports, de l’Environnement, du Tourisme, des TIC et des Finances. Ce cas d’espèce est illustré parfaitement par l’incapacité éprouvée par les ministres de l’Énergie et des Sports à gérer au mieux, pour l’un, le dossier du gaz de schiste et les pénuries de carburant et, pour l’autre, le dossier de la CAN-2017. En revanche, tout laisse supposer que ce sont les déballages médiatiques qui ont causé l’infortune politique des ministres de la Culture et des Ressources en eau, en l’occurrence Nadia Labidi et Hocine Necib. Ayant été dans le collimateur de Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, qui a sonné de fortes charges contre elle, la ministre de la Culture s’est résolue à se plaindre auprès de la justice, créant, du coup, un antécédent qui ne serait pas forcément apprécié en haut-lieu. Nadia Labidi aurait été mal conseillée et a fait le choix fatal pour sa carrière politique. Le ministre des Ressources en eau, qui était presque parvenu à se forger l’image d’un ministre qui a vite assimilé son métier, est rattrapé par une vague histoire de concession agricole dont a bénéficié son frère dans la wilaya de Khenchela. Il faut dire que les ministres ainsi renvoyés, dont l’essai n’a pas été concluant, ont été les maillons faibles du gouvernement. Les nouveaux arrivés dans l’équipe d’Abdelmalek Sellal n’affichent pas de profils qui pourraient renseigner sur une éventuelle lettre de mission pour le gouvernement. D’ailleurs, le secrétaire général du FLN a raison de souligner la qualité transitoire de l’Exécutif ainsi remanié. Un FLN qui n’aura, donc, pas obtenu sa majorité dans le gouvernement, même s’il est, tout de même, parvenu à promouvoir son chef de groupe parlementaire, Tahar Khaoua, au rang de ministre chargé des Relations avec le Parlement. Le RND n’a pas à se sentir désavantagé, puisqu’il est fait appel, de nouveau, à Azeddine Mihoubi, qui succède à Nadia Labidi. Cela étant, le remaniement ministériel s’est accompagné, il est utile de le souligner, par une légère restructuration en matière de départements. Un choix qui semble être dicté par l’austérité budgétaire, objet, auparavant, d’un Conseil interministériel et d’une longue instruction d’Abdelmalek Sellal. Pour réduire la dépense publique, donc, les ministères de la Jeunesse et des Sports, séparés dans le gouvernement sortant, sont regroupés au sein d’un seul et même département, chapeauté par Abdelkader Khomri. Le ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire a connu un sort similaire. Il a disparu et ses départements sont rattachés l’un au ministère du Tourisme et l’autre au ministère de l’Hydraulique.
S. A. I.