Les banques ont reçu instruction par téléphone de ne pas appliquer la décision du ministère du Commerce.
Contrairement a ce qui a été annoncé par la presse, “le gouvernement n’a pas encore décidé la liste des produits objets des licences d’importation pour l’année 2017. Pour une raison simple, les décideurs sont divisés : les uns sont en faveur d’une liste élargie à un grand nombre de produits de large consommation telle que déclinée par le ministre du Commerce par intérim, les autres pour une liste restreinte probablement de cinq produits incluant automobile, rond à béton et banane”, confie une source sûre proche des circuits du commerce extérieur
Cela veut dire tout simplement que le ministre du Commerce, Abdelmadjid Tebboune, a été recadré.
Sa grande liste de produits de large consommation soumise à licence d’importation semble pour l’instant rejetée en raison de ses difficultés d’application. Mais aussi parce qu’elle risque de toucher à des intérêts de certains lobbies de l’importation.
D’autant que le premier responsable du commerce avait déclaré qu’il allait saisir l’utilisation du système des licences d’importation pour rationaliser et assainir le commerce extérieur. Autre indice de ce désaveu, mais surtout du grand cafouillage en matière de licences d’importation, s’avère l’avis du ministère du Commerce sur la fermeture des domiciliations pour cette liste élargie de produits en attendant la délivrance des licences d’importation.
En effet, “les banques ont reçu instruction par téléphone d’en haut de ne pas appliquer l’avis du ministère du Commerce selon lequel les domiciliations doivent être bloquées pour les produits destinés à la revente en l’état, à l’exception des intrants, des produits de première nécessité : sucre, huile, thé, légumes secs, et les produits subventionnés : lait, céréales”, a confié la même source.
Du coup, les domiciliations sont toujours ouvertes pour les produits destinés à la revente en l’état. Mais en raison de ce grand cafouillage en matière de licences d’importation et les hésitations des décideurs à lister ces produits objets de licences d’importation et à déterminer les quotas y afférents, des opérateurs commencent à surstocker.
Au lieu de domicilier des opérations d’importation pour 100 000 dollars, ils domicilient pour 1 million de dollars. Cette surchauffe de la demande risque de provoquer une flambée des prix à l’international et donc de renchérir les importations. C’est là l’un des effets pervers des licences d’importation.
De telles tergiversations risquent de conduire outre à la pénurie de produits, comme l’automobile aujourd’hui, à la mise sur le marché des biens de consommation courante plus chers.