Des travaux pour agrandir l’espace autour de la Kaâba
Les 270.000 ouvriers se relaient 24h/24h et connaissent de gros problèmes eu égard au sol rocailleux et à l’exiguïté des lieux.
Les travaux d’élargissement du Haram Mekka, autour de la Kaâba risquent de durer et d’affecter sérieusement la saison du Hadj de cette année. Malgré les gros moyens, les entreprises du groupe Benladin Saudi Groupe et l’entreprise égyptienne Contractors Engennering qui font travailler selon une information recueillie sur place plus de 270.000 ouvriers qui se relaient 24h/24h, connaissent de gros problèmes eu égard au sol rocailleux et à l’exiguïté des lieux. Ces travaux décidés pour agrandir l’espace autour de la Kaâba ont touché un ensemble de commerces, d’hôtels situés autour de la grande mosquée. En réalisant les grandes tours El Abradj dont l’une reste une copie conforme de Big Ben de Londres, les concepteurs ont porté un sérieux coup à la sacralité des lieux. Les pèlerins sont plus attirés par l’architecture et les fastes qu’offrent les intérieurs réservés aux VIP, dans ces palaces luxueux que par la bâtisse sacrée érigée par le prophète Ibrahim (Qsssl). Ces tours sont trop proches de la mosquée d’El Haram.
Le souverain saoudien a trouvé l’astuce à cette erreur de proximité en affectant ces buildings modernes à La Mecque comme un bien waqf. S’agissant toujours de l’influence des rois et émirs du Royaume wahhabite, nous avons remarqué un phénomène répétitif. A l’approche des diverses prières, les policiers réglementent les accès en dirigeant les pèlerins. Quand l’une des entrées est fermée, elle ne l’est pas aux Saoudiens, remarquables à leurs habits dorés, aux portables grandes gammes, aux bagues dorées et autres signes ostentatoires de richesse. Des lieux sont réservés par ces policiers aux nantis. Des ouvriers venus en partie de pays d’Asie, tels que les Bengalis, les Afghans et les Pakistanais…s’occupent des travaux de nettoyage moyennant 500 rials mensuellement (100 euros). A chaque appel à la prière, ces damnés de la Terre Sainte, font la manche sur les accotements de la route quand les Saoudiens pavanent dans de luxueuses voitures japonaises ou américaines. Pendant 15 jours nous avons vu à peine une Dacia et une Peugeot. Les écarts sociaux sont immenses. La Mecque est scindée en deux parties distinctes. La partie visitée par les pèlerins est moderne et n’a rien à envier aux capitales mondiales alors que derrière les immenses hôtels crèchent les moins lotis dans des bâtisses en ruine, sans grandes commodités.
Ces quartiers abritent aussi la main-d’oeuvre asiatique et les pèlerins venus des pays pauvres comme le Bengladesh, le Pakistan… et aussi d’Egypte. Cette situation existe dans la Ville Sainte mais aussi à Médine, l’autre escale obligatoire des visiteurs. La défiguration touche aussi d’autres lieux cultes comme Ouhoud, Arafa, la mosquée Kouba… ces lieux sont envahis par des commerçants qui ont fini par créer de vrais marchés autour de ces sites sacrés. Ce séjour nous a permis aussi de découvrir l’hospitalité, la gentillesse des gens d’El Madina, la ville où s’est réfugié Mohammed (Qsssl). La ville est paisible, accueillante, tranquille. Les grands hôtels côtoient des anciennes maisons. Tout autour du centre, plus précisément autour de la grande mosquée du Prophète (Qsssl) et à plusieurs kilomètres à la ronde, la ville s’étend associant le modernisme dans toute sa diversité au traditionnel qui se fait de plus en plus rare.
L’apport financier des pèlerinages influe sur l’urbanisme qui avantage la réalisation d’hôtels de plus en plus grands. Les habitants de La Mecque descendants directs des Koreichites», sont moins accueillants. Leur regard et leur vocable sont agressifs. «Même le prophète Mohammed (Qsssl) n’a pas été épargné» commente un docteur rencontré sur place. Lors des rites de la Omra, nous avons remarqué une organisation sans faille chez les Malaisiens, les Indonésiens, la surveillance continuelle des Iraniens par les patrouilles de police, la solidarité entre Turcs et l’anarchie chez les Algériens. Se déplaçant toujours en groupe, les Iraniens sont étroitement épiés par les policiers qui restent toujours à proximité. Les Turcs pour leur part restent toujours en rangs serrés lors des prières ne laissant point de place à quiconque au milieu de leurs rangs.
Les Malaisiens, Indonésiens… sont plus ouverts. Souriants à tout moment, ils font des signes de la tête dès que vous les regardez. On nous informera que dans ces pays, la venue aux Lieux Saints de l’Islam est conditionnée par une formation de deux années où la personne apprend ce qu’elle doit faire lors du pèlerinage ou de la Omra.
Au milieu de ces diverses organisations, les Algériens, eux, sont reconnaissables et se distinguent. Un policier chargé de la surveillance de la sortie de Bab Essalem à la mosquée du Prophète (Qsssl) à El Madina nous confiera: «Vous les Algériens vous avez le sang chaud, le coeur blanc et vous êtes de vrais musulmans.» La cause de ce jugement serait dû à un fait qui aurait marqué les esprits quand un Algérien aurait asséné un coup de tête à un Iranien (chiite) qui avait craché sur la tombe de Abou Bakr. De retour au pays nous avons aussi assisté à une scène désolante.
Les policiers en charge des contrôles à l’aéroport de Djeddah ont tout au long des opérations, exprimé un mépris sans égal pour les Algériens et Algériennes. Alors que les Iraniens, les Turcs bénéficiaient de quatre guichets de vérification, les 500 Algériens ont été entassés dans un seul guichet en face d’un policier qui ironisait dans un dialecte incompréhensible. Même scène au passage devant le scanner où on demandait aux Algériens d’ôter les lunettes, les ceintures en plus d’une fouille corporelle osée. Nos représentations diplomatiques se doivent de prendre des mesures en prévision de la campagne du Hadj pour éviter aux futurs pèlerins des scènes d’humiliation.